mercredi 13 août 2014

PROCESSUS DE PAIX AU PROCHE-ORIENT : Sans levée du blocus, les espoirs de paix sont faibles

La levée du blocus est l'une des exigences fondamentales des Palestiniens dans leurs négociations avec Israël pour un accord durable de cessez-le-feu.
Ghaza sombrera à nouveau dans la guerre dans quelques mois si Israël ne lève pas son blocus, a mis en garde le coordinateur des opérations humanitaires de l'ONU dans l'enclave palestinienne, James Rawley, dans une interview à l'AFP. La communauté internationale a échoué, a estimé M. Rawley dans un entretien accordé peu avant l'accord de trêve de 72h conclu dimanche soir après plus d'un mois d'une guerre entre Israël et le Hamas qui a fait plus de 2.000 morts, en grande majorité des civils palestiniens. «Trois bases de l'ONU ont été attaquées et des gens sont morts, donc nous avons échoué, collectivement, la communauté internationale, à mettre fin au massacre et à protéger les gens», a dénoncé le responsable de l'ONU, avant de souligner que sans levée du blocus dans la bande de Ghaza, une paix durable était presque illusoire. «Le blocus doit être levé, pas seulement pour faire parvenir du matériel afin de reconstruire, mais pour permettre à Gaza de faire ce qu'elle faisait très bien il y a 10 ans: commercer», a affirmé M. Rawley. «Ghaza a un potentiel immense. Les gens sont pleins d'initiative, ils sont bien éduqués, il existe des marchés potentiels, en Israël et en Cisjordanie. Le blocus doit être levé, pour que Ghaza puisse se développer», a encore dit ce responsable. La levée du blocus est l'une des exigences fondamentales des Palestiniens dans leurs négociations avec Israël pour un accord durable de cessez-le-feu. Pour l'heure les négociateurs, qui ont conclu dimanche soir une trêve de 72 heures dont on ignore les termes, poursuivent les pourparlers via le médiateur égyptien. Parmi les demandes du Hamas, figurent aussi l'extension des zones de pêche, l'ouverture d'un port et d'un aéroport. Israël impose un blocus à la bande de Ghaza depuis la capture en juin 2006 du soldat Gilat Shalit, libéré en 2011, et contrôle de façon stricte espace aérien, eaux territoriales, trafic de marchandises et mouvements migratoires. Certaines restrictions sur l'importation de nourriture et de matériel de construction ont été levées en 2010, mais Ghaza reste terriblement isolée. Alors qu'Israël répète qu'il refuse de négocier «sous les tirs» de roquette du Hamas, M. Rawley estime que les inquiétudes légitimes de l'Etat hébreu sur sa sécurité doivent être prises en compte. Mais sans une levée du blocus, a-t-il mis en garde, un nouveau conflit est «probable». Sans levée, «non seulement peu sera fait pour aller vers la reconstruction, mais je crains que les conditions seront alors en place pour un nouveau round de violences, comparable à ce que nous voyons en ce moment», a-t-il dit depuis la ville de Ghaza. Israël a lancé le 8 juillet l'opération «Bordure protectrice» pour faire cesser les tirs de roquettes et détruire le réseau de tunnels servant à des incursions sur son territoire. Depuis, 1 939 Palestiniens sont morts, et côté israélien, 67 personnes ont péri. Si les conditions des belligérants pour une paix durable semblent quasiment inconciliables, le coordinateur de l'ONU reste cependant optimiste, et voit des «signes» de changements dans l'attitude israélienne.
«Nous voyons des signes, et j'espère que ces voix en Israël qui comprennent le besoin de lever le blocus vont se faire entendre». Sur le plan matériel, selon de premières estimations, les besoins s'élèvent entre 6 et 8 milliards de dollars (4,5 à 6 Mds d'euros), et les agences humanitaires ont besoin de 380 millions de dollars pour fournir une aide de première nécessité, a dit M.Rawley, dressant un sombre tableau: plus de 10.000 maisons, «une grande partie» des capacités industrielles et «jusqu'à la moitié» des terres agricoles ont été détruits, et plus de 300.000 personnes se retrouvent au chômage. Quelque 500.000 personnes, soit près d'un tiers de la population, ont été déplacées, 240.000 d'entre elles se trouvent dans des abris de l'ONU, 20.000 dans des abris du gouvernement, et le reste se sont réfugiées chez des amis ou des proches. Avant même le conflit, souligne-t-il, la situation était dure: Ghaza souffrait d'un manque cruel d'eau, l'électricité ne fonctionnait que 8 à 12 heures par jour, et 1,1 million de personnes - sur une population d'1,8 million - recevaient une aide alimentaire.
L'EXPRESSION

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