mardi 13 janvier 2015

Marche historique dans la capitale française Le Paris du front mondial


Mobilisation sans précédent hier à Paris. En plus de l’engouement populaire qu’a connu la marche républicaine pour dénoncer le terrorisme, la capitale française a vu défiler les dirigeants d’une cinquantaine de pays. Au-delà de la forte symbolique, assiste-t-on à la formation d’un front mondial contre le fléau ? Dans la journée, les ministres européens de l’Intérieur ont décidé une série de mesures pour renforcer la sécurité dans le vieux continent.

De l’émotion, d’abord. Paris a vu défiler des personnes non habituées à descendre dans la rue. Les partis politiques ont laissé place aux citoyens. Pour la première fois, le ministère de l’Intérieur a renoncé à compter le nombre des manifestants. Un million, deux millions ? Paris, capitale du monde de la liberté d’expression.
De nombreux chefs d’Etat ou ministres étrangers (44) ont fait le déplacement, dont le ministre algérien des Affaires étrangères. Et certains d’entre eux ne sont pas connus pour être des chantres de la démocratie, plutôt des prédateurs de la liberté. Plus d’un million de personnes ont marché de la place de la République à celle de la Nation, en empruntant des parcours différents. De la dignité, de la solidarité et une communion très rare. Peu de slogans, pas de prises de parole, la foule était dense, sans haine. La marche républicaine est sans précédent, plus nombreuse qu’à la libération en 1944.
La tuerie de Charlie Hebdo a été un électrochoc pour la société française. Les tentatives de récupération des derniers événements qui ont fait 17 victimes au total ont échoué. Les manifestants se sont détournés des slogans politiques pour appeler au vivre-ensemble. La marche était également inédite par sa dimension planétaire et cette image de dirigeants et responsables étrangers, dont certains sont en conflit – Israël-Palestine, Ukraine-Russie... – serrés les uns contre les autres et défilant sur quelques centaines de mètres.
François Hollande entouré du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, et de la chancelière allemande, Angela Merkel, le président palestinien, Mahmoud Abbas, à quelques mètres du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le Britannique David Cameron, le roi de Jordanie, ont été applaudis par la foule à leur arrivée à la marche et ont observé une minute de silence. Après avoir fait environ 300 mètres d’un parcours qui compte au total 3,5 km.
Tard le soir, les centaines de milliers de personnes sont encore dans la rue, comme pour dépasser les peurs et faire vivre un sentiment collectif  : «Nous sommes tous Charlie». Il n’y a pas eu de marche, mais un grand rassemblement depuis le point de départ à celui de l’arrivée.  Les Français de culture ou de confession musulmane ont dû se rassurer en voyant les différents cortèges.
Aucun mot ni slogan islamophobe. Bien au contraire, les messages de paix étaient légion : «Je suis Charlie, je suis Ahmed (du nom du policier abattu alors qu’il gisait à terre, ndlr)». Le refus d’amalgame a été porté par les manifestants. Après l’émotion, la raison. La grande marée a prouvé que la France est républicaine, antiraciste.
Qu’adviendra-t-il demain ? Pour de nombreux manifestants, les tenants de la haine n’étaient présents à la marche. Les manifestations dans la France entière contre le terrorisme ont réuni hier plus de 2,5 millions de personnes, selon des chiffres fournis par les autorités françaises et les organisateurs, selon une compilation faite par l’AFP. A Paris, l’un des organisateurs de cette marche historique a évoqué jusqu’à 1,5 million de manifestants, tandis que le ministère de l’Intérieur a cité une mobilisation «sans précédent», mais impossible à chiffrer. En province, les multiples rassemblements et défilés ont réuni plus d’un million de personnes.
EL WATAN

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