lundi 29 décembre 2014

RIGUEUR OU AUSTÉRITÉ : Le programme et le discours

Le programme et le discours
Le message réactif du Premier ministre risque fort de demeurer lettre morte tant les mauvaises habitudes sont enracinées dans les esprits.
Conséquence directe de la chute des cours du pétrole, le gouvernement a été instruit dernièrement de mettre en oeuvre une rigueur budgétaire qui va se traduire par d'importantes mesures de rationalisation des investissements, avec la suppression pure et simple de certains grands projets et la réduction des dépenses de fonctionnement de l'Etat. A ce sujet, le Premier ministre a adressé une instruction explicite aux membres du gouvernement pour moduler, en ces temps de vaches maigres, le train de vie de leurs institutions respectives. Il faut dire que certains ministères, d'ailleurs épinglés par l'Inspection générale des finances, ont mené grand train, ne lésinant guère sur les frais, fussent-ils dispendieux ou à la limite de la gabegie. En témoignent les «zerdas» qui accompagnent systématiquement les «visites de travail et d'inspection», les nombreuses missions à l'étranger sous n'importe quel prétexte futile, la réfection de locaux et de mobiliers même et y compris lorsqu'ils sont à l'état neuf, etc. etc. Le moins qu'on puisse dire est que le message réactif du Premier ministre risque fort de demeurer lettre morte tant les mauvaises habitudes sont enracinées dans les esprits comme dans la mécanique globale, prompte à contrecarrer, d'une manière ou d'une autre, les mesures qui affectent son «savoir-faire». Le fait est que le pouvoir a mis du temps à mesurer l'ampleur des conséquences de la crise pétrolière, due à la chute des prix du baril, et sa récente prise de conscience reflète les débats sévères qui ont présidé à une volte-face à la fois nécessaire et contraignante. Des décisions lourdes de sens et de conséquence ont été arrêtées, telles que le gel des augmentations de salaires, celui des recrutements dans la Fonction publique, la limitation des investissements dans la réalisation de certains grands projets renvoyés à des jours meilleurs etc. Mesures logiques et pondérées, qui auraient mérité d'être explicitées et débattues comme il se doit, aussi bien au niveau des forces dites de l'opposition qu'à celui d'un peuple qui confond aisément une politique de rigueur avec une politique d'austérité. Surtout lorsque cette politique s'apparente à une menace, certes fictive, de réduction des besoins élémentaires de la population. Les citoyens se demandent si les appareils servent autant qu'ils se servent La sagesse aurait consisté à annoncer, avec la médiatisation requise en pareille circonstance, la réduction du train de vie général des appareils qui constituent, à tort ou à raison, une cible et un motif de la grogne populaire, les citoyens étant parfaitement conscients des privilèges et des acquis de ces appareils dont ils se demandent souvent s'ils servent autant qu'ils se servent. Ainsi, a-t-on beaucoup parlé des augmentations réclamées par les députés à l'APN, au moment même où les prix du pétrole commençaient leur dégringolade inquiétante à plus d'un titre. Des ministres ont clamé haut et fort que leur secteur maintiendrait coûte que coûte le niveau des investissements prévu par le plan 2015-2019, abstraction faite du nombre élevé de projets inscrits dans le plan précédent et dont la date de livraison est sans cesse reportée, de calendes grecques en calendes algériennes, à coups d'avenants qui grèvent les coûts initiaux. Le mécontentement couve, et grandit, dans les catégories sociales menacées par le plan de rigueur annoncé, surtout les jeunes diplômés qui attendent en vain la fin de leur calvaire, qu'il se nomme Anem, Daip. Quand on veut serrer la ceinture, on doit le faire avec doigté, limitant les abus et les sommes dispendieuses plutôt que de reporter la ligne d'horizon d'une jeunesse en mal de citoyenneté, au risque de revenir à la case départ, lorsqu'il a fallu acheter la paix sociale à n'importe quel prix.
L'expression

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