mardi 27 mai 2014

Dispositifs d'aide à l'emploi des jeunes : Quand la culture de l’entrepreneuriat fait défaut


Motiver et sensibiliser à l’édification d’un partenariat productif et durable entre l’université et le monde entrepreneurial, en renforçant le lien entre les entreprises et le système de formation en particulier universitaire, la Maison de l’Entrepreneuriat de l’université Badji Mokhtar de Annaba et l’Ansej en ont fait l’objectif majeur de l’Université d’été prévue du 1er au 5 juin prochain.
«Processus de création d’entreprise et le rôle des différents partenaires dans cette démarche» est justement la problématique appelée à être décryptée lors de cette manifestation qui se tiendra au pôle universitaire d’El Bouni, a-t-on appris auprès du rectorat. En somme, il s’agit d’aller vers le décloisonnement et d’établir un dialogue permanent avec les différents acteurs en vue d’instaurer une culture d’entrepreneuriat novateur, créateur d’emplois et de richesses. Car, en termes relatifs, la tendance actuelle ne prête guère à l’optimisme. Différentes études universitaires sur l’apport pour l’économie nationale des investissements encadrés par le dispositif Ansej ont abouti au même constat : plus de 50% des micro-entreprises créées interviennent dans les services non marchands (salons de coiffure, cybercafés, fast-foods, taxiphones…), des activités de subsistance qui pullulent dans la quasi-totalité des villes du pays.
Le transport se classe en deuxième position avec près de 30%, les entreprises de BTPH en troisième position avec près de 10% et moins de 1% pour l’industrie et la mécanique/électricité. Des indicateurs qui attestent, encore une fois, que du point de vue de la rationalité purement économique, «la plupart des projets financés n’apportent pas grand-chose en termes de création de richesses ou d’emplois.
Economiquement, les dépenses englouties dans ces projets peuvent ne pas être justifiées. A l’Ansej, comme dans le reste des dispositifs nationaux d’aide à l’emploi, l’argument pour se défendre et justifier cette situation est tout trouvé : même si un projet peut ne pas créer de la richesse ou de l’emploi, il offre, en revanche, un statut social à même de mettre son porteur à l’abri de certaines pratiques et tentations dont les conséquences peuvent être lourdes pour la société», relève, en effet, le doyen de la FSHS de l’Université Badji Mokhtar.
Des sociologues de la même faculté, interrogés, sont du même avis : «Ces chiffres reflètent à bien des égards l’état de la société algérienne : En l’absence d’un réel projet de société, aucune perspective de développement socio-économique n’est clairement affichée. Au lieu d’opter pour des programmes porteurs qui peuvent avoir un impact positif sur le développement de notre économie ou sur le changement de la société, nos politiques privilégient les solutions qui s’inscrivent beaucoup plus dans la logique du maintien de la stabilité sociale.»
En témoigne : depuis 2011, année particulièrement marquée par l’exacerbation des soulèvements populaires dans nombre de pays arabes, notamment les voisins immédiats, le volume des dossiers traités par les accompagnateurs de l’Ansej est passé d’une dizaine à plus 200 dossiers/accompagnateur en moyenne. D’où l’inefficience du processus de coaching des candidats. Et, pour fermer la porte aux critiques et mises en garde des universitaires contre les retombées et les prolongements à long terme, des réponses conjoncturelles - le court terme - en vue de préserver une pseudo stabilité sociale, il a été décidé de l’«éviction» de l’Université de la  Commission locale d’étude du financement (CLEF), où elle siégeait et avait son mot à dire.
«Grâce à la présence de l’Université - en tant que membre - aux réunions de la commission locale d’étude du financement de wilaya, nous pouvions observer les comportements qui expliquent le processus d’accompagnement, ses points forts et ses points faibles. Malheureusement, le ministère a revu l’organisation de la commission CLEF, et la nouvelle commission CSVF n’a pas  proposé l’université en tant que membre», déplore-t-on avant d’ajouter : «Nos décideurs semblent ne pas vouloir admettre qu’en politique, court et long termes ne font jamais bon ménage, notamment en matière d’emploi».
Les amener à penser autrement, c’est-à-dire se soucier des deux en permanence, est un challenge que ceux qui ont eu la judicieuse idée de rassembler durant une semaine le monde de la science et celui de l’entrepreneuriat autour du très controversé dispositif Ansej sont déterminés à relever. Car, au-delà du discours traditionnel sur le nécessaire effort national pour la relance effective de l’investissement productif, d’aucuns ont constaté un défaut récurrent d’adaptation des différents dispositifs Angem, CNAC, Ansej aux fins économiques et
industrielles.                                                            

Vers la création d'incubateur d'entreprises : Les Spin off de Standford comme modèle

Conscientes du rôle capital qu’elles sont appelées à jouer dans le développement économique du pays, les universités algériennes se sont engagées, depuis ces dernières années, dans la formation en entrepreneuriat. A Annaba, par exemple, l’université Badji Mokhtar offre des masters en entrepreneuriat, dont l’un a été mis au point dans le cadre d’une coopération euro-maghrébine et traite de plusieurs problématiques liées à l’entrepreneuriat dont la créativité et l’innovation.
En termes de structures, certaines universités ont mis en place des espaces consacrés à la création d’entreprises. Une maison de l’entrepreneuriat a été mise sur pied en partenariat avec l’Ansej. Et ce, en plus du laboratoire sur l’entrepreneuriat déjà existant. Aussi, un projet de création d’un département exclusivement dédié à l’entrepreneuriat et approuvé par le Conseil d’administration de l’université est actuellement à l’étude au ministère de tutelle, a  indiqué le Pr Bouguetta.
Ce chercheur, diplômé de grandes Universités américaines a, en outre, fait savoir qu’un incubateur d’entreprises est en passe d’être installé à Badji Mokhtar, forte d’une dizaine d’écoles doctorales et une soixantaine de  laboratoires de recherches. Ce genre de structures - incubateurs - permet d’offrir un environnement propice à la création d’entreprises économiquement viables. «Nous nous sommes inspirés de modèles européens et américains tels que les incubateurs de l’Université de Cambridge ou les spin off de Stanford qui sont pour beaucoup dans le développement spectaculaire des géants mondiaux actuels des TIC.
A partir de centres dédiés à même les universités, les entreprises doivent être capables de contribuer à la formation d’innovateurs», tient à souligner le doyen de la Faculté des sciences humaines et sociales. «Il est établi que les voies parallèles entre l’université et le monde de l’entrepreneuriat, la mise en œuvre de politiques ou de programmes incohérents voire contradictoires, la bureaucratie, le saupoudrage des moyens entre plusieurs entités et la multiplication des niveaux de décision contribuent concurremment au blocage de toute volonté ainsi qu’à la stérilisation des initiatives visant la promotion de micro-entreprises innovantes et la création d’emplois pérennes», conclut-il.  (N. B.)
 
EL WATAN
 
 
 
Les jeunes compétences issues de l'immigration  bercés par le rêve d’entreprendre en Algérie dans un climat d’échanges avec leurs homologues algériens , ils ont, désormais leur rêve au bout du clic :
 
 
 

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