mercredi 27 février 2013

L’entrepreneuriat féminin dans le monde arabe Timide percée dans certains pays et grand recul dans d’autres


Ouverts hier à Alger, les travaux du 4e congrès de l’Organisation de la femme arabe (OFA) se déroulent sous le thème de l’entrepreneuriat féminin dans le Monde arabe, une région où la situation des droits des femmes est peu reluisante. A entendre les participantes, cette réalité a été malheureusement occultée. Seules les représentantes de la Tunisie et de l’Egypte ont fait référence au recul des droits des femmes dans
leur pays…      

Profitant de la tenue du 4e congrès de l’Organisation de la femme arabe (OFA), à Alger, le président de la République, par la voix de son conseiller, Mohamed Ali Boughazi, a adressé un message aux nombreux invités de cette organisation, créée en 2006, qui compte 16 pays arabes dont l’Algérie. Le Président présente l’entrepreneuriat féminin, thème de la rencontre, comme «une réalité à prendre en considération dans le processus de construction économique en faisant en sorte que la femme puisse assumer d’autres rôles dans la vie nationale et arabe qui seraient empreints d’efficacité et de créativité». Organisé par le ministère de la Solidarité et de la Condition féminine, ce congrès, ajoute Bouteflika, «vient couronner un combat de plusieurs décennies où il n’a pas été facile pour les femmes arabes, dans des sociétés quasiment fermées, de se frayer un chemin pour pouvoir s’imposer dans la réalité socioéconomique (…).
La femme arabe franchit aujourd’hui une étape majeure hautement significative (…), car après avoir fait ses preuves dans les domaines économique et technologique, elle a investi tous les secteurs et réalisé des acquis sociopolitiques. Nous pouvons aujourd’hui attester de la capacité de la femme arabe à transcender les difficultés et autres entraves rencontrées grâce à sa volonté et à sa persévérance». Il rappelle que le rapport sur le développement humain arabe pour l’année 2009 avait révélé un taux de 27,6% en matière de participation des femmes dans l’activité économique dans le Monde arabe, alors qu’en 2005, un autre rapport «dressait un tableau sombre de la situation économique de la femme dans la région (…)». Il indique que l’Algérie «a réuni tous les moyens et pris toutes les dispositions pour parachever le processus de promotion de la femme afin de lui permettre d’occuper la place qui lui sied tant au plan politique qu’économique.
Les lois ont, de ce fait, donné leurs fruits qui se sont traduits par l’augmentation de la participation de la femme à la vie politique avec 31,81% à l’APN, lors des dernières élections législatives de mai 2012. Les programmes et mécanismes mis au point par l’Etat pour faciliter l’accession de la femme à l’entrepreneuriat et l’encourager au travail, à la production et à l’investissement dans tous les secteurs ont donné des résultats plus que remarquables au regard du nombre de femmes entrepreneurs, industrielles et innovatrices dans tous les domaines productifs et avec une compétence avérée. Ainsi, grâce au dispositif de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej), il y a eu création par les femmes de 2951 micro-entreprises en 2011, de même que sur les 451 608 projets de micro-crédits financés en 2012, 273 504 étaient destinés aux femmes, soit un taux de 61%».
Par ailleurs, exception faite pour les représentantes de la Tunisie et de l’Egypte, toutes les intervenantes, dont Leïla Charef, de Jordanie, Cheikha Meriem Al Khalifa, du Bahreïn, Moulati Ould Mokhtar, de Mauritanie, Cheikha Latifa Salem Essabah, du Koweït, Ouidad Boubakar, épouse du président soudanais Omar Al Bachir, ont mis en exergue les «progrès» en matière de droits des femmes dans leur pays et dressé un tableau rose de la situation marquée par «d’importantes réformes» en voie d’achèvement. Les représentantes de la Tunisie et de l’Egypte vont néanmoins ramener le débat à la réalité. L’Egyptienne Souheïr Lotfi rappelle à l’assistance «les nombreux défis imposés par le Printemps arabe en matière de liberté et de justice sociale».
Elle met en garde contre les nouvelles menaces de l’intégrisme, de l’extrémisme religieux et de l’exclusion. Pour elle, «il y a une nécessité de protéger les acquis et d’empêcher les nouveaux régimes de mettre en péril les acquis». Abondant dans le même sens, Sihem Badi, de Tunisie, exhorte les participantes «à ne pas oublier qu’aujourd’hui des femmes souffrent de l’exclusion, des guerres, de la violence, de l’extrémisme religieux, de la pauvreté et de l’exode» et les appelle «à avoir une pensée pour les femmes syriennes et palestiniennes». A Signaler que l’OFA a décerné, hier, 4 prix de la meilleure production médiatique sur les femmes, un pour la télévision jordanienne, deux pour des Bahreïnis et un pour une radio libanaise. Les travaux du congrès reprendront aujourd’hui en atelier. Ils s’achèveront demain avec des recommandations.
Salima Tlemçani
EL WATAN

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