mardi 19 août 2014

Faut-il juger Israël pour la guerre à Gaza?


AUTOUR DU MONDE - De plus en plus de voix s'élèvent pour exiger qu'Israël réponde de la violence de ses attaques à Gaza. Une commission d'enquête par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a été lancée cette semaine.

Au terme d'un sixième jour d'affilée de cessez-le-feu samedi dans la bande de Gaza, les négociations entre Israéliens et Palestiniens ont repris dimanche (lire ci-contre). En attendant, face au bilan humain terrible des quatres semaines de guerre (près de 2.000 Palestiniens et de 70 Israéliens tués), de plus en plus de voix s'élèvent pour exiger qu'Israël réponde de la violence de ses attaques à Gaza. Des voix individuelles comme celle de Henk Zanoli, un "juste" néerlandais qui a annoncé vendredi avoir rendu sa médaille à l'ambassade d'Israël à La Haye. Des institutions comme le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et les grandes ONG de défense des droits de l'homme…
Amnesty International ne se contente pas de demander aux États-Unis de suspendre ses livraisons d'armes à Israël, elle exige aussi qu'une enquête soit menée "sans délai au sujet d'éléments de plus en plus nombreux indiquant que les forces de défense d'Israël auraient lancé contre des hôpitaux et des professionnels de la santé à Gaza des attaques apparemment délibérées"… Plus virulente encore a été la réaction de Kenneth Roth, le directeur de Human Rights Watch (HRW) : "À plusieurs occasions, les forces israéliennes ont tiré et tué des civils qui fuyaient et qui s'étaient très clairement identifiés comme tels. Contrairement à ce que dit l'armée israélienne, l'immense majorité des victimes palestiniennes n'a pas succombé après avoir servi de bouclier humain, mais bien parce que des armes trop puissantes et inappropriées ont été utilisées sans le souci de préserver des vies humaines, ce qui entre dans le cadre des crimes de guerre." HRW a conseillé aux autorités palestiniennes de se tourner vers la Cour pénale internationale.

L'ONU met sur pied une commission d'enquête

Autre menace pour Tel-Aviv, l'annonce cette semaine de la création d'une commission d'enquête par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Le groupe aurait dû compter dans ses rangs Amal Alamuddin, juriste et fiancée de George Clooney, qui, mardi, a refusé de siéger. Il sera présidé par William Schabas, un professeur de droit international canadien, virulent adversaire du Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui souhaite notamment expertiser les bombardements des écoles de l'ONU et la mort de civils. Face aux critiques venues d'Israël mais aussi d'associations pro-israéliennes, Schabas a prévenu : "Il y a peut-être eu des violations du droit. Si Israël refuse de nous donner sa version des événements, nous pourrons nous contenter de travailler à partir de présomptions."
Autant d'initiatives qui inquiètent et agacent en Israël, où la guerre a été soutenue par 95% des Juifs israéliens. Tsahal et le ministère de la Justice ont d'ores et déjà constitué deux commissions d'experts militaires et juridiques. Israël, qui redoute des mandats d'arrêt internationaux contre des responsables militaires et politiques, pourrait aussi porter plainte contre le Hamas pour crimes de guerre. En attendant, Ron Dermer, l'ambassadeur israélien auprès des Nations unies, ne décolère pas : "Certains n'ont pas honte d'accuser notre pays de génocide et de vouloir le traîner devant les tribunaux pour crimes de guerre. Alors que la retenue inimaginable dont ont fait preuve nos forces devrait leur valoir l'attribution du prix Nobel de la paix."
Le jdd

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