vendredi 3 avril 2015

SES INSTITUTIONS ET SON ÉCONOMIE MANQUENT CRUELLEMENT DE COMPÉTENCES L'Algérie perd la bataille des cerveaux

Tous les efforts déployés par les pouvoirs publics pour en garder un maximum n'ont pas abouti. La saignée continue inexorablement.
Le redéploiement du gouvernement sur les fronts économique et diplomatique mettent de nombreuses institutions du pays devant l'impératif de traiter de nouveaux dossiers, de développer de nouvelles idées et d'initier une multitude de projets dans de très nombreux secteurs d'activité. La dernière conférence qui portait sur le commerce extérieur, la stratégie industrielle, ou encore les initiatives à l'échelle de la région du Maghreb, constituent autant d'importants chantiers qui ne peuvent trouver de concrétisation par le simple fait de la volonté, fut-elle politique. L'Algérie ou les institutions qui ont la charge de «remuer» tout cela pour en faire un ensemble cohérent et dynamique sont actionnées par des hommes et des femmes qui représentent l'élite de la République. A voir le gigantisme des tâches qui les attendent, on est amené à douter de la capacité de l'Algérie de disposer d'assez de cadres dans tous les domaines pour mener à bien toutes les missions inscrites dans l'agenda du gouvernement. Dans l'éducation, la santé, l'énergie, l'industrie, l'enseignement supérieur, la recherche scientifique, bref, dans tous les secteurs, les besoins de développement sont immenses. Et ce qui semble manquer, ce sont des «pilotes» qui doivent tenir les multitudes de barres pour conduire le bateau Algérie à bon port. Les exemples d'insuffisances dans divers domaines sont nombreux.
De la gestion de l'aéroport d'Alger à la distribution de l'eau dans plusieurs villes du pays, en passant par le métro et les tramways, les compétences nationales semblent faire défaut ou pas suffisamment bien formées pour manager des entreprises de services. En fait, le gouvernement s'est vu obliger de confier le management de la «micro-économie» à des cadres européens, après les échecs répétés des managers nationaux. Cela pour le circuit économique où la règle des 51/49% cache mal un gros déficit en management de projet à dimension économique.
Cela sur le plan économique. Dans les autres domaines, le constat n'est pas plus reluisant, avec un système de santé qui ne parvient toujours pas à satisfaire la demande en médecins spécialistes, une éducation qui ne parvient pas, 53 ans après l'indépendance, à négocier le virage de la qualité, bien au contraire, une recherche scientifique au niveau zéro, malgré les financements, une culture aphone et presque inexistante aux plans régional et international, une économie tournée vers l'import et structurellement incapable d'exporter plus de 2 milliards de dollars.... Bref, les tares de la maison Algérie sont assez visibles pour qu'on en occulte les évidences. La faiblesse quantitative d'un encadrement de qualité explique largement cet état de fait. Même s'il est de notoriété publique que l'Algérie ait formé des dizaines de milliers de cadres, dont certains occupent de hautes fonctions dans l'administration et méritent leurs galons. Il reste que le pays connaît l'une des plus graves fuites des cerveaux, en comparaison avec les pays de même niveau de développement. Beaucoup trop de compétences algériennes quittent le pays, sans espoir de retour. Une saignée qui ne date pas d'aujourd'hui et qui prendrait racine dans l'orientation socialisante de l'économie nationale d'abord, pour s'aggraver avec la décennies noire.
Tous les efforts déployés par les pouvoirs publics pour en garder un maximum n'ont pas abouti. Pour preuve, la saignée qui a déjà «emporté» des dizaines de milliers de cerveaux à l'étranger, continue inexorablement. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique revendique des retours au pays, mais cela reste sans commune mesure avec les départs.
Tout compte fait, l'Algérie qui n'exporte que le pétrole, se voit dans l'obligation d'ajouter les compétences dans l'architecture de ses importations. Quelques grandes entreprises privées ont d'ailleurs emboîté le pas au gouvernement et payent rubis sur l'ongle des cadres «expatriés d'Europe». Mais cela suffit-il à redresser la barre et mettre le pays au plus vite sur la voie du renversement des tendances du commerce extérieur, comme le souhaitait Abdelmalek Sellal, il y a quelques jours? La réponse à cette question ne peut être positive, au vu du rythme que met le pays à former des compétence d'un côté, et de la vitesse de déperdition des élites d'un autre côté. Force est de constater, en effet, que l'Algérie est en passe de perdre l'une des ses guerres les plus décisives. Celle des cerveaux.
Petite lueur d'espoir au tableau: l'Ecole nationale administration a formé de bons diplomates, dont les succès à l'international sont reconnus.
L'expression

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