jeudi 11 septembre 2014

Relance de l’Industrie : “Un problème de temps…”

L’économie algérienne a besoin d’entreprises performantes. Le retard pris dans ce domaine est considérable et les politiques économiques actuellement en œuvre restent largement en deçà du défi.
Le ministre de l’Industrie et des Mines projette une image d’un ministre engagé dans une course contre la montre pour relancer l’industrie nationale et préparer l’entreprise algérienne au choc programmé de 2020. “L’Algérie a un problème avec le temps. Nous avons engagé une course contre la montre et nous sommes condamnés à la gagner”, a insisté Abdessalem Bouchouareb, lors de sa visite de travail, avant-hier, à Boumerdès. “Nous sommes à un quinquennat déterminant pour l’avenir de notre pays. Nous devons saisir cette opportunité pour aller vers une politique de repeuplement industrielle dans les secteurs qui se sont effondrés et renforcer ceux qui existent”, a-t-il précisé. “Si on ne gagne pas cette course contre la montre, il ne faudrait plus compter sur l’industrie”, a-t-il averti. Le ministre de l’Industrie a certainement raison de s’inquiéter, et l’on se demande même si cette inquiétude n’arrive pas un peu trop tard. Dans six ans, la zone de libre-échange avec l’Union européenne entrera en vigueur. Il faudrait que d’ici à là, des groupes performants, des champions, soient mis en place pour faire face à la concurrence. Des entreprises compétitives qui récupèrent leurs parts de marchés intérieurs et qui engagent la bataille de la conquête de débouchés extérieurs. Le président de la République, comme l’a rappelé Emmanuel Noubissié Ngankam, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, “est le premier à appeler les réformes de tous ses vœux”. Ce fut le cas encore le 7 mai dernier, lors du premier Conseil des ministres du nouveau quinquennat. Il a déclaré que “les pouvoirs publics devront livrer une véritable course contre le temps dans la mise en place des réponses aux attentes de la population notamment la jeunesse, et dans la construction d’une économie diversifiée et compétitive…”. Il a rappelé aussi que le Premier ministre dans son instruction 258 du 7 août 2013 a pratiquement instruit tout le gouvernement d’alors sur “la relance de l’investissement et l’amélioration immédiate de l’environnement de l’entreprise et de l’investisseur”, résonne encore comme une charge contre l’inertie et l’immobilisme. Le professeur Abdelhak Lamiri a évoqué “la décennie de la dernière chance” pour l’Algérie, au risque de voir le scénario de la déchéance se produire.  Le think tank Nabni compare l’Algérie au “Titanic” et prédit son naufrage prochain si les dirigeants ne changent pas de cap. Une économie dont 98% des exportations, près de 70% des recettes publiques, 37% du PIB et 2% (seulement) des emplois dépendent des
hydrocarbures est une économie dont la vulnérabilité est patente. Une économie, qui consacre un peu plus de 30% de son PIB aux dépenses sociales budgétisées et aux subventions indirectes et entretient en même temps un taux de chômage des jeunes d’environ 25%, est une économie à risque qui ne peut et ne doit différer les réformes qui s’imposent. Les performances de l’économie algérienne restent en deçà de ses potentialités : la croissance est molle ; le climat des affaires n’est pas favorable ; les entreprises nationales continuent de perdre des parts de marché ; les importations explosent ; le climat des affaires décourage l’investissement ; la gestion du chômage fait office de politique de l’emploi. Un des paradoxes de la relance économique algérienne est que le multiplicateur joue à l’extérieur (ce que traduit l’explosion des importations) au moment même où des capacités de production oisives sont disponibles dans le pays. L’économie algérienne a besoin d’entreprises performantes. Le retard pris dans ce domaine est considérable et les politiques économiques actuellement en œuvre restent largement en deçà du défi de création rapide des champions. Les ressources existent, les entrepreneurs le désirent. Mais la question reste posée : un gouvernement qui a échoué dans la construction d’une économie compétitive en 15 ans peut-il la faire en cinq ans ? 
Liberté

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