jeudi 10 novembre 2016

5 facteurs-clés qui expliquent la victoire de Donald Trump


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Comme après le Brexit, les instituts de sondage sortent K.O. de cette élection où rien, depuis le début, ne s'est passé comme prévu. Explications.

Les protestants évangéliques ne plaisantent pas avec la morale. Donald Trump n'est pas un parangon de rectitude éthique et religieuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Pour qui les évangéliques ont-ils voté ? Pour Donald Trump, bien entendu... CQFD !

Il faudra du temps pour fouiller le tas de décombres et comprendre ce qui s'est passé ce mardi 8 novembre 2016, un jour qui restera gravé à tout jamais dans l'histoire américaine. Comme après le Brexit, comme après le référendum sur la paix en Colombie, les instituts de sondage sortent K.O. de cette élection où rien, depuis le début, ne s'est passé comme prévu.

L'autopsie de leurs erreurs, et celles des médias, prendra du temps. Mais déjà, en épluchant les sondages effectués à la sortie des urnes par CBS, ABC et d'autres, on peut identifier 5 clés dans la victoire du Républicain.

1/ Change, change, change

Ce n'est pas une surprise : les électeurs de Trump ont voulu tout changer avec un candidat qui n'était pas issu de l'"establishment" politique, dont Clinton état pour le coup l'incarnation parfaite. Dans les sondages effectués après le vote, la volonté d'élire "un candidat pouvant apporter le changement" (change, en anglais) arrive en tête des motivations (38%), loin devant le souhait d'élire un président possédant de l'expérience (22%). Et 69% se déclarent insatisfaits de la manière dont fonctionne le gouvernement fédéral – sept électeurs sur dix !

2/ It's the economy, stupid

L'économie ? Elle ne va pourtant pas si mal. Mais pas pour tous, et tout est affaire de perception. L'économie est arrivée largement en tête des préoccupations des électeurs, 52% affirmant qu'il s'agissait du sujet le plus important, devant le terrorisme (18%), la politique étrangère (13%) et l'immigration (seulement 12%).
Détail intéressant, que l'on avait déjà constaté dans l'enthousiasme pour Bernie Sanders : les Américains en ont ras-le-bol des inégalités criantes entre riches et moins riches. En Virginie, par exemple, 67% des personnes interrogées indiquent que le système économique favorise les plus riches.
L'Amérique qui a voté mardi est pessimiste: 61% jugent que le pays va dans la mauvaise direction (9 points de plus qu'en 2012),

3/ La révolte de la "Rust Belt"

Quand Donald Trump affirmait qu'il remporterait cette ceinture d'Etats de l'est et du Midwest, personne ne le prenait au sérieux : certains de ces Etats, comme le Michigan ou le Wisconsin, faisaient partie du "pare-feu" électoral de Hillary Clinton.
C'est Trump qui a eu raison. Il a réussi à rééditer l'exploit de Ronald Reagan allant chasser sur les terres des cols-bleus démocrates : dans la banlieue de Détroit, le légendaire succès de Reagan dans le comté de Macomb a été réédité par "le Donald". Macomb avait voté à 51% pour Obama en 2012 ; Trump, en 2016, a engrangé 54% des votes.
Les blancs sans diplôme universitaire, en particulier, ont spectaculairement déserté les Démocrates : la marge de victoire de Trump est de 67% contre 28% pour Clinton, un écart dans précédent dans l'histoire des sondages "sortie des urnes" (qui remonte à 1980).
Les trois Etats ayant le plus fort pourcentage d'emplois manufacturiers sont l'Indiana, le Wisconsin et le Michigan, trois Etats où Trump a cartonné. Dans toute la Rust Belt, l'hostilité au libre-échange arrive en bonne place dans les préoccupations des électeurs.      

4/ L'embrassade des évangéliques

A ce niveau, ce n'est plus de l'amour mais de la rage ! Si l'on en croit les sondages d'après-vote, 81% des blancs chrétiens ont voté pour Donald Trump. C'est la plus forte marge de victoire pour un candidat républicain à la présidentielle depuis 2004. En Géorgie, le pourcentage grimpe même à 86%, alors que cette catégorie de population représente le tiers de l'électorat. Le mouvement est tel qu'il a contrebalancé, dans un Etat comme la Floride, l'engouement réel des latinos pour Clinton.
Comment expliquer une telle adhésion à un candidat aussi peu exemplaire que Trump ? Tout simple. Il a donné aux évangéliques des gages sur l'avortement et, surtout, sur la Cour suprême, allant jusqu'à publier une liste de candidats potentiels, très conservateurs, dans laquelle il s'est engagé à puiser le prochain juge qu'il nommera.

5/ Le soutien des campagnes

Un phénomène qui ravira Marine Le Pen : Trump a vu se rallier à lui une bonne partie du monde rural, phénomène dont les sondeurs n'avaient pas mesuré l'ampleur. Ce sont des Américains pessimistes, qui pensent à 41% que la prochaine génération vivra moins bien qu'eux (contre 27% dans les villes), et qui ont une vision particulièrement noire de l'économie (72% pensent qu'elle ne va pas bien).
Pour ces électeurs, le défense du Deuxième amendement a certainement joué un rôle – ils ne veulent pas que l'on touche à leurs armes. Mais leur mécontentement est plus profond, il traduit une anxiété à propos de l'avenir et d'un monde qui change trop vite – comme en Grande-Bretagne avec le Brexit, et peut-être bientôt en France avec le Front national.
L'OBS

Le Brexit est une conséquence du krach qui perdure

Marc Roche: «Le Brexit est une conséquence du krach qui perdure»

La planète financière n’a rien perdu de son arrogance et n’a pas retenu les leçons de la crise de 2007. Après avoir décortiqué les engrenages menant à la catastrophe, le journaliste français Marc Roche, grand spécialiste de l’économie, avertit: rien n’est terminé.
Entre l’appât du gain et les incompétences humaines, quelle est pour vous la première explication de ce krach financier?
C’est effectivement un mélange d’incompétence, d’ego, de fragilité et de course au gigantisme de la part de gens dont le disque dur a été bouleversé par l’argent. Au départ, un banquier est quelqu’un d’indispensable au bon fonctionnement de l’économie capitaliste. Il est le point de passage obligé pour financer l’économie réelle et les entreprises. Or, cette fonction essentielle est devenue toxique par l’appât du gain et des bonus, par la déréglementation et autres paradis fiscaux. C’est ce que cette crise majeure a crûment mis en lumière aux yeux de tous.
Et cette crise perdure selon vous?
Je l’ai découvert en menant mon enquête pour ce livre: la crise ne s’est jamais achevée. Tout juste a-t-elle changé de visage: de crise financière commençant en fait en 2007, et non en 2008, c’est devenu une crise des dettes souveraines pour ensuite devenir une potentielle crise financière des banques européennes et centrales avec de nouvelles bombes à retardement.
Lesquelles?
Les défaillances du contrôle bancaire, d’abord. Au fond, les grandes banques continuent de fonctionner à peu près comme bon leur semble. La fragilité des banques centrales dans leur rôle de presse à billets, mais aussi une informatique tentaculaire et omniprésente tellement compliquée que plus aucun établissement ne pourrait réagir efficacement à une panne généralisée ou à un hacking. J’ajouterai la compromission avec le monde politique, qui explique l’impunité quasi générale des grands fautifs de ce krach: à une ou deux exceptions près, tous s’en sont bien tirés, retrouvant souvent des postes extrêmement bien payés.

Comment comprendre que le politique n’a pas réussi à mettre au pas un système financier qui venait de gravement faillir?
Les banquiers ont un double niveau de chantage envers l’Etat. D’abord, en menaçant de ne plus prêter. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont fait puisque après la première crise financière de 2009-2010, toutes les banques ont d’abord songé à reconstituer leurs bilans. Et donc moins à prêter aux entreprises et aux ménages. Et quel gouvernement peut résister à ce chantage à la croissance? Par ailleurs, lorsque les banques centrales ont inondé le marché de liquidités pour éviter la poursuite de la récession, cet argent n’est jamais passé dans l’économie réelle, mais est resté bloqué dans l’économie financière, créant des bulles.
Au moment où, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, la zone euro vient au secours de ses banques tout en imposant ses conditions, on peut croire à une reprise en main par le politique. Fausse impression en fait?
Il faut reconnaître que Nicolas Sarkozy a immédiatement percuté sur la crise, et que dans sa lettre à Angela Merkel en août juste après le gel des fonds de BNP Paribas, tout est dit. Hélas, il a raison trop tôt, ou en tout cas avant les autres. La chancelière allemande ne veut pas croire à la fragilité du système bancaire allemand et n’entre pas en matière. Gordon Brown n’écoute pas le président français, obsédé par la protection de la City. Sarkozy est donc seul. La Banque centrale européenne est encore aux abonnés absents, tout comme le FMI qui attend encore DSK à sa direction. Et que fait-il? Il est à l’origine du principal effort de concertation international, le premier G20 consacré à la finance qui a lieu en novembre 2008 à New York. Qui ouvre la voie au fameux G20 de Londres en avril suivant où seront prises les premières mesures d’encadrement des hedge funds et des paradis fiscaux, tout en confiant le contrôle bancaire aux banques centrales. Mais ces dernières sont mieux armées pour le contrôle monétaire, qui est leur raison d’être. Du coup, toutes ces mesures ont été torpillées par le système bancaire: les paradis fiscaux existent toujours, les bonus n’ont pas diminué, mais ont seulement été compensés par un salaire fixe plus élevé ou des avantages en nature.
Pourquoi, alors?
Avant tout en raison de la proximité condamnable entre les banques et les milieux politiques. Courant depuis longtemps aux USA, le recyclage de la fonction publique vers les milieux bancaires est ainsi devenu normal en Europe. Ces liens étroits me paraissent au cœur de l’explication. Ces gens se sont rendu compte durant leur mandat public que le vrai pouvoir réside désormais dans la sphère financière, et pour cause. Un manque d’éthique que l’on retrouve chez certains dirigeants de droite comme de gauche, d’ailleurs, et qui dénote une certaine fascination pour ces milieux de la finance.

Le Brexit anglais serait ainsi une conséquence directe du krach financier?
Oui, je suis persuadé que le Brexit est la conséquence directe de la crise financière de 2007-2008. C’est la révolte de la classe moyenne du centre et du nord de l’Angleterre contre la politique d’austérité qui les appauvrit et qui a été créée pour le renflouement des banques. La colère d’une partie du public devant le fait qu’aucun banquier, même coupable d’abus de biens sociaux, n’ait été puni ne doit pas être négligée. Le seul à avoir pâti de ses erreurs est Fred Goodwin de la Royal Bank of Scotland. Et encore, il a juste perdu son titre nobiliaire tout en étant responsable du naufrage de la seconde banque du pays qui a dû être nationalisée. Il y a pire dans la vie, non? Je vois le Brexit comme la révolte contre l’élite, contre la City intouchable. Le contribuable britannique, comme partout en Occident, a trinqué pour les errements des banquiers, c’est très clair.
Autre risque actuellement, écrivez-vous, c’est l’importance grandissante des sociétés de négoce, notamment très présentes à Genève...
En matière de contrôle bancaire, la Suisse est sans doute le pays qui a fait le plus d’efforts. Notamment en ayant des exigences en fonds propres bien supérieures à celles de ses voisines. La Suisse n’est clairement plus un paradis fiscal. Son secteur bancaire n’est pas davantage un problème qu’ailleurs en Europe. En revanche, les sociétés de négoce installées sur son sol en sont un, et peuvent constituer l’une des bombes à retardement de cette crise qui se métamorphose. Pourquoi? Parce que d’abord elles ne sont pas réglementées comme elles devraient l’être alors que ce sont des sociétés financières qui spéculent. Ensuite, elles sont totalement financées par les banques, et pour des montants colossaux. Si l’une d’entre ces grandes sociétés de négoce comme Glencore, Trafigura ou Mercuria devait faire faillite, l’ensemble du système bancaire serait touché. De plus, le négoce lui-même reste totalement opaque, voire sulfureux tout simplement parce que les matières premières se trouvent dans des pays où règne une grande corruption. Le négoce comme la banque sont des activités essentielles à l’économie globalisée puisqu’ils suppléent là où la loi de l’offre et la demande ne fonctionne pas. On en a besoin. Mais ils ne sont pas suffisamment réglementés.
La sous-capitalisation des banques européennes reste-t-elle un problème?
Absolument. Le FMI vient d’ailleurs de rééditer une mise en garde au sujet d’une partie d’entre elles. Il y a des solutions, et on regarde avant tout du côté des grands fonds de pension qui devraient mettre la main à la poche. Malgré des taux d’intérêt bas, ils ont encore d’énormes moyens. En échange, les gros actionnaires peuvent exiger une meilleure gouvernance. Ce qu’ils n’ont pas fait pour l’instant. Ils sont d’ailleurs restés totalement absents du débat, se contentant des dividendes. Cela doit changer.

Avec la crainte que les Etats et donc les contribuables passent une nouvelle fois à la caisse?
L’un des grands paradoxes de ce krach reste qu’au final les grands Etats ont généralement tiré des bénéfices de l’aide aux banques, qui ont remboursé avec des intérêts élevés. En revanche, l’effet sociétal de ce renflouement reste difficile à quantifier. Car le renflouement via les politiques d’austérité a provoqué de graves cassures sociales, créant une montée des inégalités et une montée des populismes, une remise en cause de la mondialisation et du libre-échange. Voilà le vrai coût de la crise. D’autre part, personne ne s’est excusé, ni dans les milieux financiers, ni parmi les politiques, les banques centrales ou les régulateurs. Pourtant tous ont fauté.
Dans votre livre, les patrons des grands établissements bancaires semblent parfois tomber des nues devant l’ampleur des problèmes...
D’abord, il est clair qu’avant la crise les grands dirigeants ne comprenaient pas grand-chose aux montages douteux des petits génies des salles de marché qui, ensuite, les revendaient à des investisseurs crédules. Mais ils ne cherchaient pas vraiment à en savoir plus tant que le profit était conséquent. D’autre part, les banquiers se servent d’un jargon incompréhensible pour cacher certains comportements et pratiques peu avouables. En fait, les concepts de la finance ne sont pas très difficiles à comprendre.
Reste que vous ne vouez pas l’ensemble de la finance aux gémonies...
J’ai passé plus de trente ans de ma vie professionnelle entre la City et Wall Street. Et oui, j’ai du respect pour la profession de banquier. La plupart d’entre eux font très correctement un métier difficile. Comme pour le politique, le grand danger de ces temps populistes est précisément qu’après un tel krach et l’absence de sanctions pour ceux qui ont commis des fautes graves, toute une profession soit mise dans le même panier. Souvent, dans les polars, c’est le bon qui gagne. Dans la crise financière, hélas, c’est tout le contraire.
Texte: © Migros Magazine / Pierre Léderrey
MIGROS  MAGAZINE.ch

mercredi 9 novembre 2016

Angela Merkel débute une tournée en Afrique / "Plan Marshall pour l'Afrique"


Semaine « africaine » pour Angela Merkel. La chancelière allemande a entamé dimanche à Bamako (Mali) un voyage de trois jours sur le continent noir avec des étapes au Niger et en Éthiopie. De retour à Berlin, elle recevra mercredi le président tchadien, Idriss Déby, puis le président nigérian, Muhammadu Buhari, vendredi. Le but de ces entretiens : discuter des moyens dont l'Europe dispose pour aider « le continent voisin » afin d'endiguer les migrations illégales et le terrorisme.
Avec ses interlocuteurs, Angela Merkel doit notamment aborder le « partenariat de migration » de l'Union européenne avec plusieurs pays d'Afrique. Le Mali, le Niger et l'Éthiopie figurent tous trois sur la liste des pays avec lesquels la Commission européenne entend négocier de tels accords, comme il en a été décidé lors du dernier sommet Union européenne-Afrique, en novembre 2015.
Renforcement de l'aide allemande au Mali
À Bamako, Angela Merkel a ainsi rencontré le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Elle a promis un renforcement de l'aide allemande à ce pays dont le nord reste en proie à une rébellion islamiste et qui est un pays d'origine et de transit pour les migrations vers la Libye, l'Algérie et l'Europe. « Nous voulons apporter notre contribution à la stabilisation et au développement du Mali », a-t-elle déclaré.
L'Allemagne participe d'ores et déjà avec 650 hommes à la mission de l'ONU MINUSMA, qui tente avec les troupes françaises de rétablir le contrôle de Bamako sur le nord du Mali, et à la mission européenne de formation de l'armée malienne EUTM Mali. Or, « il nous importe d'établir une cohérence » entre l'aide au développement et les efforts militaires réalisés, a dit Angela Merkel. Les populations doivent prendre conscience que « la paix ne signifie pas seulement l'absence de guerre mais aussi des meilleures chances de développement économique ».
La chancelière a annoncé que Berlin allait accroître ses efforts d'aide humanitaire dans le nord du pays, en particulier dans le domaine de l'approvisionnement en eau et de l'agriculture. L'Allemagne augmentera également son investissement dans l'éducation et la formation. « Je crois qu'il est très, très important que les pays d'Afrique ne perdent pas leurs meilleurs cerveaux, qui manqueraient pour le développement de leur propre pays », a-t-elle souligné.
Niger et Éthiopie
Après le Mali, Angela Merkel s'est rendue lundi à Niamey, au Niger. Elle est le premier chef de gouvernement allemand à se rendre dans ce pays, le plus pauvre du monde, qui est également un pays de transit pour les migrations. Comme au Mali, la chancelière devait rendre visite aux soldats allemands présents sur place - 40 hommes et deux avions Transall sur une base aérienne.
Son voyage la conduira mardi à Addis Abeba. Dans la capitale éthiopienne, elle rencontrera le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Dessalegn, et des représentants de l'Union africaine (UA). Elle inaugurera également un nouveau bâtiment de l'UA financé par le ministère allemand des Affaires étrangères.
L'avenir de l'Afrique, priorité stratégique
Aux yeux de la chancelière, l'avenir de l'Afrique apparaît de plus en plus comme une priorité stratégique, notamment pour l'Europe.
« L'Afrique en tant que continent voisin de l'Europe va gagner en importance », explique-t-elle dans une vidéo publiée samedi avant son départ. « C'est un continent jeune, et un continent à forte croissance démographique : sa population va doubler au cours des 35 prochaines années pour passer de 1,3 milliard à 2,6 milliards d'habitants. Il est dans notre intérêt bien compris de l'accompagner pour qu'elle se développe favorablement, même si les pays africains doivent naturellement apporter leur contribution en termes de bonne gouvernance. »
Angela Merkel souhaite faire de l'avenir de l'Afrique l'une des priorités de sa présidence du G20 en 2017.
Plus d'informations :
Office de presse et d'information du gouvernement allemand (en allemand) :www.bundesregierung.de/Content/DE/Reiseberichte/2016-10-07-merkel-afrikareise.html
Interview de la chancelière Angela Merkel (texte/vidéo en allemand) :www.bundesregierung.de/Content/DE/Podcast/2016/2016-10-08-Video-Podcast/2016-10-08-Video-Podcast.html
RAPPEL 7 oct. 2016 Angela Merkel oeuvre pour un engagement renforcé en Afrique
En amont de sa visite en Afrique, qui commencera ce week-end, la chancelière Angela Merkel a appelé de ses voeux une nouvelle politique sur l'Afrique. À l'heure où l'Union européenne est confrontée à des flux migratoires croissants, les intérêts de l'Allemagne et de l'Afrique sont indissolublement liés. Il importe non seulement de repenser l'aide au développement, mais aussi de favoriser les investissements privés sur le continent africain.
Pour que l'Allemagne se porte bien, il faut que l'Afrique se porte bien, a constaté Angela Merkel dans une interview publiée le 5 octobre par l'hebdomadaire allemand Die Zeit. La stabilité de l'Union européenne dépendra du développement du continent. De ce fait, la politique sur l'Afrique constitue « une question stratégique de premier plan », a estimé la chancelière.
« Nous devons être conscients que l'Afrique est notre partenaire : ce qui se passe là-bas a des répercussions directes sur l'Europe », a renchéri Gerd Müller, ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement, dans un entretien accordé à l'agence de presse Reuters.
Investissements privés
Angela Merkel et Gerd Müller ont tous deux insisté sur la nécessité de stimuler les investissements du secteur privé en Afrique. À l'occasion d'un important forum, la chancelière a ainsi exhorté les entreprises allemandes à renforcer leur engagement sur le continent. Simultanément, elle a déclaré que l'Allemagne devait se montrer plus exigeante en matière de bonne gouvernance dans les pays africains.
Selon l'Association des entreprises germano-africaines, 18 000 sociétés allemandes seraient présentes sur le continent, dont 800 seulement en qualité d'investisseurs. Si les exportations de l'Allemagne vers l'Afrique ont augmenté en 2015, les importations ont chuté de 34 %.
Il serait judicieux de créer des incitations fiscales et d'améliorer la couverture des risques pour encourager les entreprises allemandes à s'impliquer davantage sur place, affirme Gerd Müller. Cela permettrait de stimuler la croissance économique des pays africains, et d'éviter que l'aide au développement ne se cantonne aux transferts de fonds.
« Plan Marshall pour l'Afrique »
Compte tenu de la croissance démographique du continent, l'Afrique aura besoin de centaines de milliers d'emplois supplémentaires, précise Gerd Müller. « Le continent africain ne peut pas y arriver seul. Nous avons besoin d'un plan Marshall pour l'Afrique. [...] Nous n'avons pas d'autre solution : il faut investir dans la jeunesse, l'éducation et l'emploi. »
Cet effort doit s'inscrire dans la durée, a ajouté le ministre. « Nous avons besoin d'une nouvelle politique sur l'Afrique, sans quoi nous serons confrontés à de graves problèmes d'ici dix ou vingt ans. » En effet, la population africaine va doubler ces 35 prochaines années pour atteindre deux milliards de personnes. « La pression migratoire va augmenter de manière exponentielle si nous ne parvenons pas à créer des perspectives d'avenir dans les pays africains. »
Aussi l'Allemagne fera-t-elle de l'Afrique une priorité lorsqu'elle exercera la présidence tournante du G20, en 2017. « Si je veux veiller à ce que nous, Allemands, nous portions bien, à ce que l'Union européenne reste soudée, je dois faire en sorte que les personnes habitant dans le voisinage de l'Europe se sentent chez elles dans leur pays », a martelé Angela Merkel. « Cela signifie en pratique qu'à notre époque, nous devons adopter une nouvelle approche sur l'Afrique. Il en est ainsi au XXIe siècle. »
AGENCE NEWS PRESS

Un forum économique en décembre à Alger L’Algérie se tourne vers l’Afrique



Pour l’heure, la priorité est certes d’investir en Algérie même, mais il faut dès à présent chercher des parts au sein de l’économie africaine, a estimé hier le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.
Le Forum africain d’investissements et d’affaires, qui se tiendra du 3 au 5 décembre à Alger, permettra à l’Algérie de montrer qu’elle peut tenir un rôle de pionnier au sein du continent, a affirmé hier le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel El Djazaïr. Cet important rendez-vous, a-t-il précisé, accueillera quelque 1600 opérateurs économiques d’Afrique et même d’ailleurs, dont un tiers sont des Algériens des secteurs public et privé.
Energie, agriculture, industrie, bâtiment et travaux publics ainsi que d’autres segments économiques stratégiques devront être prioritairement au cœur des échanges qui se tiendront lors de ce forum, a encore indiqué le ministre, ajoutant qu’il s’agit d’une première expérience qui vise à ouvrir la voie à des partenariats gagnant-gagnant au sein d’un continent qui tient désormais un rôle majeur dans l’économie mondiale. L’enjeu premier, a-t-il plaidé, est de parvenir à terme à dépasser le stade des échanges commerciaux pour aller dans une logique d’investissement et d’intégration économique afin de développer le potentiel dont dispose le continent.
Interrogé sur l’opportunité d’une telle démarche au moment où l’Algérie est confrontée à une grave crise financière, Ramtane Lamamra a estimé que cette manifestation intervient au contraire à point nommé dès lors qu’elle s’inscrit dans une logique de diversification de l’économie nationale et que le pays dispose incontestablement d’atouts importants pour investir en Afrique. Pour l’heure, a-t-il toutefois admis, la priorité est certes d’investir en Algérie même, mais il faut dès à présent œuvrer à chercher des parts de marchés ailleurs.
De son côté, le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Ali Haddad, dont l’organisation est partie prenante dans la tenue du Forum africain de l’investissement à Alger, a estimé que ce grand rendez-vous devrait permettre d’instaurer une nouvelle vision économique en Afrique en mettant l’accent sur la sécurité alimentaire et l’agriculture, la transition énergétique, le capital humain, l’infrastructure et le numérique.
Aussi, a-t-il indiqué, plus de 2000 acteurs économiques d’Afrique et d’ailleurs sont attendus à ce rendez-vous d’Alger pour se concerter et agir ensemble en faveur du développement de l’économie africaine. L’Algérie, a-t-il conclu, doit, pour sa part, se positionner désormais comme un acteur majeur de l’économie du continent. Et pour ce faire, les opérateurs nationaux devront bénéficier de tout le soutien des banques afin de faciliter leurs investissements en Afrique.
Akli Rezouali
EL WATAN

Reconnaissance et fierté

Lors de la célébration de la journée africaine de la Jeunesse, un vibrant hommage a été rendu, au Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, par des jeunes étudiants africains résidant en Algérie. Ce témoignage résume on ne peut mieux, le rôle moteur joué par l'Algérie au niveau de ce continent dont la population est la plus jeune de la planète.
Plus de la moitié des Africains ont moins de 25 ans… Les projections prévoient 76 millions de jeunes de moins de 15 ans pour la décennie à venir. Un profil démographique unique qui aura de profondes conséquences. En effet, avec 40% de la population âgée de moins de 15 ans – alors que la proportion des plus de 60 ans se limite à 5,5 % –, le continent bénéficie d’une opportunité formidable pour assurer son accroissement. Le développement économique de l’Asie de l’Est, il y a trente ans, est l’exemple le plus frappant de l’impact potentiel de cette démographie qui stimule la croissance économique.
Cependant, le changement démographique n’est pas le seul facteur qui forgera le développement de l’Afrique. Si l’on se fonde sur l’expérience asiatique, le boom économique a été rendu possible grâce à des politiques volontaristes qui reposent en premier lieu sur l’amélioration des taux de scolarisation associée à la qualité de l’éducation.
L'Algérie est connue pour être le pays qui s'investit le plus dans l'enseignement et la formation dispensés aux étudiants africains.
Plus de 40.000 étudiants africains ont été formés en Algérie. Au nombre de 200 en 1970, ils sont passés à 600 en 1980. Ils atteignent 3.000 en 1990 et dépassent 6.000 actuellement. Cela représente un accroissement de 400% entre 1970 et 2015. L’essentiel de ces étudiants est inscrit en graduation, 70% dans les filières scientifiques et médicales et 30% en sciences sociales et humaines. Une bonne partie d’entre eux est prise en charge par le secteur de la formation et de l’enseignement professionnels.
C'est tout à l'honneur de ce grand pays et de son peuple qui grâce à sa guerre de Libération et à la victoire qu'elle a remportée, en 1962, que beaucoup de pays africains ont arraché leur indépendance.
Il faut dire que l’Algérie figure parmi les cinq premiers pays africains ayant le plus investi dans des projets de partenariat public-privé (PPP), durant les quinze dernières années, selon le rapport 2016 sur le développement économique en Afrique, publié tout récemment par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Cette politique ne date pas d'aujourd’hui. Plusieurs dirigeants africains ont été formés en Algérie parmi eux Nelson Mandela qui a déclaré un jour et en toute modestie : « C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme».      
  • EL MOUDJAHID