dimanche 16 décembre 2012

"Une jeunesse en jachère" : ces jeunes des campagnes


© Sipa
Ils représentent environ le tiers de la jeunesse française, mais ils s’estiment ignorés, voire méprisés  : « A la télé, dans les médias, il n’est question que des jeunes des grandes villes, et des banlieues à problèmes, jamais de nous », constate l’un de ces adolescents issus du milieu rural. Pourtant, des problèmes spécifiques – qui devraient mériter l’attention des pouvoirs publics, des médias et de la société en général -, eux non plus n’en manquent pas.
D’abord, ces jeunes sont en plein désarroi car « ils ont vu le monde de leurs parents se disloquer ». Le nombre des exploitations agricoles s’est effondré. Les petites usines – qui procuraient localement beaucoup d’emplois – ont fermé, de même que les commerces de proximité et les écoles de village. Dès leur plus tendre enfance, les jeunes ruraux ont dû apprendre à se lever tôt – pour aller attendre, au bord de la route, le bus de ramassage scolaire. Malgré ces contraintes, les enfants de la campagne« affichent en moyenne un meilleur taux de réussite scolaire que les citadins », nous dit-on.
Hélas, ensuite, les choses se gâtent un peu car, pour cause d’éloignement, ils ne disposent que d’un choix restreint d’établissements d’enseignement supérieur, et se rabattent généralement sur la solution la plus proche – qui n’est pas toujours la meilleure. De plus, les bandes de copains se disloquent très vite – beaucoup, leurs études terminées, fuient vers les activités urbaines.
Ceux qui souhaitent rester évoquent volontiers un « choix de vie ». Mais le choix est parfois contraint, et lourd de conséquences. L’obtention précoce du permis de conduire constitue une impérieuse nécessité, pour aller se distraire un peu le week-end ou s’inscrire à un quelconque club d’activités.
Mais les emplois locaux sont rares et, parce que la population rurale est très vieillissante, ils tournent autour des services à la personne et du travail dans les maisons de retraite. Diverses associations et foyers fournissent heureusement quelques animations festives. Les sociologues venus de la ville disent que ces groupes, animés par des bénévoles, « structurent le vivre ensemble ».
Fabien Gruhier
NOUVEL OBS

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