mardi 11 octobre 2011



CLÔTURE DU 4E FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BANDE DESSINÉE D'ALGER

Des prix et des efforts encore à faire

Les lauréats brandissant leurs tableaux d'honneur
Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas à la salle Ibn Zeydoun qu'a eu lieu la clôture du 4e Fibda mais dans l'exiguë salle de conférences qui, hélas, n'a pu contenir tous les invités.
D'aucuns diront que cette année le nombre de participants a baissé en raison, dit-on, d'une coupe budgétaire. Néanmoins, le Fibda l'une des plus importantes rencontres annuelles dédiées au 9e art en Algérie, continue à s'affirmer année après année en ayant pour vocation principale l'encouragement des jeunes talents. Si les premiers jours de ce Salon de la BD, l'affluence était plutôt timide, le dernier jour et surtout vendredi, a enregistré un bon engouement de la part des grands comme des petits, familles accompagnées de bambins bien que cette année l'on a constaté un certain vent d'essoufflement qui devrait au contraire aller de l'avant.
Au programme de la 4e édition du Fibda, figuraient 37 pays qui étaient représentés à cette manifestation par près de cent participants (bédéistes, scénaristes, dessinateurs et éditeurs), algériens et étrangers. La cérémonie de clôture qui s'est déroulée en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, - venue aussi vendredi incognito, seule au Fibda - a été marquée par la remise des prix aux lauréats du concours de la meilleure affiche du Festival et autres prix d'encouragement aux jeunes talents. Le Premier Prix a été attribué à Youcef Ishak Idir Benali dont l'affiche a été choisie pour représenter le Fibda 2011, le Deuxième Prix est revenu à Abdelkrim Mebni et le Troisième a été décerné en ex aequo à Rebbah Redjem et Djilali Zanoun.
Notons que pour le reste des prix, l'Algérie a brillé par son absence sur le plan international. Le président du jury du concours international, Mahfoud Aider, dira qu'il faut prendre la chose de façon fair-play. «Ils sont tout simplement bien meilleurs que nous. A l'étranger, nous, on ne reçoit aucun prix à l'exception à Locarno en 1982.» Aussi le Cameroun s'est distingué par une Mention spéciale et un Prix du meilleur scénario. Le Prix du meilleur humour est revenu à la France avec l'album La vie c'est mortel. Un album de dessins dont Etienne Shcreder qualifiera de «plus beau projet» car des «plus aboutis» et prêt à la commercialisation. Le jury a t-on dit a adoré cette histoire de squelettes et cet humour à la «fois féroce et tendre pour la mort». Le Prix du Meilleur projet est revenu au jeune Marocain Omar Naceri dont M.Shcreder avouera l'avoir carrément démoli lors de sa rencontre à Tétouan. Il félicitera cette fois son «travail pictural immense et son sens de la narration». Le prix de la meilleur fanzine a été attribué notamment à Amazone (magasine fait exclusivement par les femmes) et Kig label du Congo Kinshasa et La Bouche du monde du Brésil. Aussi, les organisateurs ont estimé nécessaire de créer un Prix de la meilleure BD africaine qui est revenu ex aequo à l'Algérie et le Cameroun soit respectueusement à Dahmani Jips pour Walou et Le retour au pays d'Alphonse. Le Prix international du meilleur album a été décerné à la France représentée par la jeune Julie qui dans Le Bleu est une couleur chaude a abordé le thème de l'homosexualité féminine. Une audace récompensée.
Enfin, Etienne Schreder l'habitué du Fibda depuis quatre ans maintenant, s'est vu décerné un prix honorifique pour tout l'effort consenti et inégalable rendu au Fibda, et ce sous les applaudissement d'un public fort enthousiaste. Placé sous le slogan «Alger, bulles sans frontières», le festival qui s'est tenu sur l'esplanade de Riadh El Feth, a proposé un programme varié et riche en activités. Il a comporté huit expositions de bandes dessinées, dont «Voyages en terres obscures» de François Schuiten (Bruxelles), «Dans la nuit, la Liberté nous écoute» de Maximilien Le Roy (France), «Le bon génie» d'Aïder (Algérie), «Les passants» de Brahim Rais (Algérie) et le 17 Octobre 1962. Par ailleurs, des bédéistes, scénaristes, écrivains et éditeurs, algériens et étrangers, ont débattu de nombreux thèmes liés à la bande dessinée: «Les bandes dessinées du XXIe siècle», «Le rôle de la BD dans l'avènement de la paix et de la réconciliation en Afrique» et «L'édition, comment ça marche?», entre autres. Des projections de films d'animation fort intéressants et des ateliers de formation sur les techniques de la bande dessinée ont été organisés durant ce Fibda. Un seul bémol cependant. Bien que le public assoiffé de BD continuait à acheter sans compter, force est de constater les prix très élevés de ces livres que les parents consentent à acheter à leur enfants pour leur faire plaisir. Aussi, d'aucuns estimeront que les livres proposés étaient en déphasage avec la véritable demande du public lambda qui lui, reste encore attaché à la BD classique - introuvable au Fibda - et surtout à ses héros indémodables comme Pif, Mickey Mouse, Superman et Batman pour ne citer que ceux-là. Enfin, notons pour les amateurs de BD algérienne que le personnage mythique de la bande dessinée algérienne «M'quidech Boulahmoum», créé par Ahmed Haroun durant la fin des années 60, sera de retour bientôt dans les librairies par de nouvelles aventures rassemblées dans un album édité chez Dalimen.

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