mercredi 26 janvier 2011

Ressources humaines :
«La jeunesse doit partager un rêve algérien», selon un expert
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Farida Belkhiri.

Le manque de capacités et de qualifications en Algérie n’est un secret pour personne. Bien des débats sont engagés depuis quelque temps pour situer la faille dans ce domaine, déterminer le pourquoi de ce manque malgré les efforts déployés pour la formation de nos ressources humaines.


En effet, l’experte en ressources humaines, Souad El Abraoui, affirme, comme d’autres experts avant elle, hier au forum Echaab, que le problème se situe du côté des formateurs dont le niveau est à revoir. «J’ai effectué un sondage auprès de 200 entreprises, au niveau de leurs bureaux de recrutement. Tous disent que les personnes qualifiées sont difficiles à trouver et à garder. Pourtant, ce ne sont pas les diplômés qui manquent. D’où la nécessité de former une cellule de réflexion pour évaluer le niveau des formateurs», confie-t-elle.

L’autre expert en ressources humaines, Abdelhak Laamiri, se penche pour sa part, sur le côté psychologique de la jeunesse algérienne pour expliquer le pourquoi du manque de potentiel humain qualifié. «La jeunesse algérienne n’a pas de rêve, du but partagé. En Malaisie par exemple, les jeunes ont le même rêve de faire de leur pays une force économique dans 20 ans. Notre jeunesse n’a pas de repaire, manque de confiance en elle-même ainsi, ne se fie ni à l’administration ni aux programmes de formation.

Bref, elle a des doutes sur l’avenir de l’Algérie», estime-t-il. Il ne suffit pas de former les jeunes, poursuit-il, mais aussi de leur prouver que leur formation aboutit sur le terrain. «Il faut leur montrer des exemples de réussite, créer des pépinières par exemple dans chaque centre de formation, dans chaque commune, … cela permet de développer chez eux l’esprit de l’entreprenariat.

Il leur faut un rêve algérien pour lequel ils doivent travailler», souligne-t-il en expliquant que l’absence de but commun est l’une des raisons qui font que le nombre des entreprises en Algérie ne soit pas très important. «70 entreprises pour une centaine d’employés seulement sont créées en Algérie chaque année alors que dans d’autres pays en voie de développement, 350 entreprises en moyenne sont créées chaque année», fait-il savoir. Par ailleurs, précise-t-il, le manque de but ne touche pas uniquement les jeunes mais aussi les entreprises et l’administration. «Quant une wilaya n’a pas d’objectifs précis, elle ne peut pas réaliser grand-chose pour les citoyens.

Elle ne fait que tourner autour d’elle-même et encourage même des fléaux comme la corruption. Idem pour les entreprises», dit-il. Il faut savoir, signale-t-il, que dans le marché économique, celui des managers est le plus important.

«Quand les managers qui gèrent le marché économique n’ont pas de but à atteindre, ne sont pas qualifiés, ne sont pas à leur place et ne sont pas entourés des capacités qu’il faut, les ressources humaines sont automatiquement marginalisées», affirme-t-il.

Contrairement à ce que l’on croit, conclut-il, les jeunes diplômés algériens sont qualifiés même s’ils ont besoin d’un recyclage et d’une remise à niveau. «Ce qu’il nous faut, c’est un fonds de restructuration qui permet de placer chaque capacité à la place pour laquelle elle est faite», estime-t-il.

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