dimanche 3 novembre 2013

Viens chez moi, j’habite chez mon patron

Un 50 mètres carrés pour 200 euros par mois sur la Côte d'Azur ? Pour les salariés de la bastide Saint-Antoine, un Relais & Châteaux étoilé au Michelin installé à Grasse (Alpes-Maritimes), c'est possible.
Leur patron, Jacques Chibois, a acheté un immeuble de douze studios situé près de son établissement, afin d'y loger ses recrues. « Dans une région à forte valeur ajoutée du point de vue immobilier, c'est impossible pour un jeune de se loger. Si je ne fais pas du social, je n'aurai jamais un personnel de qualité », explique-t-il, visiblement satisfait de son initiative : il a acquis une autre maison où il pourra aménager dix logements supplémentaires.
Pour aider des salariés qui ont toujours plus de difficultés à se loger, certaines entreprises n'hésitent plus à mettre la main à la poche. C'est un vaste chantier. L'Insee souligne régulièrement l'ampleur de la crise du logement en France, notamment dans certaines régions.

Recompositions familiales

Le prix de l'habitat et la structure du parc parisien, majoritairement composé de petits logements, sont aggravés par l'importance des recompositions familiales dans la capitale. « Les régions les plus touchées sont l'Ile-de-France, la région autour de Lyon et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, où les loyers sont les plus élevés », explique Patrick Chappey, fondateur du site Gererseul, une plate-forme d'aide à la gestion locative.
Les conséquences économiques pour les entreprises sont importantes : difficultés à recruter, turnover, stress et retards des salariés en raison de l'allongement de la durée des trajets. Sans oublier la mobilité. « Il est quasiment impossible de faire venir des cadres confirmés à Paris. A partir de 35 ans, les travailleurs s'en vont ailleurs, où ils trouvent de meilleures conditions », souligne Michel Clair, auteur d'un rapport sur le logement des salariés d'Ile-de-France pour la chambre de commerce et d'industrie de Paris.
Les entreprises aux politiques de salaires relativement modérés et avec des implantations sur tout le territoire consacrent beaucoup de temps et d'énergie à trouver des logements. Ainsi, La Poste a investi, entre 2011 et 2013, 20 millions d'euros pour loger ses salariés.
C'est au-delà des obligations légales prévues par Action Logement, une participation obligatoire pour des sociétés de plus de vingt employés afin de financer la construction de logements sociaux et développer l'accès à la propriété par le biais de prêts aux salariés des entreprises cotisantes.

2800 familles de postiers logées chaque année

« Nous essayons d'agir en complément des mesures d'Action Logement – qui portent sur la mobilité, le dépôt de garantie à la location, ou encore les prêts à l'accession. A ces dispositifs, nous ajoutons nos propres solutions : aides financières pour les débutants et les postiers les plus fragiles, encouragement à la location dans le parc privé, développement de l'accès à la propriété par l'entremise de La Banque postale, qui accorde des réductions de taux sur le prêt principal », détaille Pascale Martinuzzi.
La directrice du service logement du groupe se dit satisfaite des services fournis par Action Logement. Sur 2 800 familles de postiers logées chaque année, plus de la moitié le sont avec ce dispositif.
Mais les avis ne sont pas toujours aussi favorables. François Lebeau gère une entreprise de pâtisserie implantée à Stains (Seine-Saint-Denis). Pour loger ses 70 salariés, il doit souvent les aider dans la rédaction de leurs dossiers, solliciter son comité interprofessionnel de logement (CIL) pour que les demandes soient traitées plus rapidement ou même appuyer celles-ci auprès de la mairie.

Solitude des petites sociétés

Sans parler de la caution : « Pour se loger, mes employés ont besoin de 1 000 euros du jour au lendemain. S'ils attendent pendant des mois la réponse du CIL, ils n'auront jamais le logement ! » Il leur avance donc l'argent. « J'ai besoin d'un personnel stable. Je ne peux pas former mes employés pendant trois ans pour qu'ils quittent ensuite l'entreprise. » Il considère que les CIL délaissent les plus petites structures. « On a l'impression de les ennuyer lorsqu'on les appelle. C'est d'autant

Le Monde.fr


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire