samedi 31 mars 2012

Festival du film amazigh : L’olivier d’or décerné au film « Vava Moh »


L’olivier d’or de la 12e édition du festival culturel national annuel du film amazigh (FCNAFA) a été attribué ce mercredi soir au film long métrage « Vava Moh » de Yazid Smail (photo ci-contre de toute l’équipe du film). Ainsi le jury a tranché en faveur de cette production qui a eu aussi le prix du public.

La même distinction a été remise également pour le court métrage « Encre et le monde » de Sofiane Belali ainsi qu’au documentaire « la langue de Zahra » de Fatima Sissani. Les organisateurs du FCNAFA ont également attribué l’olivier d’or de la meilleure interprétation masculine et féminine, respectivement aux films « le menteur » de Ali Mouzaoui et « N’ghigh ur zrigh » ( j’ai tué sans m’en rendre compte) de Mourad Bouamrane.

S’agissant de la catégorie du prix du jury, les lauréats primés ont été les films, « Ccnu-id tamurt lekabyel » (chantez moi la kabylie) de Samy Allam et « heureusement que le temps passe » de Ferhat Mouhal. Le prix du meilleur décor a été attribué au film « le menteur » de Ali Mouzaoui et celui du meilleur directeur de photo à « Azaylal » (le mirage).

Notons que la cérémonie de clôture de ce festival tenue à la maison de la culture de Tizi Ouzou a été marquée par la présence de nombreux artistes de divers horizons culturels comme Lounis Ait Menguelet, Farida Saboundji, Abderrahmane Bouguermouh, Fawzi Saichi, Benmohamed, kamel Hamadi et bien d’autres.

Une jeunesse désocialisée pathologiquement fanatisée

Après le temps de la vive émotion ressentie pour cette tragédie nationale, et notre identification douloureuse, nous, mères de famille, avec celles qui ont perdu leurs enfants, nous passons vers le temps de la réflexion partagée. Car la mort d'innocents nous touche tous, d'où que l'on vienne et quelles que soient nos convictions religieuses, philosophiques et politiques.

Nous souhaitons ici alerter, une fois de plus, sur le danger rampant des mouvements radicaux en leur opposant l'importance des valeurs humanistes. Pour nous, elles constituent le socle de notre République, la seule issue pour un avenir serein.

Mohamed Merah présentait toutes les caractéristiques identifiées chez les jeunes radicalisés : ils sont sans père ni repères, sans transmission culturelle ni religieuse, sans cadre, en rupture sociale. Si l'on en croit l'attitude de sa mère, elle est loin d'être singulière puisque nombreuses sont celles qui disent ne plus reconnaître leurs fils embrigadés et peinent à les faire revenir vers le droit chemin. Ces jeunes sont les victimes du système pervers d'endoctrinement pratiqué actuellement sur des cibles fragiles, parfois rejetées de la société. Marginalisation souvent à l'origine de troubles psychologiques.

Aussi, nous nous étonnons de la rareté des références aux déséquilibres mentaux dont peuvent souffrir les criminels de ce type. Les criminologues psychiatres ont beau évoquer cet aspect, l'écho qui en restera sera uniquement celui d'un activisme religieux.

Et cet écho échoue sur le mur de l'amalgame, malgré les mises en garde. Comme si parler de troubles mentaux était une façon de cautionner l'acte commis. C'est pourtant le contraire : dans la sociopathie, la maladie de l'individu révèle celle de la société, c'est la raison pour laquelle il faut en tenir compte pour remonter à la racine du mal et en préserver nos enfants. Car, au fond, quel être humain normal commettrait ce type de crime, s'il n'était pas psychologiquement déséquilibré ?

L'immense mutation sociale que nous vivons souligne la perte de limite et d'autorité. Elle favoriserait l'apparition de certains troubles psychiques, qui sont davantage dans le registre du passage à l'acte. Les jeunes "convertis" au salafisme avaient souvent des personnalités antisociales, auparavant investies dans la délinquance. On leur propose de vivre une mutation "morale" en "confessionnalisant" leur haine, tout en demeurant dans le passage à l'acte.

La dépression, aussi maladie du siècle, est rarement évoquée au sujet des kamikazes. Pourtant, quelle meilleure proie qu'un dépressif, menacé dans son humanité pour ces manipulateurs pervers qui se tiennent, eux, prudemment et cyniquement éloignés de la mort, en amenant les autres à tout perdre ?

Les prédicateurs les cannibalisent, les vident du peu de vitalité qui leur reste pour en faire des terroristes, c'est-à-dire des personnes qui ont perdu toute humanité.

Et ce phénomène prospère dans un monde en crise, devenu village grâce aux multimédias omniprésents, surtout dans un contexte d'oisiveté. L'accès aux informations vraies ou dénaturées y est sans limites, parfois jusqu'à l'addiction.

Les prédicateurs qui s'y expriment annihilent toute capacité critique pour subordonner l'individu à une communauté virtuelle autour de la suprématie de l'identité religieuse, puisqu'il ne se reconnaît pas dans d'autres identités. La perversité du mécanisme réside également dans cette prétendue unité totale entre des membres où l'individu n'a plus de droit en dehors des intérêts de cette communauté. On lui fait croire qu'il est dans le vrai contrairement aux "autres", c'est-à-dire tous ceux qui n'adhèrent pas à cette idéologie, les autres musulmans compris, premières victimes de ces mouvances.

On comprend ainsi l'urgence de cesser de définir "les musulmans" comme une entité homogène, car cela revient à se placer sur les mêmes postulats que les discours intégristes qui réduisent des individus à "leur dimension musulmane". Au contraire, les discours médiatiques et politiques doivent s'appliquer à valoriser l'hétérogénéité des parcours et des positionnements des individus à référence musulmane, croyants ou non-croyants, en les considérant comme sujets porteurs d'une histoire spécifique. C'est ainsi qu'en utilisant des registres d'expression différents, on brouillera le système de communication des radicaux.

Construire un mode explicatif du comportement des jeunes par "leur appartenance à l'islam" les réduit à leur "dimension musulmane". Cela entraîne des significations prédéterminées et enlève aux personnes la liberté fondamentale de se définir, en miroir des discours radicaux. Les généralisations sont doublement criminelles. On dit "musulmans", y compris pour ceux qui ne croient pas. Mais c'est sur leur faciès qu'ils sont qualifiés de tels. Pourtant, il n'y a pas plus un faciès musulman qu'il n'y a de faciès chrétien ou autre. L'islam a toujours été une différence. Désormais, il est devenu une catégorie quasi ethnique.

La banalisation de l'anarchie des termes pèse lourdement sur ceux qui sont avant tout les enfants de la République française et qu'il ne faut plus tenir éloignés. Il faut les rencontrer et leur montrer l'espérance et l'avenir commun possibles dans une France où le socle républicain, on le constate depuis cette tragédie, est finalement bien le véritable consensus de cette nation.

Aux responsables de tous bords de veiller à cette unité et de lutter contre l'instrumentalisation de la misère humaine par les manipulateurs. Cet appel est valable pour la France comme pour les pays en transition démocratique aujourd'hui dirigés principalement par des gouvernements islamistes. La proximité du religieux et de l'Etat n'a jamais fait bon ménage. Nous appelons les observateurs internationaux à ne pas la banaliser, car le glissement est facile.

Les partis salafistes demandent aujourd'hui leur reconnaissance. Cette éventualité inquiète autant les musulmans que les autres. Le traitement reste incontestablement la démocratie, l'éducation pour un développement économique et social : c'est notre seule issue.

Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre addictologue, et Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux

jeudi 29 mars 2012

Investissements étrangers : Benmeradi à court de solutions ?

Le ministre de l’Industrie, de la Promotion des investissements et de la PME, en poste depuis plus de deux années, continue sa série noire de constats effarants sur le secteur relevant de sa compétence. Après avoir déclaré, il y a quelques jours qu’il fallait revoir toute la stratégie industrielle du pays, le voilà qu’il dresse un bilan bien modeste tableau de l’investissement étranger.

"Seuls 360 projets ont été réalisés en dix ans", a t-il reconnu ce matin sur les ondes de la radio Chaîne III, reprenant les chiffres de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI) sur la période 2002–2012. "Nous avons identifié et recensé les projets. Les mesures de la Loi de finances complémentaire de 2009 interviennent en fin de période. Le pourcentage de l’investissement direct étranger représentait 1,4 % de l’ensemble des investissements réalisés en Algérie durant la période 2002-2012 ", a annoncé le ministre, comme si cette maigre moisson n’était pas la sienne.

En effet, ce bilan fait ressortir que 25 .015 projets ont été exécutés durant cette période mais que seulement 360 ont pu être réalisés dans les faits. Pourquoi ? M Benmeradi est resté vague dans son propos tentant simplement de faire croire que les mesures prises par les pouvoirs publics n’ont pas influé sur l’afflux des investissements étrangers. Ainsi, la règle du 51/49 introduite dans la Loi de finances complémentaire 2009, n’était pas à l’origine de la frilosité des investisseurs étrangers de venir en Algérie.

Il en veut pour preuve que "depuis l’entrée en vigueur de cette règle en 2009, des dizaines de partenariats ont été faits entre entreprises algériennes et investisseurs étrangers".

Feu sur le FCE

Mais à défaut d’identifier ce qui ne marche pas dans la "stratégie", le ministre a préféré s’en prendre aux opérateurs économiques, notamment le Forum des chefs d’entreprises (FCE) qui a consacré son réquisitoire sur justement la règle du 51/49.

"Je ne comprend pas la position exprimée par le Forum des chefs d’entreprises sur cette question. Il n’y a aucune limitation à l’investissement national. Les conditions édictées sont destinées aux étrangers. Dire que cette condition empêche le capital international de venir investir en Algérie est erroné, les chiffres sont là et contredisent cette affirmation ". Dixit Benmeradi.

Benmeradi propose des pétrodollars…

Le Forum avait pointé lors de sa conférence sur l’économie hors hydrocarbures la règle du 51/49 qu’il a trouvé "trop rigide", et a souhaité qu’elle ne soit pas appliquée aux "secteurs stratégiques".

Benmeradi répond sec : "C’est un faux débat (…) Nous avons ouvert notre économie en 2000. Et la seule chose qui a augmenté, après dix ans, est l’importation". Une pique assassine à certains membres du FCE qui n’arrêtent pas de se plaindre alors qu’ils ne font que dans l’import…import.

Comment faire alors pour attirer les investisseurs étrangers ? Le ministre de l’Investissement qui n’a visiblement aucune solution, compte sur les pétrodollars algériens pour appâter les étrangers. "Le gouvernement veut profiter de l’opportunité que lui donne son programme de dépense publique pour obliger les étrangers à investir et non pas à nous vendre des produits.

Pas sûr que cette façon de faire puisse pousser les étrangers à investir durablement en Algérie. Les étrangers ne sont intéressés que par des contrats juteux et non pas par des projets d’investissement concrets de création de richesse.

Maghreb : Conférence des jeunes des pays de l’UMA début avril à Rabat

La première conférence sur la jeunesse maghrébine se tiendra le 2 avril prochain à Rabat en présence de plus de 60 jeunes de pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA), annonce le secrétariat de l’UMA dans un communiqué. La conférence accueillera également des représentants de groupes qui s’intéressent aux questions de la jeunesse, d’associations de jeunes du Maghreb ainsi que des opérateurs économiques et des représentants d’organisations arabes et internationales accordant un intérêt aux jeunes.

La rencontre s’inscrit dans le cadre de la mise en £uvre des recommandations du Conseil de ministres des Affaires étrangères de l’UMA, décidées lors de ses sessions précédentes, notamment pour prendre en charge les les intérêts légitimes de la jeunesse et de bénéficier des potentialités des jeunes dans le développement et le progrès et consolider le projet du Maghrébin, précise le communiqué.

Plusieurs sujets seront débattus à cette occasion notamment de la formation, l’emploi, les jeunes et les phénomènes comportementaux, les jeunes et la citoyenneté ainsi que des perspectives de participation. Les participants traiteront également d’autres thèmes tels que les jeunes et les nouvelles technologies de communication et mettront en exergue les valeurs universelles d’ouverture et de modération qui ont toujours caractérisé les sociétés maghrébines, souligne la même source. Cette rencontre de deux jours sera organisée par le secrétariat de l’UMA en collaboration avec le ministère marocain de la jeunesse et des sports, de l’Institut royal de formation des cadres avec l’appui de la Banque islamique de développement.

Recherche : 38 millions d’euros pour appuyer et accompagner les universités algériennes

Plus de 38 millions d’euros ont été consacrés par le gouvernement algérien et l’Union européenne (UE) au programme d’appui et d’accompagnement de la politique sectorielle de l’enseignement supérieur en Algérie, a indiqué aujourd’hui à Alger le représentant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Mustapha Haouchine. " Le ministère s’est engagé à hauteur de 17,1 millions d’euros et l’UE à 21,5 millions d’euros, soit un total de 38,6 millions d’euros pour financer le programme d’appui à la politique sectorielle de l’université algérienne et la recherche scientifique ", a précisé M.Haouchine en marge de la cérémonie de lancement officiel des activités prévues dans le cadre du programme de coopération arrêté par la tutelle et l’UE.

Ce programme dont la période d’exécution s’échelonne sur 72 mois (2016) a pour ambition de développer et de mettre en place conjointement des activités de coopération " pérennes ", a souligné le représentant du ministère de l’Enseignement supérieur. Dans ce cadre, des universitaires et des experts européens accompagneront, assisteront et suivront l’ensemble des bénéficiaires de ce programme tout au long de sa mise en oeuvre, a expliqué le responsable.

Le renforcement de la qualité de l’enseignement constitue le principal objectif visé par les initiateurs de ce programme, selon Haouchine qui a affirmé que ce point demeure le " défi majeur " à relever dans les prochaines années. " Après la bataille de la quantité, la qualité demeure le défi que les universités algériennes doivent relever dans l’avenir ", a-t-il dit. Parmi les activités inscrites dans ce programme conjoint, figurent le renforcement du système d’information, des capacités des ressources humaines et le rapprochement entre universités et monde des entreprises.

M. Haouchine a expliqué dans ce sens que l’université algérienne doit désormais offrir une formation permettant au diplômé de s’insérer facilement dans le monde économique. Au terme du programme, des établissements universitaires " pilotes " seront désignés pour devenir les futurs centres de ressources et d’expertises, a conclu le représentant du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

mercredi 28 mars 2012

LE CANADA EN FORCE AUX JOURNÉES D'EXPRESSION FRANÇAISE L'oscarisé Monsieur Lazhar à l'ouverture

L'Ambassade du Canada vous invite à la première projection en Algérie du film canadien «Monsieur Lazhar» le jeudi 29 mars à 19 h à la salle Cosmos à Riad El feth. Ce film fera l'ouverture officielle à la salle Cosmos des journées d'expression française pour l'année 2012. «Monsieur Lazhar» a été nominé pour l'Oscar du meilleur film de langue étrangère en 2012 et met en vedette le comédien algérien Mohamed Fellag, lauréat du prix Génie canadien du meilleur comédien à Toronto en mars 2012. Le Canada sera à l'honneur également avec le spectacle de magie de l'Algéro-Canadien Fouad Filali le vendredi 30 mars 2012 à partir de 15 h au Centre commercial de Bab Ezzouar. Magicien de renom et lauréat de nombreux prix internationaux, Fouad Filali est également le fondateur de l'organisation caritative Magiciens sans Frontières basée à Montréal. Enfin, le Canada sera présent également dans le cadre des journées d'expression française, avec quatre films d'animation au Centre de Bab Ezzouar au niveau de l'espace réservé aux enfants: Orchestraland. Au programme de ces journées on notera également d'autres films en provenance de la France, la Suisse, la République tchèque, le Burkina Faso et la Tunisie. Notons qu'outre la salle Cosmos, le Centre commercial et de loisir de Bab Ezzouar accueillera aussi cette manifestation dont la Wallonie Bruxelles, avec la présentation du spectacle pour enfants: «Petit Petit et les sept mondes».

LES JOURNÉES DU FILM MÉDITERRANÉEN D'ALGER Clap sur MéditerraCiné avec 18 longs métrages

Il se tiendra du 31 mars au 7 avril à Alger et constituera incontestablement l'événement culturel du printemps. Pour en savoir plus, la chargée de la programmation Nabila Rezaig, responsable du département cinéma au sein de l'Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) a animé hier matin à Dar Abdeltatif une conférence de presse afin de dévoiler le programme entrant dans le cadre des premières journées du Film méditerranéen d'Alger, baptisées MediterraCiné. Berceau de plusieurs grandes civilisations, la Méditerranée est aussi celui du cinématographe créé en 1895 par les frères Lumière.
Dans le cinéma mondial actuel, les pays méditerranéens apportent une contribution de plus en plus importante et leurs metteurs en scène, comédiens et autres professionnels du 7e art se distinguent régulièrement. Ces éléments justifient l'existence de plusieurs festivals méditerranéens de cinéma sur les rives Nord et Sud. Mais, jusque-là, les cinéastes et cinéphiles algériens n'avaient pas accès aux productions entrant dans ce cadre géoculturel. Autant de raisons qui ont poussé l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, en partenariat avec la société de diffusion et de production, MDciné, à mettre en oeuvre les Journées du film méditerranéen d'Alger. Ce rendez-vous du cinéma méditerranéen se propose de faire découvrir aux cinéphiles algériens des longs métrages de fiction récents et de qualité exprimant de diverses manières, les talents, les styles et les tendances du cinéma méditerranéen.
MediterraCiné se veut également nous apprend-on un espace d'échanges professionnels et conviviaux entre les cinéastes du Bassin méditerranéen et le creuset d'éventuels projets de partenariat, de coproduction, de diffusion, etc. Au menu, 18 films représentant chacun un pays sur les 21 que compte le littoral méditerranéen seront projetés dans les deux salles Alpha et Beta du cinéma Cosmos de Riad El Feth. Le grand réalisateur turc, Nuri Bilge Ceylan, quatre fois primé à Cannes (2003, 2006, 2008 et 2011), viendra présenter à l'ouverture Il était une fois en Anatolie, le 31 mars prochain à partir de 18h, tandis que le célèbre film de Michel Hazanavicius, The Artist, titulaire de 52 prix dont 6 Oscars 2012 clôturera en apothéose, sans aucun doute, cet événement cinématographique, hélas, sans la présence du réalisateur ni de ses acteurs fétiches et encore moins du chien.
Le public aura le plaisir de découvrir Pa Negre, le film d'Agustí Villaronga qui a raflé en 2011 tous les prix de cinéma en Espagne. Parmi les films arabes que compte le programme, on notera Normal de Merzak Allouache, Andalousie avec mon amour de Mohamed Abdulaziz, Andalousie mon amour! du Marocain Mohamed Nadif, Always Brando du Tunisien Ridha behi, Habbib Rassek Khairban de la Palestinienne Suzane Youssef.
Des films, note-t-on, qui ont déjà été projetés dans le cadre du dernier Festival arabe du film d'Oran. La rencontre abritera également un cycle Ettore Scola, organisé en partenariat avec l'Institut culturel italien d'Alger. Auteur de Nous nous sommes tant aimés (1974), Affreux, sales et méchants (1976) et Une Journée particulière (1977), parmi une trentaine de films réalisés, ce monument du cinéma mondial a, de plus, marqué toute une génération de spectateurs algériens. Au programme aussi des master-class avec les quelques réalisateurs qui évoqueront avec nous le lendemain leurs films diffusés la veille. On citera le Turc Nuri Bilge Ceylan, Ridha Behi de Tunisie, le Libanais George Hachem pour son film Balle perdue, l'Espagnol Agusti Villaronga pour son film Pain noir et enfin le producteur français Marc Bashet. En plus de ces réalisateurs, le film italien Terra Ferma de Emmanuelle Crialese sera accompagné d'un critique cinéma pour sa présentation. Le film chypriote Fish n'chips sera projeté en présence de son réalisateur Elia Demetriou. Pour les masters-class, l'Aarc qui a d'ores et déjà invité les réalisateurs algériens à y participer, a privilégié aussi les étudiants de l'Inad de Borj El Kiffan et l'école audiovisuelle de Ouled Fayet. Le film algérien Normal sera représenté par le comédien Nadjib Oulebsir. Les projections auront lieu à 13h30, 15h, 15h30 et 18h.

Soutien aux ONG, PME et chambres de commerce Lobbying américain pour booster l’économie de marché en Algérie

Entre gestion socialiste et économie de marché, l’Algérie balance. Si les discours officiels plaident dans leur globalité pour une ouverture de la sphère économique et commerciale à une contribution plus importante du privé, le verrouillage progressif des clés du marché agace.


Le Forum des chefs d’entreprises a affiché, à plusieurs reprises, ses positions quant aux mesures prises par le gouvernement pour réglementer l’investissement qu’il soit national ou étranger. Des positions qui ont souvent fait l’objet de polémiques au moment où de l’autre côté de l’Atlantique, le département d’Etat américain vient de lancer une nouvelle opération de lobbying afin de favoriser l’économie de marché dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (Mena). Le Middle Est Partnership Initiative (Mepi), programme du bureau pour le Proche-Orient affilié au département d’Etat américain, qui dispose déjà d’une implantation régionale au Maghreb via son bureau de Tunis, compte soutenir les campagnes de promotion de l’économie de marché dans la région.

L’Algérie est d’ailleurs l’un des pays concernés par cette initiative. Le Mepi veut financer ainsi des projets issus d’ONG, d’entreprises privées ou autre organisation défendant l’économie libérale, via la diffusion de bonnes politiques économiques ainsi que le renforcement des capacités des associations. Seule condition posée par le Mepi, les projets présentés ne devront pas bénéficier d’un financement préalable d’un bailleur de fonds.

Le Mepi invite d’ailleurs tout acteur – que ce soit organisation patronale, syndicat, établissement d’enseignement supérieur (à but lucratif ou non) et même PME et chefs d’entreprise à titre individuel – à présenter une candidature afin de bénéficier de l’aide du programme. L’objectif assigné est clair : il s’agit de «soutenir les organisations et individus préconisant une économie plus libérale et plus transparente dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord», précise le Mepi dans sa présentation du programme.
L’initiative tend également à mobiliser la communauté d’affaires autour de l’amélioration de la gouvernance économique et le développement de l’entreprenariat.

Le programme du Mepi s’appuie sur trois axes : plaider pour une économie libérale et transparente, former les professionnels et les entrepreneurs en herbe et soutenir les organismes de développement commercial au Maghreb. Il faut noter dans ce sens que le Mepi est un programme essentiellement tourné vers le lobbying, étant «conçu pour dialoguer directement avec les populations de la région Mena». Le programme a tissé ses relations au cours des années avec les ONG, le secteur privé, les établissements universitaires et les gouvernements. En Algérie, le programme a déjà concédé sur le plan économique et commercial un soutien au Cercle pour l’action et la réflexion autour de l’entreprise (CARE) pour des sessions de formation pour les décideurs algériens sur les principes de la réforme économique et le marché mondial, une aide à la Chambre algérienne de commerce et de l’industrie pour une conférence réunissant les promoteurs algériens de PME ayant un potentiel de croissance vers l’exportation.
Le Mepi a alloué depuis 2002 à hauteur de 650 millions de dollars d’aides à plus de 1000 projets dans 18 pays.

 
 

Roumadi Melissa

 

Témoignage à l’ère du temps

A l’heure de la consternation, les champs font place aux batailles. Oh là ! J’ai ouïe dire que le monde ici- bas n’était plus que fracas ! Mais je crois entendre dans les recoins des esprits songeurs qui peuplent notre planète un air de changement. A l’heure des débats, j’ai le cœur qui palpite, la gorge sèche et je pense que l’humain a atteint l’apogée de son indignation. Et le mépris exercé depuis toujours par nos élites politiciennes à notre égard me pousse à rédiger ces lignes. La parole de la jeunesse est rare. Les bons mots se trouvent difficilement. L’orgueil m’a empêché de m’exprimer. Est- ce véritablement de l’orgueil ? Non, ce n’est qu’un malaise, une peur d’écrire résultant du climat instauré par le pouvoir en place depuis tant d’années afin que nous nous taisions. « L’écriture est d’un autre temps ! Elle date de Rousseau ou Robespierre ! » Ou est seulement réservé à quelques élites pompeuses de l’Académie Française croyant être écrivain comme l’expliquait si bien Monsieur Desproges. En renfort des politiciens, les grands médias nous ridiculisent, nous les jeunes, à croire que nous ne sommes qu’un troupeau triste et insignifiant sans aucune histoire ni consistance dont l’objectif premier est de cliquer sur internet, faire du buzz avec des conneries, fumer du shit, se bourrer la gueule et finalement utiliser ces éléments comme prétexte pour ne pas prendre en considération notre parole au moment des débats sur les sujets les plus importants qui concernent notre présent et notre avenir.

Nous ne sommes pas stupides ! Voilà pourquoi j’écris sur papier, sortir la plume reste selon moi l’arme la plus efficace. J’espère que ce message parlera à bon nombre de lecteurs et vous poussera à faire usage de cet exercice car votre parole compte plus que tout ! La situation est critique et on le sait. Les gouvernements jouent avec nos nerfs et détruisent le sens même de ce qu’est la vie. Le capitalisme est un mode de fonctionnement économique absurde et inhumain. Nous ne sommes que de la bouillasse bonne à vivre dans la crasse et les restes ! Leurs fausses paillettes couleur d’argent qu’ils déversent sur les peuples pour recouvrir la merde doré qu’ils ont chiés pour nous calmer imaginent nous aveugler en détournant nos pensées de la triste réalité. En vain ! Voilà ce que nous sommes pour ces gens, rejetés et invités à rejoindre les rangs dès que notre révolte de jeunesse se sera apaisée au fil des années. La révolte ne cessera jamais de battre dans mon cœur ! Notre génération sera celle qui pourra clamer haut et fort : « On l’a fait ! ». Un monde meilleur est possible ! Le ton monte. Je sens déjà vibrer sous moi le grondement des pas des résistants sur le béton des rues de Paris. La révolte gronde. Les médias le cachent si mal. La peur s’intensifie du côté des dirigeants et leur haine proportionnellement. Les peuples souffrent, meurent, s’effacent. Le danger reste, s’accroît. Nous atteignons un tournant. Deux choix s’offrent à nous : se résigner ou résister ! J’en appelle au bon sens. J’en appelle à l’être humain. Combien de guerres, de meurtres, d’abominations faut-il encore pour qu’une prise de conscience générale à l’échelle planétaire s’impose. L’espèce humaine survit, mais ne meurt pas. C’est donc l’instinct de survie qui nous maintien. L’humain aspire à la vie, pas à la mort. Des élites capitalistes nous font souffrir du pire du pire au pire de ton quotidien : toi citoyen Français plus ou moins pauvre voire moyen.

La vie est faite pour vivre. La vie est faite pour toi, pour moi, pour nous. La vie est faite de choix mais seulement de tes choix. La vie n’est pas faite pour suivre les choix qu’une société inhumaine t’impose insidieusement. Alors oui, il y a des valeurs fondamentales. Elles se résument à la vie, la paix, à ce que l’humain vive dans la plus parfaite harmonie avec le monde qui l’entoure et prospère. Ne considères- tu pas que les notions imposés par les sociétés depuis la nuit des temps telles que le « travail-argent-profit » par exemple est à remettre en cause ? Seul le « travail-passion » propre à chacun doit être de rigueur. Les mots tels que « travail » et « patron » trouvant leurs racines communes dans l’argent, NON ! Oui j’irai le plus loin où les idées permettent d’aller. La vie depuis ta naissance ne devrait- elle pas se résumer à vivre ?! Vivre ce que ton cœur, tes passions t’invitent à découvrir sans pression, sans stress, sans argent… Simplement vivre ton aventure d’être humain puis laisser tes découvertes à tes descendants qui prendront le relais. C’est ça le progrès ! Or tout le système capitaliste dans le lequel nous vivons incite l’humain à une chose : sa destruction par lui- même. La déchéance, le racisme, la dépression et autres maladies psychologiques ou physiques, les guerres, les suicides. Tout vise à la destruction de soi et des autres. Tout vise à ta destruction car si simple soit- il : le mal c’est mal et faire ou vivre dans le mal te fait du mal.

Ma définition du mal serait l’attitude porté par un être doté d’une intelligence, d’une conscience dont ses actes conscient ou inconscient entraînent la destruction de son espèce et donc de lui-même. La valeur première de la société actuelle est l’argent. Du papier, du chiffre qui réveillent les aspects les plus repoussants de l’être humain, l’envie de possession, de pouvoir et se répercutent au niveau de tous les comportements (in)humains à l’échelle planétaire. Ma vision de la situation et de ce que doit être la vie ne tombe pas du ciel. Elle est l’accomplissement d’une réflexion à l’ère du temps. A l’aube du 21ème siècle, la véritable question est : laissons-nous s’éteindre notre espèce car oui nous ne sommes qu’une espèce vivante parmi d’autres sur cette planète ou décidons- nous de mener le début d’une révolution mondiale visant à vivre, aimer, aider et arrêter de se détruire et détruire notre Terre ?

Si l’utopie s’empare des peuples, elle devient réalité.

 

Florent Le Bon.

Un jeune de 20 ans des quartiers Est de Paris.

Le directeur régional de l’agence de développement social, à « Réflexion

L’ADS : UN OUTIL D’EQUILIBRAGE ET D’ACCOMPAGNEMENT
La jeunesse algérienne représente 70% de la population. Ce potentiel important exprime l’ampleur des besoins de cette tranche d’âge qui est dans sa majorité demanderesse d’emplois. Or, Le taux de chômage officiel en Algérie serait d’environ 10% selon l’ONS mais de plus de 15% pour des économistes indépendants. Le chômage ; selon une estimation arrêtée au 4e trimestre 2010 par l’Office national des statistiques (ONS), touche principalement les jeunes.



Le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) atteint 21,5%, soit près d’un jeune actif sur cinq, alors que celui des adultes (25 ans et plus) s'établit à 7,1%, note l'Office national des statistiques (ONS), qui précise que  21,3% des chômeurs ont moins de 25 ans, près de trois chômeurs sur quatre sont âgés de moins de 30 ans et 86,7% ne dépassent pas 35 ans, comme mentionné dans  le rapport de la Banque mondiale de l’année 2010. En effet, sur les 120 000 diplômés qui quittent chaque année les bancs des universités du pays, 50 000 jeunes se retrouvent sans travail, soit 40%.  Face à ces chiffres alarmants, l’Etat  et tous les acteurs concernés sont placés devant un grand défi, celui de concevoir une politique salariale pouvant réduire ce taux important de chômage et offrir une égalité de chances à ces jeunes diplômés ou pas.

L’ADS, un instrument d’équilibre
L’urgence étant d’évaluer à leur juste ampleur, les besoins professionnels et attentes des jeunes. Plusieurs acteurs doivent contribuer à cet effort d’identification et de mise en œuvre de la politique salariale. L’étude réalisée en 2010 par l’ONS ; révèle que la  proportion des jeunes chômeurs sur le total des chômeurs est de 43,2%, plus de 25% des jeunes de 15 à 24 ans ne sont ni scolarisés ni intégrés dans la force de travail. 72% des demandeurs d'emploi sont âgés de moins de 30 ans. Cette étude montre également que le “chômage touche davantage les universitaires et plus particulièrement les diplômés : alors que le taux de chômage parmi la population n’ayant aucun diplôme est estimé à 7,3%, celui des diplômés de l’enseignement supérieur atteint 21,4%. Sur les 120 000 diplômés qui quittent chaque année les bancs des universités du pays, 50 000 jeunes se retrouvent sans travail.
Ils n’arrivent pas à s’intégrer dans la société, rencontrent même des difficultés à trouver un travail. Pour tenter de répondre à  ces besoins grandissants de cette jeune population, le gouvernement a mis  en œuvre un plan d’action (2010-2014) pour créer les conditions d’une dynamique de développement. Plusieurs acteurs interviennent au profit de la jeunesse dont différents ministères mais aussi des structures d’appui telles l’ANSEJ, l’ANGEM, l’ANEM, la CNAC et l’ADS. Si les précédentes agences citées sont connues des jeunes, l’ADS (Agence de développement social) reste la moins connue de la jeunesse.
Pour cela le journal « Réflexion » a jugé opportun d’inviter dans ses locaux, le Directeur Régional de cette agence M.Bouchefer Djamel afin de nous éclairer sur les missions et champs d’intervention dans le cadre du traitement du chômage et de la précarité. M.Bouchefer nous dira que l’ADS a été créée en 1996 par décret exécutif pour renforcer le dispositif en matière d’action sociale. Elle jouit de l’autonomie financière et administrative et est placée sous la tutelle du ministère de la solidarité nationale et de la famille.  Elle se déploie  à travers plusieurs wilayas grâce à ces onze antennes. L’antenne régionale de Mostaganem couvre les wilayas de Mostaganem, Oran, Relizane, Mascara et Chlef.
«  L’objectif de la direction Générale est de créer une antenne par Wilaya pour assurer la proximité » souligne M.Bouchefer. L’ADS a pour mission la promotion, la sélection et le financement  d’actions en faveur des démunis, des projets ou travaux employant une main d’œuvre importante en nombre, finance le développement des micro-entreprises.

Les multiples missions de l’ADS
Le programme de l’ADS s’articule autour de huit axes qui se résument comme suit :
A/ Le filet social  visant les personnes sans ressources: Il englobe deux programmes :
1-    L’allocation forfaitaire de solidarité (AFS) , il s’agit des 3000 DA/mois versés  à des populations défavorisées et inaptes au travail
2-    L’indemnité pour activité d’intérêt général (IAIG). Ce programme s’emploie à intégrer des catégories sociales démunies dans des chantiers d’activités d’intérêt général moyennant une indemnité de 3000DA/mois.
B/l’appui au filet social : il est axé sur :
1-    L’éveil communautaire et l’action de proximité : ce programme consiste en la réalisation de petits projets d’infrastructures de base identifiés par les populations elles mêmes selon leurs besoins prioritaires  locaux.
Cette  démarche vise l’implication de la population dans la réalisation d’un projet qui lui soit utile afin que l’agence acquière son adhésion et assure ainsi la sauvegarde de l’ouvrage réalisé en commun. Derrière ce travail, l’objectif visé est celui de susciter l’éveil communautaire des populations démunies et l’amélioration de leurs conditions de vie. Ils sont aidés dans ce travail par des cellules de proximité  et solidarité(CSP) mobilisées par l’ADS, composées d’équipes pluridisciplinaires de quatre membres (sociologues, psychologue, médecin et assistant social).
2-    Le dispositif d’emploi d’attente qui s’articule sur trois axes : les TUP HIMO (travaux d’utilité publique à haute intensité de main d’œuvre. Ce programme est conçu dans l’objectif de faire émerger et développer le tâcheronnat et la micro entreprise. Il n’est exigé aucune qualification spécifique ni expérience de la part des chômeurs, demandeurs de ces emplois qui touchent à des réparations  de réseaux d’AEP, et assainissement, le reboisement etc..ce ne cependant pas des emplois permanents, mais une transition vers une éventuelle promotion.
C/le programme d’insertion des diplômés « PID » : il s’intéresse à l’insertion  dans le marché du travail, des jeunes diplômés des universités et des instituts de formation professionnelle. Les bénéficiaires de ce dispositif peuvent toucher une indemnité mensuelle de 25 000dinars lorsqu’ils s’inscrivent à une formation.
D/ le dispositif d’activité d’insertion sociale « DAIS » : il consiste à placer les jeunes (de18-40 ans) chômeurs sans qualification  dans des postes d’emploi temporaires liés au développement local. Les bénéficiaires peuvent  suivre une formation compatible avec les taches qui leur incombent.

L’ADS prend en charge des enfants atteints de maladies incurables
L’ADS réfléchit à  la mise en œuvre d’outils en vue de la prise en charge des enfants atteints de maladies incurables. Plusieurs personnes souffrant de multiples handicaps, dont : les déficients mentaux, les handicapés moteurs, les trisomiques, les non voyants et autres catégories bénéficient en majorité de l’aide sociale.
Les cellules de proximité font un travail de font auprès des familles afin de recenser les besoins de cette catégorie de population en difficulté nous confie le directeur régional de l’ADS. Ace propos, il nous dira que l’agence vient de prendre en charge de l’équipement avec toutes les commodités de la salle de sport réalisée à Mostaganem au profit des personnes atteintes de trisomie. Il y a lieu de signaler que toutes ces activités sont mises en œuvre par la DASS.  Il faut saluer aussi le travail des agents de l’action sociale qui se trouvent au niveau des communes pour être à l’écoute  de tous ces jeunes qui vivent dans leur majorité dans la précarité. Pour conclure M.Bouchefer Djamel persiste à dire que «  l’ADS tend la main aux collectivités locales » et d’ajouter que  pour être convaincante, tous les acteurs du social doivent «  aimer le social » une expression souvent employée par le directeur général de L’ADS M. Rachedi Med Fouad. Malgré tous les efforts consentis pour lutter contre la précarité, l’ADS et tous les autres intervenants, pouvoirs publics et différents dispositifs ont du pain sur la blanche en matière de création d’emplois stables et durables ce qui épargnerait aux jeunes beaucoup de stress lié à leur situation professionnelle.  Le défi est grand, l’enjeu est important car il s’agit rappelons-le de 70 % de la population qui a besoin de vivre dignement.  

Les dinosaures ont la peau dure

Entre le discours et le terrain, il y a vraiment un monde de désillusions et comme une tromperie sur la marchandise. Les dernières réformes politiques, même labellisées insuffisantes, donnent cette impression de leurre pour les naïfs. Combien de fois le mot changement a-t-il été prononcé et conjugué à tous les temps ? Cinquante ans après l’Indépendance, on pensait que le relais passerait du système clanique et tribal à celui de la compétence et de la jeunesse. Malheureusement, cette dernière est toujours tenue en dehors des cadres institutionnels, longtemps habitués au ronronnement des gens du passé, la plupart arrivés au stade de leur incompétence.
Sinon comment expliquer ces haches de guerre déterrées entre compagnons de militantisme par défaut ? Au niveau des partis ayant pignon sur rue par ancienneté et cooptation, les premières places sur les listes électorales font l’objet d’âpres négociations basées non pas sur un bilan d’un député sortant et qui veut rempiler ou sur la force et la conviction de ceux qui veulent se jeter à l’eau mais sur des calculs purement sectaires. Quant aux petits nouveau-nés arrivés en politique par césarienne, la mise à prix pour la tête de liste est mise aux enchères et se dispute par millions de dinars, au vu et au su de l’administration. Néanmoins, le bel alibi pour ces joutes prochaines est la femme et le casse-tête qui consiste à intégrer dans la recette ces “20% d’ingrédients obligatoires”. D’autant que la plupart refusent d’être des succédanés ou des joueurs réservistes pour combler un vide à remplir.
Les éternels absents demeurent cette majorité de jeunes ballottés entre le rêve de devenir enfin citoyens à part entière et celui du désintérêt de la chose politique squattée par les vieux jusqu’à la sénilité.
Pour pousser le bouchon, on appelle cette même génération d’après-1962 et même d’après-1990 à aller voter et à choisir son représentant dans une génération aux repères périmés, à leurs yeux.
Tant que les dinosaures seront les décideurs de demain, par la force ou le jeu d’intérêt obscur, il est difficile de demander à la seule force vive de ce pays d’apporter une caution.
On n’est pas encore prêt à faire le grand pas en avant et entamer une vraie transition avec un passage de témoins, sans violence, si on en juge par les têtes de liste rendues publiques par indiscrétion.


Par : Outoudert Abrous

mardi 27 mars 2012

JOURNÉES RÉGIONALES DE LA CHANSON CHAÂBIE Guelma a vibré au rythme des «qacidate»


Cheikh Hsinou Fadeli 
Cette manifestation, première du genre dans la paisible wilaya de Guelma, entend «ressusciter» le patrimoine national et celui du terroir en matière de chanson chaâbie.
La paisible wilaya de Guelma a vibré, la semaine dernière, pendant trois jours de suite, les 18, 19, et 20 mars dernier, au rythme de la chanson chaâbie, et ce à l'occasion des premières Journées régionales de l'Est algérien de la chanson chaâbie. Des journées initiées par la ministre de la Culture et la Direction de la culture de Guelma, sous le haut patronage du wali de Guelma. Cette manifestation, première du genre, dans la paisible wilaya de guelma entend «ressusciter» le patrimoine national et celui du terroir en matière de chansons chaâbies. L'initiative vise également, selon les organisateurs, à présenter au grand public des figures locales de la chanson chaâbie qui activent le plus souvent loin des feux de la rampe. Une quinzaine de maîtres de ce genre populaire, issus de différentes wilayas de l'est, se sont produits sur les planches de la salle de cinéma Ennasr de la ville de Guelma. Les Boughazi Kamel de Guelma, Berri Ahmed de Jijel, Mebarkia Abdenebi de Sétif, Mourad Remiti de Annaba et Hsinou Fadeli de Béjaïa ont présenté une palette de «qacidates» et autres chansons populaires, très appréciées par le public de Guelma, tous âges confondus. Ce dernier, Hsinou Fadeli de Béjaïa la relève émérite du défunt et feu Chikh El Hadj El Hachemi Guerouabi, son passage a été fort apprécié par les mélomanes du genre chaâbi. Il nous déclare à cet effet, tout son bonheur d'avoir réussi son passage et avoir plu au public guelmi. «Tout d'abord je tiens à féliciter et à remercier tous ceux qui ont initié, préparé et organisé cet évènement qui est une façon de ressusciter le patrimoine national matériel et immatériel en matière de chanson chaâbie. Je suis aussi heureux et honoré d'avoir été choisi pour représenter la wilaya de Béjaïa dans cette belle manifestation tout en souhaitant d'autres évènements dans le genre pour ancrer définitivement ce genre musical ancestral dans notre société notamment pour les générations futures». La soirée de clôture, marquée par la présence d'un public venu nombreux, a vu la participation de la vedette algéroise Rédha Doumaz qui a enflammé la salle par ses chansons bien connues du large public. Les présents à la soirée de clôture, des jeunes et moins jeunes, se sont donné à coeur joie, à l'occasion de cette soirée artistique. Egal à lui-même, Redha Doumaz a interprété une palette de son riche répertoire musical, en faisant revivre des moments intenses notamment aux adeptes, amoureux et nostalgiques de la chanson chaâbie. «J'ai été ravi de prendre part à ces journées régionales de la chanson chaâbie qui est un tremplin pour la sauvegarde et la pérennisation du genre musical chaâbi très partagé par la quasi-totalité de la société algérienne. Je souhaiterais du fond du coeur voir d'autres wilayas suivre l'exemple et la belle initiative de Guelma». L'auteur de «Moulat el aïn ezzerka» la chanson qui l'a fait connaître au grand public, a eu droit à une ovation des spectateurs présents.
Par  

FESTIVAL DU CINÉMA AMAZIGH Coup d'envoi à Tizi Ouzou


Coup d'envoi à Tizi Ouzou 
Et c'est parti pour une nouvelle édition qui verra notamment la projection de plusieurs films en compétition pour l'Olivier d'Or.
C'est en présence de Abderrahmane Bouguermouh, réalisateur de La Colline Oubliée, premier long métrage professionnel en langue amazighe, que le coup d'envoi de la douzième édition du Festival du film amazigh a été donné dans la soirée de samedi à dimanche derniers. Environ quatre cent festivaliers se sont donné rendez-vous au Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou. Prévu, à 17 heures, la cérémonie d'ouverture n'a finalement eu lieu qu'à 18h30, car il fallait aux organisateurs beaucoup d'efforts pour apporter les dernières retouches aux préparatifs pour un festival de cinéma dans une wilaya dont l'infrastructure fait cruellement défaut. C'est Assad El Hachimi, commissaire du festival lui-même qui fait ce constat quelques minutes avant le début de la fête du grand écran. Ce n'est pas seulement l'infrastructure qui fait défaut, la production également n'est pas à la hauteur d'un tel festival dont les efforts des organisateurs sont énormes. Des efforts qui ne cesseront de se poursuivre jusqu'au 28 mars en cours car le plus dur n'est pas seulement avant le coup d'envoi du festival mais, aussi tout au long de son déroulement. Le défi est désormais relevé par une équipe infatigable et optimiste, un optimisme qui peut par moment paraître démesuré car en l'absence d'une production conséquente de qualité, le commissariat du festival à lui seul ne peut relever tous les défis en même temps. Mais pour l'instant, ce commissariat réussit à chaque fois à tenir sa promesse celle de maintenir le festival de façon régulière et avec une organisation qui ne cesse de se perfectionner d'année en année. Sur le plan organisationnel, on peut le dire sans risque de se tromper, tout est ajusté à la perfection. On ne peut pas conjecturer qu'avec les moyens dont dispose l'équipe d'organisation, on pourrait faire mieux. Une documentation riche et variée est distribuée aux participants et à la presse: un nouveau numéro de la revue Assaru-cinéma, des CD et cette fois-ci, le festival édite même une gazette quotidienne le concernant. Le sans oublier que le site Internet du festival est réactualisé à la minute près. L'équipe du festival fait si bien son travail, reste aux réalisateurs et aux autres acteurs du domaine de faire le leur pour permettre à ce festival de conquérir ses lettres de noblesse.
En attendant revenons-en à la cérémonie d'ouverture: Abderrahmane Bouguermouh est appelé à monter sur scène. Une explosion d'applaudissements suit la prononciation du nom du réalisateur, qui est entré dans l'Histoire puisqu'il a été le premier à avoir réalisé un film professionnel en kabyle. La salle se lève quand Abderrahmane Bouguermouh est devant le public. Un responsable de l'office national des droits d'auteurs offre un prix de reconnaissance à Abderrahmane Bouguermouh, puis Aomar Hakkar, réalisateur et président du jury de l'Olivier d'or offre également un cadeau au même réalisateur. C'est le moment le plus touchant de la cérémonie d'ouverture. Puis, place est laissée à quelques spectacles avec des lectures de poésie, de comédie et autres tours de magie avant de céder le tour à la projection de films de la Libye, invité d'honneur pour cette nouvelle édition.
C'est hier dimanche qu'a eu lieu le début des projections des films en compétition pour l'Olivier d'or qui sont au nombre de quinze, tous genres confondus: courts et longs métrages et documentaires. En plus de la Maison de la culture de la ville de Tizi Ouzou et du Théâtre régional Kateb-Yacine, les projections se déroulent dans les villes d'Azazga, Aïn El Hammam, Azzefoun, Drâa EL Mizan et Larbâa Nath Irathen. Au total, quatre cent festivaliers et quatre-vingt journalistes prennent part à ce festival qui s'étalera jusqu'au 28 mars.
Parmi les invités de marque du festival, on peut citer le grand réalisateur Mohamed Lamine Merbah qui va animer une conférence sur le cinéma national et la relève. Par ailleurs, puisque la tenue de ce festival coïncide avec le cinquantenaire de l'indépendance, les organisateurs annoncent la tenue d'une journée d'étude à Larbâa Nath Irathen le 27 mars autour du thème «l'image au service de la révolution», animée par Louiza Ighil Ahriz, Youcef El Khatib, Ali Haroun, Abderrahmane Bouguermouh, Mohamed Bensalah et Daniel Maoudj.

CLÔTURE HIER DU SALON INTERNATIONAL DE L'AUTOMOBILE Il a drainé un monde comme jamais vu


Le Salon international de l'automobile a baissé rideau après avoir connu une affluence record.
Ce salon a été l'occasion pour les concessionnaires d'écouler leurs stocks 
Contrairement aux éditions précédentes, le Salon de l'automobile, cette année, a drainé un monde fou. Du jamais-vu. Avec plus de 50 exposants, c'était une véritable opportunité pour les concessionnaires de démontrer le succès de leur mode d'organisation. La 15e édition du Salon international de l'automobile d'Alger, qui s'est déroulée durant 10 jours au Palais des expositions (Pins maritimes), a réuni toutes les firmes présentes en Algérie... qui n'ont d'ailleurs fait que vendre.
Du côté du Palais des expositions (Safex), dix jours durant, l'ensemble des participants ont tenté de réussir un sans-faute... et ils ont presque reussi. L'opportunité était offerte aux membres de l'AC2A, mais également à la Safex, de souligner la création d'espaces dédiés à l'encouragement des investissements économiques dans le secteur automobile et la promotion de la sous-traitance nationale, la prévention et sécurité routières et la mise en place d'un programme d'animation multiforme traitant de thématiques d'intérêt national. Des promotions et des surprises, tout y était. Et des foules de visiteurs étaient là pour la découverte. Des «pics» ont été constatés durant les week-ends, rappelant ceux que connaissait autrefois la Foire internationale d'Alger. Avec ses dizaines d'hectares, le Palais des expositions des Pins maritimes, situé à 10 km à l'est d'Alger, s'est avéré incapable de contenir un tel événement. Le bâti n'aura pas suffi à contenir tout les modèles et les parkings n'ont pas pu contenir aussi les visiteurs affluant sur la foire.A l'intérieur, les stands débordaient de véhicules. A l'extérieur, des fourgons tôlés, des camions à benne, à plateau ou des frigos et même des véhicules de tourisme, étaient entreposés dans le désordre.De l'avis des concessionnaires, le SIA n'a jamais connu autant de commandes. D'ailleurs, ce salon a été l'occasion pour les concessionnaires d'écouler leurs stocks. Plus aucun véhicule de disponible chez la majorité d'entre eux, et cela au moins jusqu'au moins de juin. L'exemple de la Skoda Fabia Monte Carlo est le plus frappant. Cette série limitée présentée par Sovac s'est écoulée en moins d'une semaine. Et malgré cela, les potentiels acheteurs continuaient à affluer dans l'espoir d'en commander. C'est le cas aussi pour les Polo de Volkswagen et les Ibiza de Seat qui sont présentées par le même concessionnaire, à savoir Sovac. Donc, en plus d'avoir connu une affluence record, le 15e SIA a démontré la passion qu'ont les Algériens pour l'automobile.
A côté de l'automobile, d'autres stands d'un autre type ont attiré les foules. Il y a eu la présence de stands d'associations de prévention des accidents de la route, de la Protection civile, de la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), de la Gendarmerie nationale... Vulgariser, expliquer, écouter, étaient les maîtres mots qui s'échangeaient pour sensibiliser et convaincre les visiteurs sur la réalité de l'insécurité routière.
Au-delà des efforts consentis par les éléments du département spécialisé en accidentologie à l'Institut de la GN de Bouchaoui et des escadrons de la Dgsn, on relèvera le merveilleux travail que font des associations qui ne lésinent pas sur leurs efforts. L'association El Baraka a également occupé un espace important lors de ce salon pour expliquer aux visiteurs les conséquences de l'insécurité routière. En somme, et pour revenir au monde de la voiture, une certitude nous vient à l'esprit: les Algériens achètent! «Qui a dit que l'Algérien n'est pas riche?», tranche Samir en souriant.
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COMMÉMORATION. L’AMITIÉ FRANCO-ALGÉRIENNE ENTRETENUE PAR DES INITIATIVES PERSONNELLES ET ASSOCIATIVES, À TRAVERS DES RENCONTRES POUR MIEUX COMPRENDRE LE PASSÉ, ET SES INCIDENCES SUR LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE. Guerre d’Algérie : la marche des jeunes vers la réconciliation

Universitaire ayant fui son pays en 1993 par crainte d’y être assassinée, Assia Yacine renoue des ponts entre les deux pays, en créant des bibliothèques.

Qui sait que derrière la formidable initiative née à Dijon en 1998, consistant à créer des bibliothèques en Algérie, se cache le parcours douloureux d’Assia Yacine ? « Pendant la guerre, mon père, boulanger dans le village de Tigzirt, a été torturé. Il faisait partie des résistants contre une colonisation injuste… A l’indépendance, il est devenu fonctionnaire. Il est mort en Algérie à 79 ans, avec un sentiment de désillusion par rapport à l’avenir de son pays. » Et d’expliquer : « La cause du combat de la guerre était juste. Mais cette indépendance a été à nouveau confisquée. On est passé d’un état de grâce, où il n’y avait pas de chômage, où on avait le sentiment que le pays se reconstruisait avec plus de justice et d’équité, à tout autre chose.

Progressivement, la situation s’est dégradée en laissant de plus en plus de place à l’islamisme politique. J’étais devenue professeur de biologie à l’université d’Alger. Comme des milliers d’universitaires et d’intellectuels, gens de savoir et de culture dans les années 90-93, j’ai dû quitter l’Algérie car ma vie était directement menacée. Trois de mes collègues avaient été assassinés dans les locaux de cette même université par les terroristes islamistes. Les gens de ma génération, qui avaient peur pour leur peau, avaient repris pour leur compte l’expression utilisée pendant la guerre d’Algérie par les pieds noirs : « La valise ou le cercueil. »

Assia Yacine, aujourd’hui âgé de 58 ans, est arrivée en France en 1993, à Dijon en 1996. « Il m’a fallu dix ans pour me remettre de cette apocalypse : quitter son travail, sa famille, et se reconstruire ailleurs. Aujourd’hui, la situation de l’Algérie n’est pas réjouissante ; on n’entrevoit pas de perspective d’avenir pour notre jeunesse. Pourtant, celle-ci a un incroyable potentiel ! C’est aussi pour cela que nous avons fondé l’association “Un livre une vie”, pour faire de la résistance à l’obscurantisme, donner à lire, permettre l’ouverture d’esprit, permettre aux esprits de s’ouvrir sur la vie, sur l’univers. “La bibliothèque publique est une force vivante au service de l’éducation, de la culture et de l’information et un moyen essentiel d’élever, dans les esprits, les défenses de la paix et de contribuer au progrès spirituel de l’humanité”. Cette phrase, extraite du manifeste de l’Unesco, me porte, et guide nos actions, parce que les actions culturelles et artistiques concrètes contribuent à s’enrichir les uns les autres, à lever les préjugés, à cultiver la paix et la solidarité entre les peuples. »

3 000 livres par an
Concrètement, depuis 1998, l’association “Un Livre, une Vie” a créé huit bibliothèques en Algérie. Pour ce faire, elle y envoie 3 000 livres chaque année. De nombreux bénévoles travaillent à cette mission toute la semaine dans les locaux de l’association à Chenôve (1).

Des artistes et créateurs algériens, écrivains, musiciens, plasticiens, sont aussi régulièrement invités par l’association. « Le partage des savoirs, c’est de la réconciliation », souligne Assia Yacine, se sentant aujourd’hui avant tout “citoyenne du monde”.

« Le but est de cultiver la paix entre les peuples. C’est pourquoi nous organisons beaucoup de manifestations à Dijon, à Chenôve, en Côte-d’or, ainsi qu’en Algérie, pour amener les gens à débattre et à réfléchir ; parce que la culture est fondamentale pour élever les esprits. Et que l’éducation est l’un des piliers pour qu’une société puisse se porter bien. À ce titre, la suppression de l’enseignement de l’histoire dans certains programmes est grave. Quand on connaît son histoire, on est armés pour avancer. Le fait de ne pas la connaître peut entretenir des idées fausses, et être le ferment d’une évolution qui n’est pas souhaitable. Il faut aussi, dans la société, ne pas entretenir un climat suspicieux : stigmatiser la jeunesse française d’origine maghrébine qui, pour la majorité d’entre elle connaît peu ou mal cette partie de son histoire qu’est la guerre d’Algérie, constitue un frein au mieux vivre ensemble, et à l’épanouissement collectif. »

(1)Association Un livre, une vie, 22 boulevard Henri-Bazin, 21300 Chenôve.

Tel : 03 80 52 30 67. Courriel : unlivreunevie@yahoo.fr.

“1962, c’est une affaire de vieux !” Les jeunes Algériens connaissent mal l’histoire de l’indépendance. Ils ne voient qu’une chose : leur pays est devenu une cage dans laquelle leurs rêves s’étiolent.

Nés durant la crise des années 1980 ou pendant la folie meurtrière des années 1990, les jeunes Algériens rêvent de liberté. Du combat des hommes du 1er novembre [1954], ils ne retiennent que de vagues notions apprises à l'école. "L'indépendance représente la fin d'une galère et l'avènement d'une autre, plus grande encore", nous dit ainsi Amine, soulignant qu'il ne peut s'empêcher de penser que l'Algérie ne méritait pas un tel destin.

"J'étouffe", nous dit-il. Sur ses frêles épaules repose une pression presque inhumaine. "Nous avons des projets plein la tête, des ambitions, mais toutes les portes sont fermées. Face à cela, nos parents attendent beaucoup de nous et tout ce qu'on peut leur offrir, c'est l'image d'un jeune qui regarde le temps passer." Amine "étouffe" parce qu'à vingt ans on l'empêche de rêver. "Ceux qui ont pris les armes contre la France étaient des jeunes épris de liberté : que sont-ils donc devenus ?" s'interroge-t-il.

Certains feignent l'indifférence à l'approche de l'anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars [à la suite des accords d'Evian du 18 mars 1962], affirmant avoir d'autres préoccupations. Et pour cause : la majorité de ces jeunes, sans rentrées d'argent, tournent en rond. "Nous n'arrivons même pas à trouver un petit job pour avoir de quoi faire du ‘flexy' (recharges téléphoniques) et acheter un paquet de cigarettes. A mon âge, je dois encore mendier de l'argent à mes parents, et vous venez me parler d'indépendance !" ironise Ahmed, "parkingueur", autrement dit gardien autoproclamé de parking à ses heures perdues.

Pour sûr, il ne sert à rien de déterrer les gloires passées si l'avenir est incertain. "Nous ne trouvons même pas un F1 (studio) dans lequel nous pourrions nous abriter et fonder une famille. Comment voulez-vous qu'un gars qui touche 30 000 DA [303 euros] puisse louer un appart à 35 000 DA [354 euros]. Ils veulent faire de nous des voleurs", s'insurge pour sa part Mohammed, agent de sécurité dans une entreprise de téléphonie mobile.

Au menu de leurs tourments figurent notamment la maârifa, c'est-à-dire le piston conditionnant les embauches, les tchippas, commissions indispensables pour faire de petites affaires, ainsi que les beggara, ces parvenus enrichis durant les années du terrorisme [les années 1990] qui les narguent avec leurs grosses voitures et leurs belles villas. Les jeunes pataugent dans des problèmes qui ne devraient pas être de leur âge. C'est qu'il y va de leur virilité, disent-ils : un homme doit assurer, construire son avenir et préserver sa famille du besoin.

Leurs mots basculent entre inquiétude et espoir. Ils critiquent la qualité des cours dispensés à l'école, ainsi qu'à l'université. "Le problème des jeunes diplômés réside dans l'université elle-même. Franchement, nous avons l'impression d'y perdre notre temps", souligne Redouane. Ils ne trouvent pas de mots assez durs pour qualifier les gouvernants qui, selon leur expression, "se moquent" d'eux depuis cinquante ans. "Un froid de quelques jours a paralysé le pays [en février 2012]. A la télévision, ils trouvent tout de même le moyen de diffuser des images de l'armée dégageant les routes. Y'en a marre du mensonge et de la langue de bois", s'insurge encore Redouane.

Les frustrations sociales sont également dans la liste de leurs lamentations. "Nous aussi, nous aimerions sortir un peu, nous changer les idées, mais où ? Avec quel argent ? On veut nous enterrer vivants !" s'écrie Adel, diplômé de l'Ecole d'architecture. La vingtaine à peine entamée, il a déjà une certaine idée de l'Algérie. "C'est la foi en la solidarité qui a disparu du bled, et cela fait fuir les jeunes", diagnostique-t-il. Lui ne croit pas à l'eldorado européen. L'avenir, il ne le conçoit pas ailleurs. Mais tous ne sont pas de cet avis. S'il le pouvait, Ahmed, partirait, le plus loin possible : en Amérique, en Australie, en Chine... "Pourvu que je me sente à l'aise. Je serai enfin moi-même. Ici, on se sent dans une cage, à tourner en rond dans la cité. Les jours se ressemblent indéfiniment. Ce pays, nous l'aimons, mais nous y sommes à l'étroit."

Amel Blidi

"Normal !" : pas de printemps à Alger

Voici belle lurette que le cinéaste algérien Merzak Allouache s'est replié en France, où sa comédie Chouchou a fait un tabac en 2003 et contribué à le faire connaître du grand public. Mais le réalisateur du mythique Omar Gatlato (1976), chronique douce-amère du désarroi de la jeunesse algérienne, n'en a pas pour autant jamais oublié son pays natal, où il tourne régulièrement, prenant le pouls d'une société algérienne où la menace de la guerre civile le dispute à la stagnation autocratique du régime.

Son nouveau film, Normal !, se veut ainsi une radiographie de la jeunesse algérienne à l'heure du "printemps arabe". Il met en scène un jeune cinéaste, Fouzi, qui sous le coup de l'effervescence révolutionnaire qui traverse le monde arabe, décide de montrer à ses comédiens les rushes d'un film de fiction tourné deux ans plus tôt, dont il n'a jamais achevé le montage.

But de l'opération : confronter ce matériau, qui évoquait déjà les difficultés d'un jeune créateur face à la censure, au regard que porte sur lui ceux qui ont participé à l'aventure et qui se retrouvent, peu ou prou, dans la même situation, alors que s'embrase la rue arabe.

Normal ! se partage ainsi entre de longs extraits du film avorté et les débats contradictoires qu'il suscite quant à l'usage qu'il convient d'en faire. L'urgence consiste-t- elle à le terminer coûte que coûte ou à descendre dans la rue pour manifester ? On sent bien que ce débat imaginé par Merzak Allouache, et filmé de manière à nous en faire ressentir l'urgence, trahit des préoccupations et un désarroi qui lui sont profondément personnels.

On le sent d'autant mieux que l'histoire qu'il nous raconte est autobiographique, le film inachevé étant ni plus ni moins que le sien, relancé à nouveau frais dans Normal ! par la mise en abyme de la question de son impossible achèvement.

A cette complexité structurelle, répond un geste cinématographique qui tient un peu de la bricole et du pari, mêlant allégrement fiction et documentaire. Mais le côté "voyons voir ce que cela donne" du dispositif, l'espérance d'enlever le film en montrant précisément ce qui se ligue pour le défaire, trouve ici, hélas, ses limites. Resterait la beauté du geste.

Par Jacques Mandelbaum

Karim Belaïd, expert en télécommunications et infrastructures aux Etats-Unis : «Il n’y a pas d’autre choix, il faut aider les jeunes»

Entretien réalisé par
Smaïl Boughazi
 
La Tribune : vous êtes ici à Alger pour participer au forum. Comment évaluez-vous cette rencontre ?
Karim Belaïd : Ce qui se passe maintenant, c’est quelque chose d’extraordinaire. C’est quelque chose de positif. Cependant, nous sommes au courant de la situation de notre pays. Et il y a une réalité qu’il ne faut pas ignorer et une autre réalité aux Etats-Unis ou dans le monde occidental. Mais, il faut créer des passerelles entre les deux mondes. Je pense que nous avons les capacités de le faire parce que nous connaissons bien l’Algérie – je suis né en Algérie – et nous avons vécu une réalité qui nous a apporté en matière d’expérience quelque chose d’extraordinaire, et nous allons fournir de l’aide à notre pays parce qu’il en a besoin. Surtout pour les jeunes. Pourquoi ? Parce que c’est l’avenir, ce sont les générations qui vont fonder le développement du pays dans le futur, et nous allons les équiper avec tout les moyens et les outils pour le développement de l’entrepreneuriat.
 
Vous avez parlé de passerelles. Comment peut-on matérialiser ce projet ? 
Nous avons des experts dans le domaine la gestion d’entreprises, dans l’informatique, etc. Ils ont un potentiel extraordinaire pour mobiliser la jeunesse algérienne. Pour le moment, la réalité en Algérie, ce n’est pas l’idéal, cependant il faut progresser, il faut avoir une attitude positive pour changer les choses. Il faut adopter des solutions qui seront conséquemment adéquates au système algérien. 
Le problème en Algérie, c’est qu’il y a une absence totale du linking ou le «briging». C’est vrai qu’on a organisé des conférences, des rencontres, mais il n’ y a pas eu de suivi.  Nous sommes conscient de ce problème et nous allons faire de notre mieux pour le redresser. Si par exemple on constate des contraintes au niveau de l’administration algérienne nous allons essayer de les aplanir, on ne s’intéresse pas à la politique notre problème principal c’est d’aider les jeunes entrepreneurs par le biais d’accès directs au potentiel algérien qui réside aux Etats-Unis à travers une base de données. Le gouvernement ne doit pas ignorer l’aspect globalisation. Il faut qu’il fasse en sorte d’aider et d’ouvrir des canaux avec la diaspora et créer des passerelles. Il n’y a pas d’autres choix. Il faut aider les jeunes.

Algérie - Etats-Unis : Le « Conseil de jeunes » et le reste

« La secrétaire d’Etat américaine aux Affaires étrangères a recommandé à tous les ambassadeurs américains, de par le monde, de se consacrer à la mise en place d’un Conseil de jeunes ».


C’est ce qu’a déclaré à des jour nalistes, la sous-secrétaire d’Etat américaine chargée des Affaires publiques et de la Diplomatie publique, Kathleen Stephens, en marge d’un déjeuner qu’elle a organisé au domicile de Tashawna Bethea, la chargée du service des relations extérieures à l’ambassade américaine à Alger. Accompagnée de six membres de son département dont la secrétaire d’Etat ajointe aux Affaires publiques pour le Proche-Orient, Greta Holz, et la coordinatrice des programmes internationaux d’information, Maureen Cormack, la sous-secrétaire d’Etat américaine avait aussi à sa table la conservatrice du musée du Bardo, le représentant de l’équipe nationale A de Basket-ball, un représentant du ballet de l’ONCI, un directeur d’une école de langue et une enseignante d’anglais. Ce choix n’est pas fortuit puisque ces invités ont eu à travailler sur des programmes de partenariat avec l’ambassade américaine à Alger.

L’équipe nationale de Basket est dirigée par deux entraîneurs américains et a aussi fait bénéficier son staff technique et ses joueurs d’une formation qui s’est déclinée en trois phases aux Etats-Unis. Le directeur de l’école de langue est partie prenante d’un programme de partenariat avec les Américains pour assurer gratuitement des cours d’anglais de plusieurs niveaux et le ballet de l’ONCI a suivi un stage de formation aux Etats-Unis. Diplomate de carrière (depuis 1978), Kathleen Stephens a occupé des postes importants au sein de l’Administration et des institutions américaines et a été leur représentante à l’étranger. Elle a été, de 95 à 98, consule générale à Belfast (Irlande du Nord), de 1998 à 2001, chef de mission adjointe, c’est-à-dire numéro deux de l’ambassade américaine à Lisbonne en Portugal, de 2003 à 2005, secrétaire d’Etat au bureau des affaires européennes dans les Balkans et plus tard, dans l’Administration du président Bill Clinton. Elle a géré le même dossier au Royaume-Uni, et de 2005 à 2007, pour le compte de l’Est de l’Asie-Pacifique, de la Corée et du Japon. De septembre 2008 à octobre 2011, elle était ambassadrice en Corée.

AVEC « LES VOEUX DU GOUVERNEMENT AMÉRICAIN DE RÉUSSITE »

La secrétaire d’Etat a fait de l’Algérie sa première destination étrangère après sa nomination à ce poste le 6 février 2012. Kathleen Stephens reconnaît que sa visite en Algérie « s’inscrit dans le sillage de la visite qu’Hillary Clinton a effectuée à Alger  ». Visite à laquelle, pense-t-elle, « il faut donner une suite et assurer une continuité ». Elle explique que son déplacement a été aussi dicté par d’autres raisons à savoir que « l’ex-chef de service des affaires publiques de l’ambassade américaine qui y a passé deux ans, une fois rappelée à Washington, m’a parlé de l’Algérie avec beaucoup de passion et d’enthousiasme et a vanté les potentialités dont elle recèle pour renforcer nos relations bilatérales ». K. Stephens reconnaît qu’ « en me parlant de l’Algérie ainsi, ça m’a emballé pour faire le voyage ».

Elle a fait le déplacement certainement (même si elle ne le dit pas explicitement) parce que, note-t-elle, « l’Algérie fête le 50ème anniversaire de son indépendance et organise des élections législatives le 10 mai prochain ». Elle affirme alors que « je viens avec les voeux du gouvernement américain de réussite de ces élections, de succès et de développement démocratique ». Autre dossier qui l’a amené à faire d’Alger sa première destination étrangère, la création d’un Conseil de jeunes dont le lancement a été opéré en février dernier à l’occasion de la visite du conseiller spécial d’Hillary Clinton pour les questions liées à la jeunesse. Son appellation exacte est « le Conseil de l’Ambassadeur pour les jeunes ». C’est sur recommandation de la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères que toutes les ambassades américaines accréditées à travers le monde se doivent de faire la création du conseil en question une de leurs priorités. « C’est une recommandation de la secrétaire d’Etat, en particulier dans un pays comme l’Algérie où il y a beaucoup de jeunes », indique l’hôte de l’Algérie aux journalistes.

Elle précise que « nos relations dans le futur dépendront des jeunes, il faut donc les écouter, les comprendre, savoir ce à quoi ils pensent, comment ils voient les Etats-Unis, c’est ainsi que nous pouvons avoir ensemble des programmes d’échanges ». Elle rappelle que le gouvernement travaille avec tout le monde « que ce soit des représentants du gouvernement ou des chefs de file de la société civile, nous avons beaucoup de programmes dans lesquels participent les uns ou les autres ou les deux à la fois ».

« DES CHANGEMENTS IMPORTANTS SE SONT PRODUITS EN ALGÉRIE »

A une question sur les critères du choix des jeunes concernés, K. Stephens affirme que « nous essayons de choisir des représentants de la société civile, selon leur âge, leurs compétences, leurs activités… ». Elle estime que « les échanges entre les deux pays ne doivent pas aller dans un sens unique » et demande qu’ « il faut qu’il y ait des Américains qui viennent en Algérie parce qu’il y a de grandes opportunités pour renforcer les relations entre les deux pays ». L’exemple pour de tels échanges, le workshop qui a regroupé à Alger 160 basketteurs et 7 entraîneurs américains. « Il faut déterminer les moyens pour travailler ensemble notamment dans le domaine de l’éducation et les échanges  », souligne K. Stephens. Interrogée sur le fait qu’elle a été ou pas étonnée que l’Algérie ne vit pas « son printemps  » comme les autres pays arabes, la responsable américaine a répondu qu’ « elle n’a pas travaillé dans cette région d’où l’importance de ma visite, je voudrais comprendre l’histoire et les changements en cours ». Elle admet que « des changements importants se produisent en Algérie et des changements significatifs se sont produits en Tunisie et en Libye, des pays pour lesquels nous souhaitons un futur démocratique brillant ». La secrétaire d’Etat américaine a eu, samedi, des entretiens avec le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hachemi Djiar mais elle avoue qu’elle ne lui a pas demandé son avis sur le Conseil de l’Ambassadeur des jeunes. Elle a visité hier le siège de la télévision nationale où elle a été reçue par Mustapha Benabi, directeur des relations extérieures en l’absence du directeur général, Tewfik Khaladi. Elle a été interviewée pour une émission du matin. Elle a aussi visité une maison de jeunes à Sidi M’Hamed. La responsable américaine a discuté hier avec le ministre des Affaires étrangères, de l’Enseignement supérieur et la ministre de la Culture. Elle devait aussi rencontrer le premier responsable des scouts. K. Stephens s’envolera aujourd’hui pour Doha où elle doit assister à la conférence annuelle des chefs de service des affaires publiques de toutes les ambassades américaines à travers le monde.

IL SE DéROULERA JUSQU’AU AU 31 MARS 2012 JapAlger II : à la découverte du Japon !

“Nous voulons rassembler la communauté algéro-japonaise pour faire découvrir ces deux cultures. Même la jeunesse algérienne ne connaît pas sa culture”, a déclaré Boualem Lamari, commissaire de la deuxième édition du festival JapAlger. Cet événement, qui se veut rassembleur, a débuté samedi et prendra fin le 31 du mois en cours. Organisées par Saiyuki Saiku Art Jap, sous le parrainage de l’Union Fennec Club, les manifestations se dérouleront dans deux espaces différents, à savoir le Musée national des beaux-arts (El-Hamma) et le parc de loisirs Tifariti (Sfindja).
Tout au long de la semaine, un riche programme a été établi par les organisateurs, et ce, dans un esprit de partage, de connaissance et de divertissement. “Ils sont des milliers de fans à aimer la culture japonaise à travers les mangas, les jeux vidéo et les disciplines sportives. Il y a même des personnes d’autres wilayas qui sont intéressées par ce festival et qui veulent l’étendre dans leur ville”, a indiqué notre interlocuteur.
En effet, tout au long de la semaine, cette manifestation réunira un grand nombre d’amateurs et de professionnels qui animeront ateliers, conférences et bien d’autres disciplines où seront présentés des manga-ka, bédéistes, gameurs, cosplayeurs, combattants et de jeunes artistes algériens passionnés par la culture japonaise.
Le JapAlger II est composé en deux activités, la première sera donnée sous forme de conférences, projections et ateliers au Musée national des beaux-arts. Quant à la seconde, à partir d’aujourd’hui, elle concerne les adeptes des sports individuels, qui auront l’occasion d’assister à une conférence sur les arts martiaux, qui sera suivie d’une projection d’un film japonais. Par ailleurs, le pays du Soleil-Levant a marqué des générations par ses jeux vidéo qui restent incontournables de nos jours. à cet effet, une conférence sur les jeux vidéo japonais ainsi qu’un atelier de conception des jeux animés par le Club micro technologie auront lieu mardi.
Par ailleurs, en marge de ce festival (du 25 au 29), il sera concocté une exhibition de divers arts martiaux japonais au parc Tifariti de 11h à 17h. Les jeunes seront initiés au karaté, judo et à l’aïkido. Plusieurs stands seront dressés au parc sur la culture algéro-japonaise. On retrouve une expo sur différentes villes du Japon, notamment sur des jardins, des temples et les traditions. Parmi les stands, on peut citer : le stand mangas qui verra la participation de manga-ka professionnels, un stand d’art et loisirs, un espace karaoké et des ateliers de dessin. Bien sûr, des stands de jeux vidéo où les gameurs auront l’occasion de revoir des consoles et une expo de jeux qui ont marqué leur jeunesse. Enfin, pour les amateurs de déguisement, un espace cosplay leur sera dédié.


H. M.

Mourad Kezzar. Consultant en tourisme, membre de l’Association française des experts et scientifiques du tourisme «Le développement chez nous est devenu synonyme de grosses dépenses»

-La Grande mosquée d’Alger est présentée entre autres comme un futur pôle touristique à l’horizon 2015. Pensez-vous que ce type de tourisme puisse être attractif chez nous ?

Le tourisme, comme phénomène, est une industrie complexe. Le montage du produit touristique dépend de plusieurs autres sous-produits impliquant plusieurs acteurs. Le produit culturel suppose le montage de plusieurs sous-produits tels que les transports, les hébergements, les sites culturels (dont les mosquées, les églises, …), l’artisanat,… Une mosquée, une église ou une synagogue peuvent être des étapes dans un forfait voyage, pas plus. A mon sens, pour qu’un site touristique religieux devienne un pôle, il doit être la principale motivation du voyage. Une condition que seuls les pèlerinages peuvent réunir. Je vois mal des musulmans venir d’autres pays faire leur pèlerinage à Alger. Je vois mal aussi un Algérien de l’intérieur du pays dire : «Cette année, au lieu de faire une omra, je vais à Alger consacrer deux jours à la Grande mosquée.» 

Puisqu’on parle du tourisme culturel, je dirai que culturellement essayer de faire d’Alger une destination religieuse ne colle pas ! Je me demande pourquoi le développement chez nous est devenu synonyme de grosses dépenses. Si l’objectif de la création de cette mosquée est de doter le pays d’un site touristique religieux, je dirai qu’on risque de passer à côté. Mieux, nous avons déjà plusieurs sites et surtout un, au moindre coût, et culturellement faisable. Je parle de la basilique de saint Augustin et du site de Madaure. Il existe des chrétiens pour qui venir en Algérie sur les traces de saint Augustin est conçu comme un pèlerinage. Investissons dans ce marché alors ! Si, par contre, on pense qu’une fois achevée, la Grande mosquée d’Alger sera difficilement incontournable dans l’offre touristique locale, je dirai oui.

Une fois sur place, les gens aiment découvrir ces sites, mais à l’exception de la basilique saint Augustin, ils ne viennent pas spécialement pour les visiter. Cela n’est pas le propre de l’Algérie. On ne va pas au Maroc pour visiter spécialement la mosquée Hassan II à Casablanca ou la mosquée des Libraires à Marrakech. Mais on peut y penser lors du choix des visites et surtout une fois sur place. Bien qu’Istanbul, vendue comme rêve, ait cette carte postale d’une ville – minarets. On va en Turquie parce que le pays est doté d’une industrie touristique performante. Mais on ne peut découvrir Istanbul sans passer par la Mosquée bleue du sultan Ahmet, par Aya Sofia ou encore la synagogue Ashkénaz. Cela découle du fait que parmi les spécificités du tourisme culturel, il y a deux éléments importants.

En premier, c’est un produit qui ne fait pas de la concurrence aux autres produits. En second, le touriste se découvre une vocation culturelle une fois sur les lieux. Une grande propension de touristes ne décide de visiter les sites cultuels, dont les mosquées, qu’une fois au pays-destination.  Donc, oui une fois construite, la Grande mosquée d’Alger peut devenir incontournable pour les touristes en séjour à Alger.  

-Ce projet va mobiliser 1,5 milliard de dollars. A votre avis, aurait-on pu utiliser cette enveloppe plus efficacement au profit du secteur du tourisme ?

Il est bien dit que ce montant est destiné à la construction d’une mosquée, un investissement qui n’a rien d’investissement touristique.Je pense qu’on construit une mosquée, une église, une synagogue pour les besoins de la pratique religieuse et non pour le tourisme. Les initiateurs du projet et l’opinion publique doivent se poser des questions sur l’intérêt religieux d’un tel investissement et non sur son intérêt touristique. Seule la mission religieuse de ce projet doit justifier l’investissement. La mosquée – université Emir Abdelkader a été construite pour promouvoir un islam algérien face à la vague des «djamaâ» et la montée du wahhabisme dans les années 1970- 1980. A ce jour, aucun théologien algérien sorti de cette mosquée n’est considéré comme référence au sein de notre jeunesse. Je suis un spécialiste du tourisme et si l’on vient aujourd’hui me dire que la mosquée Emir Abdelkader est une réussite par ce qu’elle draine des centaines de touristes par mois, je dirai c’est bien, mais ce n’est pas sa vocation première.

La construction d’une mosquée n’est pas un investissement touristique. Elle peut favoriser l’offre, mais sans plus. Pour le tourisme, l’urgence est de rendre l’environnement moins hostile, de définir une fois pour toutes une stratégie nationale, de continuer d’organiser la profession comme il est en train de se faire actuellement, de privilégier l’approche économique, de mettre à niveau le parc hôtelier destiné aux vacanciers quitte à recourir aux stations balnéaires génériques, de continuer d’investir dans la formation et de lancer une véritable politique de qualité.

-Le tourisme religieux représente-t-il, selon vous, un potentiel de développement en Algérie qui mérite d’être exploré?

Oui, si par tourisme religieux vous entendez un sous-produit du tourisme culturel. Il y  a une demande potentielle sur ce sous-produit qu’il soit en réceptif ou en out-going. La demande est nationale et internationale. Avec la Tunisie, nous avons le monopole du sous-produit saint Augustin qui reste inexploité.  Même pour notre sud, une thématique religieuse existe. Les professionnels algériens incluent déjà le religieux dans l’offre touristique culturelle.
Actuellement, pour le réceptif, le passage devant les mosquées de Ketchoua, Djamma el kebir, la mosquée des pêcheurs, une halte à l’intérieur du mausolée de Sidi Abderrahmane  sont des étapes incontournables à Alger.  
C’est aussi le cas de Notre-Dame d’Afrique. A Constantine, la visite de la mosquée Emir Abddelkader, qui est dotée depuis 2001 de toute une organisation pour recevoir les touristes, est une évidence. Ne pas programmer la basilique saint Augustin à des touristes en passage à Annaba par un professionnel est difficilement justifiable.               

Safia Berkouk

 
 

lundi 26 mars 2012

Conçue et réalisée entièrement par des étrangers une œuvre sans aucun cachet national

Les responsables du projet de la Grande mosquée d’Alger y voient une triple dimension «religieuse, culturelle et scientifique» et «un témoignage spirituel révélant la culture et les réalisations architecturales de la nation».


Or, force est de constater que cette culture et ces réalisations seront entièrement l’œuvre de compétences étrangères. Abderrahmane Zidane, architecte, trouve ainsi «dommage l’absence d’un team d’architectes algériens qui puisse donner une touche originale au projet». Pour rappel, un bureau d’étude allemand a été choisi pour la phase de la conception, une société chinoise en phase de réalisation, et une canadienne pour l’assistance à la gestion. Dans chacune de ces étapes, «on aurait pu intégrer des partenaires algériens pour qu’on puisse au moins se prévaloir du fait que des Algériens aient participé au projet et lui aient donné un cachet «d’algérianité» dans la conception et la réalisation», estime-t-il. Pour ce qui est du choix du site, on peut s’interroger sur la localisation d’un tel projet «à quelques centaines de mètres de Oued El Harrach», relève l’architecte.

Par ailleurs, plusieurs analyses ont prouvé que le sol sur lequel le projet est bâti «est d’une très mauvaise qualité», mais «des solutions techniques ont pu être trouvées» grâce à des technologies importées, ce qui se répercute forcément sur le coût des études et de la réalisation». Globalement, l’ensemble des honoraires entre étude et suivi se situe autour «de 6% à 8% du coût global du projet» estimé à 1 milliard d’euros. Un chiffre qui paraît «acceptable», selon M. Zidane, compte tenu de la surface utilisée et de l’immensité du projet.

Quant à savoir si cette dépense est justifiée ou pas, l’architecte estime que «si on avait construit ce même projet dans une moindre envergure pour la moitié du montant et utilisé l’autre moitié pour la rénovation par exemple du cœur de La Casbah, ça aurait fait un très beau cadeau pour le 50e anniversaire de l’indépendance». Maintenant, s’il s’agit de «marquer l’islamité» du pays, ce n’était pas nécessaire. Il aurait été plus judicieux de doter les localités «d’antennes de la Protection civile qui puissent intervenir rapidement en cas de catastrophe naturelle», conclut-il.                           

 

Safia Berkouk

 

Investissement «de prestige» qui coûte cher à l’Etat zones d’ombre autour de la Grande mosquée d’Alger

Alors que les contrats de réalisation viennent d’être confiés à une entreprise chinoise (CSCEC), le projet de la Grande mosquée d’Alger n’a pas fini de susciter la polémique.


Ce n’est pas tant l’opportunité de réaliser en priorité un projet d’une telle envergure au moment où l’Algérie est incapable d’assurer sa sécurité alimentaire et qu’elle importe bon an, mal an pour 2 milliards de dollars de médicament, qui alimente la critique, mais surtout le véritable coût de cette réalisation.Cela d’autant qu’une étude préliminaire du projet, réalisée en 2004 et qui, selon son auteur, a été présentée au gouvernement en décembre 2004 (ce que nous n’avons pas pu confirmer auprès du ministère des Affaires religieuses, faute de pouvoir les joindre), avance un coût de réalisation aux antipodes de celui annoncé par les sources officielles. Les chiffres relayés par la presse, quant au montant du projet, vont de 1 à 5 milliards de dollars.

Mais le coût réel, selon Ahmed Madani, directeur de la communication au sein de l’Agence nationale de réalisation et de gestion de la mosquée d’Alger, serait de «1,09 milliard d’euros». Il englobe toutes les étapes du projet, précise-t-il, «de l’étude à la réalisation» et il a été «confirmé par le bureau d’études (allemand) et l’entreprise de réalisation».

Le docteur en économie, Fares Mesdour, qui réclame la paternité sur l’idée de ce projet, a réalisé une étude dans laquelle il estime son coût à dix fois moins que ce qui est annoncé officiellement, soit à «124 millions de dollars». «Dérisoire», pour M. Madani, qui n’a toutefois pas souhaité commenter cette étude dont il dit n’en avoir jamais entendu parler. Il considère pourtant qu’un tel montant ne suffirait même pas à réaliser «une petite mosquée». L’étude établissait le montant de réalisation de la seule mosquée (sans compter les annexes) à près de 52 millions de dollars.

Pour expliquer le faible montant de l’époque, au moment où un euro était déjà à plus de 1,3 dollar, M. Mesdour affirme qu’il était convenu que «l’ensemble du projet soit confié à des entreprises algériennes, ce qui fait que le coût estimé était minime». Or, les travaux d’études ont été par la suite confiés au groupe allemand KUK et KSP, la réalisation au chinois CSCEC, tandis que le canadien Dessau-Soprin assurera l’assistance de la gestion du projet. La société canadienne avait indiqué en annonçant avoir remporté l’appel d’offres en 2007, qu’elle concourait pour «un contrat de 2,2 milliards de dollars».

Des intervenants étrangers et des contradictions

C’est donc la multiplication des intervenants étrangers qui serait à l’origine du grand écart entre les chiffres officiels et l’étude préliminaire. M. Mesdour estime toutefois que le coût actuel reste «trop exagéré», surtout si l’on prenait en exemple certains projets similaires réalisés dans d’autres pays. La Mosquée Hassan II de Casablanca ou encore celle du Cheikh Zaid d’Abu Dhabi qui s’étendent tous deux sur quasiment la même superficie que la grande mosquée d’Alger (autour de 20 000 m²) ont coûté moitié moins, soit respectivement 500 millions et 510 millions de dollars, que ce qui est annoncé dans le cas algérien.

Mais pour le représentant de l’agence, M. Madani, il convient de considérer le projet dans son ensemble afin d’en mesurer l’importance. Car, outre la mosquée, il comporte également un musée d’art, une école coranique, un centre culturel islamique, un centre de recherche de l’histoire de l’Algérie et, en annexe, des commerces, des logements de fonction, ainsi que des jardins et des parcs de détente. Le projet n’a pas uniquement une vocation religieuse et culturelle, mais doit aussi être «un pôle attractif pour les touristes», selon M. Madani. En la matière, «l’ambition est très grande» et pourra conférer à la mosquée « une réputation mondiale, qui se ressent d’ores et déjà », reconnaît M. Madani.

Question de priorité

Pourtant, quelles que soient les ambitions de ce projet, certaines voix s’interrogent encore sur son timing au moment où le pays accuse des déficits dans de nombreux domaines.Pour M. Madani, «ce n’est pas l’enveloppe dédiée au projet de la mosquée qui va empêcher de réaliser des investissements dans la santé, le logement ou l’éducation, d’ailleurs l’Etat a dépensé et continue à dépenser pour ces secteurs».

Si l’opportunité du projet n’était donc pas à remettre en cause, la question se poserait alors en termes de priorités. «Il n’est pas prioritaire de construire une mosquée en ce moment, mais d’aller vers un investissement qui puisse réaliser le bien-être du citoyen», nous dit Dr Taibi, médecin dans le privé, pour qui le secteur de la santé est assurément l’un de ceux qui devraient bénéficier de cette priorité. Et pour cause, «les citoyens ont des peines à trouver des médicaments, surtout ceux qui souffrent du cancer, on ramène les dernières technologies médicales, mais on a aucune connaissance de leur maintenance, il y a une grande défaillance en matière de gestion», relève-t-il.

En parallèle, «l’Etat a fait beaucoup dans le populisme et a mis beaucoup d’argent dans ce qu’on appelle les investissements de prestige à travers des grandes manifestations culturelles ou autres» dont l’intérêt reste encore à démontrer. A titre d’exemple, il faut rappeler que le Festival panafricain d’Alger organisé en 2009 aurait coûté 100 millions d’euros (80 millions selon les chiffres officiels), que 5,4 milliards de dinars ont été mobilisés pour la manifestation Alger capitale de la culture arabe en 2007 et qu’au moins le double a été réservé à Tlemcen capitale de la culture islamique. Pendant ce temps, la facture d’importation de médicaments de l’Algérie est passée de 2,9 milliards en 2006 à 9,7 milliards en 2011.           

Safia Berkouk

 
 

dimanche 25 mars 2012

Drame de Toulouse : pour les élus locaux, "l'explication sociale ne tient pas debout"

"L'explication sociale de ce geste ne tient pas debout. Elle vaut pour les délinquants de droit commun, pas pour Mohamed Merah." Jean-Christophe Lagarde, maire Nouveau Centre de Drancy (Seine-Saint-Denis), comme de nombreux élus de villes de banlieue, observe avec attention les conséquences des événements de Toulouse.

La crainte d'une stigmatisation des musulmans est partagée par beaucoup d'élus : "Mon souci n'est pas de savoir si j'ai un Mohamed Merah dans ma ville, martèle le maire PS de Cergy (Val-d'Oise), Dominique Lefebvre. Mon problème est de réussir à être un maire suffisamment protecteur de ma population pour que les jeunes des cités ne soient pas montrés du doigt et considérés comme potentiellement dangereux depuis ce qui s'est passé à Toulouse."

"Les élus doivent être des relais, des passeurs du vivre-ensemble", insiste M. Lagarde. Pour cela, "il faut favoriser les relations entre les communautés religieuses, notamment à partir de l'école. La République doit faire ce travail", lance l'élu de Drancy.

Les maires observent les conséquences de la déscolarisation et le chemin qui mène des petits trafics à la délinquance et, parfois, à la radicalisation. "Des jeunes qui ont suivi ce parcours et qui collent au profil de ce garçon, j'en connais beaucoup dans ma commune", témoigne Xavier Lemoine, maire UMP de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). "Des gens qui ont été en Afghanistan ou au Pakistan il y a quinze ou vingt ans en lien avec des milieux musulmans radicaux, j'en ai dans ma ville", explique également Stéphane Beaudet, maire UMP de Courcouronnes (Essonne). "Des islamistes, j'en ai repéré dans des clubs sportifs. On a fait en sorte d'empêcher que des réseaux ne s'installent", ajoute Gilles Catoire, maire PS de Clichy-la-Garenne (Hauts-de Seine).

"ON A UNE POLICE TROP CENTRALISÉE QUI EST AVEUGLE ET SOURDE"

Stéphane Gatignon, maire écologiste de Sevran (Seine-Saint-Denis), estime, lui, que les dérives de certains ne pourront être identifiées qu'en rétablissant une police de proximité au contact des citoyens. "On a une police trop centralisée qui est aveugle et sourde, qui n'a pas les moyens de voir quelqu'un dériver au jour le jour", souligne-t-il.

Les élus locaux s'agacent de voir cette évolution éludée dans le débat politique du moment. Stéphane Beaudet l'assure : "Bien sûr qu'il y a une islamisation rampante. Mais quand on dit cela, on nous traite de fachos ou on ne nous écoute pas !".

Les causes de cette radicalisation ne sont pas analysées de la même manière par les élus de terrain. "Regardez la littérature qui est vendue sur les marchés de Clichy-sous-Bois ou de Montfermeil, les sites Internet qui sont consultés dans certaines familles", s'indigne M. Lemoine, qui souligne le rôle des prisons dans "l'embrigadement".

"La radicalisation d'une partie de la jeunesse a commencé dans les années 1990 avec la guerre de Yougoslavie, puis avec l'Irak et le conflit afghan", développe le maire de Montfermeil.

"PAS UNE DÉCOUVERTE QU'IL EXISTE DES PHÉNOMÈNES DE GHETTO"

Le maire de Cergy, Dominique Lefebvre, insiste, lui, sur une autre réalité. La forte présence d'une population musulmane n'est pas synonyme d'intégrisme ni de danger, rappelle-t-il. "Ce n'est pas une découverte qu'il existe des phénomènes de ghetto avec une population d'origine étrangère, victime d'un délaissement et qui du coup a des problèmes avec la citoyenneté", rappelle-t-il.

"L'immense majorité des musulmans de France a un rapport à la religion parfaitement laïc", relève de son côté Jean-Christophe Lagarde. "La question centrale est celle de l'organisation et de la facilitation de la religion musulmane. Il faut offrir des espaces organisés pour éviter la victimisation. La méconnaissance de la religion par ceux qui sont attirés par elle, l'absence de cadre normal, normalisé, favorisent la progression d'un islam radical", explique le député centriste.

"Il faut effectivement éviter que se propage un islamisme de cave", abonde l'UMP Stéphane Beaudet. L'existence d'une grande mosquée à Courcouronnes lui a permis, raconte le maire de la commune, de "tisser des relations de partenariat avec les autorités religieuses, ce qui a permis de tenir à l'écart les radicaux groupusculaires", explique-t-il.

Pas si simple, persiste le maire de Montfermeil : "Lors des deux jours qu'a duré l'assaut pour déloger Mohamed Merah, j'ai rencontré des concitoyens musulmans effondrés, quelques-uns pleuraient, conscients de l'amalgame et du risque de stigmatisation pour leur communauté. Mais certains collégiens ont suivi durant toute la nuit de mercredi à jeudi le face-à-face entre les forces de police et ce tueur. Et ils jubilaient", s'inquiète M. Lemoine.

A Clichy-la-Garenne, Gilles Catoire observe un phénomène inverse : "Le drame de Toulouse a pour effet de ressouder les jeunes et les communautés dans la ville", remarque l'élu socialiste.

Eric Nunès

Egalité des chances, police, émeutes : ce que les banlieues en disent

Sarkozy salue ce vendredi la politique de la Ville de son nouveau soutien, Borloo, à Valenciennes. En Ile-de-France, le constat d'un chercheur n'invite pas aux louanges.

Durant deux années, 2010 et 2011, le chercheur Hacène Belmessous, déjà auteur d'« Opération Banlieues » (éd. La Découverte, octobre 2010), a recueilli les paroles d'habitants de la cité Balzac à Vitry-sur-Seine et de la Grande Borne à Grigny pour tenter de comprendre le passage à la violence d'une partie des jeunes de ces quartiers en 2005.

Dépassant la dimension ethnique pour analyser ces « émeutes », le chercheur questionne les conséquences des politiques de la Ville menées dans ces cités sur les vies quotidiennes de leurs habitants. Il interroge élus, résidents, travailleurs sociaux et même ceux qui une fois sortis de ces quartiers y reviennent pour « apporter quelque chose ».

Un constat sévère

Pour Rue89, Hacène Belmessous commente certains des propos recueillis dans ces quartiers, dont les habitants n'ont pas été arrachés de leur « condition de minorisés de la géographie sociale et politique française ». Son constat est sévère :

« Aucun dispositif de politique de la Ville, conduit depuis lors par le pouvoir exécutif, n'a sorti leurs habitants de cet enfermement absolu qu'est l'inégalité de traitement qui a été instituée. »

Financée par la région Ile-de-France et menée pour le compte du Centre de ressources politique de la ville en Essonne, l'étude, intitulée « Les “émeutes” françaises et australiennes de l'automne 2005 - Regards croisés sur un objet politique », sera rendue publique lundi 26 mars.

Un coordinateur du secteur enfance et jeunesse au centre social Balzac :

« Les jeunes n'étaient pas contents de ces changements. Ils ne voulaient pas quitter Balzac. Ils sont fiers de leur cité. Alors au départ, ils ont ralenti les travaux, cassant les grilles de protection du chantier. Ils ont ensuite harcelé les maîtres-chiens que l'Office HLM avait engagé pour protéger le chantier. La tour ABC était leur lieu de rendez-vous. Ils ont longtemps dénoncé son projet de destruction. Ils disaient que la mairie ne voulait pas améliorer leur quartier mais qu'elle voulait les faire partir d'ici. Quelques-uns sont allés à des réunions publiques pour dire leur mécontentement mais ça s'est arrêté là. Ils ne sont pas très citoyens. »

Hacène Belmessous :

« Depuis les révoltes sociales de l'automne 2005, les promoteurs de la rénovation urbaine ont accéléré leur entreprise de “ reparamétrage ” des quartiers en multipliant les opérations de démolition. Or, que constate-t-on ? Que l'un des objectifs cachés de ce processus est de rendre “ attractif ” ces lieux afin d'attirer une nouvelle population dont ils estiment qu'elle les fera monter en gamme. Cependant, leurs habitants actuels ne sont pas dupes.

A la cité Balzac, par exemple, où 660 logements sur un total de 923 seront démolis à terme – pour seulement 114 nouveaux logements sociaux construits –, la majorité des locataires entrevoient derrière la rénovation urbaine la liquidation de leur lieu de vie et donc leur éviction du paysage local.

Des sentiments d'hostilité contre le projet urbain sont d'ailleurs en train de grandir. Nombre des 1 500 habitants “ déménagés ” se considèrent comme des “ déracinés ”. Ils ont vécu à Balzac durant de nombreuses années et confient qu'ils souffrent dans leur nouvelle vie, loin de leurs réseaux de sociabilité et de leurs repères du quotidien (le centre social, le cabinet médical, le petit commerce, etc.). Beaucoup exigent du reste d'être à nouveau logés à Balzac, ce que refuse l'Office HLM de la ville. »

Un policier du commissariat de Vitry :

« C'était générationnel. Ils ont fait leur Mai 68. C'était de la colère contre la répression, la police, l'Etat, les autorités. »

Une employée du Mac Val :

« C'était des émeutes politiques. Il n'y avait rien de racial. Ces jeunes voulaient se faire écouter, à leur façon, violente parce que c'est dur ce qu'ils vivent. Ils auraient dû brûler les voitures dans le XVIe, pas la voiture du voisin. Il aurait fallu un Mai 68 des banlieues. C'était le moment. Tout le monde pouvait comprendre ce qui se passait. »

Hacène Belmessous :

« Parce qu'elles n'avaient pas de figure charismatique, au moins identifiée comme telle dans sa construction médiatique, et qu'elles ne disposaient pas d'un discours investi dans un savoir disciplinaire conçu dans les appareils dominants (les partis politiques, les syndicats, les organisations légitimées par les institutions), il apparaît que ces révoltes de 2005 ont perturbé les modèles du conflit dans la sphère publique.

Ainsi, aux questions “comment qualifiez-vous cet événement ? A-t-il selon vous une dimension raciale, ethnique ou politique”, les participants à nos ateliers récusent très largement les explications raciale et ethnique. Beaucoup nous ont dit être exaspérés par les “ logiques identitaires ” dans lesquelles on les fige.

A relire les analyses qu'ils font des révoltes de l'automne 2005, on observe qu'ils considèrent que cet événement méritait une autre interprétation que l'orientation délinquante que le pouvoir politique lui avait donné.

Ils considèrent que la vérité de l'histoire de l'automne 2005 devrait être rétablie, c'est-à-dire la réhabilitation de cette idée que ce qui nourrissait ces troubles résultait bien plus d'un désespoir de la politique que d'un mal-être social. »

« Pas de respect des institutions »

Un policier à la retraite, aujourd'hui correspondant du parquet de Créteil à Vitry-sur-Seine :

« Ce métier est de plus en plus difficile car il n'y a pas de respect des institutions. Les policiers de la BAC de Créteil n'ont pas la connaissance du terrain et du tissu de la délinquance comme leur collègue du commissariat de Vitry. Ils arrivent, ils tapent, ils font le boulot. Il faudrait une police identifiée, sectorisée et implantée dans un territoire. L'accueil du public est insuffisant. La détérioration de l'image joue aussi contre la police. Et il faut parler des contrôles au faciès. Etre jeune, arabe ou noir, habiter Balzac : c'est parfois rédhibitoire. »

Un officier du commissariat de Vitry-sur-Seine :

« Il faudrait une personnalisation de la police. Le problème, c'est la fidélisation des policiers. Avant, il y avait des îlotiers dans tous les quartiers de la commune. C'était des policiers d'expérience. Il y avait des infos qui nous remontaient et on avait des résultats. Aussi bien en termes d'image que d'efficacité dans nos investigations, c'était beaucoup mieux. »

Hacène Belmessous :

« Tous les policiers de terrain ne cautionnent pas la logique de pacification qui domine dans ces quartiers depuis les émeutes de 2005. Un certain nombre d'entre eux, souvent les plus âgés, les plus expérimentés donc, dénoncent, entre les lignes, cette forme d'assignation abusive du pouvoir policier dont le but premier serait d'entraver et de décourager l'existence des habitants de ces cités en y instaurant un climat d'exception.

Ces hommes regrettent les conséquences dramatiques de ce climat de tension. Ainsi, les civilités qui font la vie d'une cité, avec ses formes de reconnaissance de l'Autre – où les gens se saluent, se respectent, se parlent tout simplement – sont désormais impossibles dans certains territoires entre la police et leurs habitants. »

Les flics parlent comme les jeunes

Une puéricultrice de la PMI :

« Je regrette la police de proximité. Elle était à l'écoute des familles. Aujourd'hui, la police c'est la force et le contrôle. Les plaintes pour violences conjugales ne sont pas toujours prises au commissariat de Grigny. De sorte que les femmes n'y retournent plus. Il faut qu'il y ait une assistante sociale avec elles pour que cette plainte soit reçue. C'est révoltant. Il y a de quoi être en colère. »

Un habitant de la Grande Borne :

« Les flics ont pris les codes de certaines bandes. Ils parlent comme les jeunes, ils ont les mêmes attitudes. »

Hacène Belmessous :

« Dans leur immense majorité, les participants à nos ateliers, qu'ils vivent ou qu'ils travaillent dans le quartier, nous ont confié n'avoir aucune relation avec un policier.

A l'origine de cette situation régressive et inquiétante, le rôle qui lui est dévolu depuis 2005 : celui d'agent de cohésion sociale de la vie de ces territoires.

A la Grande Borne, par exemple, ce qui revient dans les discours de nos participants, c'est que la police n'assure plus sa fonction régalienne de gardienne de l'ordre dans la sphère publique.

Nous avons constaté plus d'une fois l'omniprésence des compagnies de CRS aux entrées de la cité, principalement du côté de la route nationale. Alignés les uns à côté des autres, ils occupent le terrain. La police y agit actuellement comme en territoire ennemi, se fondant dans ce nouvel appareillage qu'est la contre-guérilla urbaine. »

La rumeur du « camion fou »

« Il s'est passé des choses bizarres ici. Les jeunes font attention à ne pas se retrouver seuls tard le soir dans le quartier. Ils savent que si la police les coince, elle va les embarquer dans un camion et les emmener dans un coin isolé du département pour leur mettre dessus. Ce sont des jeunes qui m'en ont parlé. Ils savent que c'est des flics qui leur ont fait ça. Ils ont été tabassés individuellement et jetés au bout du Val-de-Marne. Il n'y a eu aucune plainte de déposée. Celui qui porte plainte a peur que ça lui retombe dessus. J'ai essayé de soulever cette histoire mais les jeunes ne veulent pas que je fasse quelque chose. »

Un éducateur de rue :

« Cette histoire du camion fou est vraie. Elle renvoie une image désastreuse de la police. C'est un jeu de cow-boys. J'ai assisté à une scène où un gamin recevait des coups d'un flic. J'ai voulu intervenir, le flic m'a repoussé. On a eu des réunions en CLSPD et c'est toujours nié par la police. Rien n'y a changé. »

Un officier du commissariat de Vitry-sur-Seine :

« L'histoire du camion fou est une légende urbaine. C'est exagéré, tout cela. J'entends tellement de choses sur ce que la police est censée faire... On est certes des êtres humains, mais de là à commettre des choses répréhensibles... Il y a un principe dans la police : tout se sait, même dans le privé. Quand il y a des courriers de gens qui se plaignent de mauvaises manières de policiers, de CRS, on fait suivre, on enquête. »

Hacène Belmessous :

« Dans cette atmosphère mortifère, prédomine, dans certains quartiers, un climat de fait divers, le paroxysme de cette situation s'observant à la Grande Borne.

Confrontés dans ce contexte troublé et troublant au quiproquo qui s'est installé entre le rôle de la police dans ces quartiers et des méthodes manifestant une autre mission, celle d'un ordre soumis à ses propres lois – les lois de la guerre urbaine –, plusieurs participants à nos ateliers nous ont livré des témoignages pour nous signifier combien la police est l'instrument d'un pouvoir partial, usant de moyens à la limite.

Est-ce que l'histoire du camion fou, à Vitry-sur-Seine, tient de la légende urbaine ? D'évidence, on pourrait renverser la question : est-ce que ce règne de l'arbitraire qui marque ces lieux, et qui a créé les conditions d'un décor de faits divers permanents, n'accrédite pas spontanément le risque de toutes les légendes, comme celui de toutes les défaillances du système de maintien de l'ordre dans ces lieux ? »

Se faire justice

Une médiatrice de jour à la Grande Borne :

« Les jeunes avec lesquels je discutais me disaient “on va au combat, on va à la guerre, on va se faire justice”. Ils se pensent comme des victimes du système, des victimes de la vie. »

Hacène Belmessous :

« Bien que minoritaire, ce type de témoignage nous l'avons entendu plus d'une fois. Est-il la conséquence directe de la “policiarisation” du territoire de la Grande Borne ? Toujours est-il que ces effets sont ravageurs et inquiétants chez les plus jeunes.

Il nous semble évident que de ce processus de réclusion forcée, productrice d'un entre-soi qui se dérobe à la relation à l'Autre et à un horizon qui s'ouvrirait au-delà des frontières du quartier, il règne une atmosphère de “ guerre civile larvée ”.

Et à cette radicalité d'Etat est en effet en train de répondre aussi violemment une radicalité de la cité : caillassage de la police, bus incendié, guet-apens, etc. »

La paupérisation

Une assistante sociale :

« Les dettes locatives ont fortement augmenté à la Grande Borne. Je reçois des familles qui ont jusqu'à 15 000 euros de dettes. Les conditions minimum de vie ont baissé. Les familles qui n'ont ni frigo, ni machine à laver ne sont plus rares. »

Hacène Belmessous :

« On le sait bien, les statistiques neutralisent la réalité. Celle-ci par exemple : en 2005, le revenu médian des habitants de la Grande Borne était de 9 481 euros, à comparer au 20 270 euros de la moyenne départementale. 9 481 euros par an équivaut à 790 euros par mois. Sait-on ce que cela signifie de vivre avec cette somme ?

La majorité des locataires de la Grande Borne, comme ceux de la cité Balzac, subvient difficilement à ses besoins. Plus d'un élu et plus d'un travailleur social, des gens qui savent depuis longtemps combien la précarité écrase la vie des habitants de ces quartiers, nous ont confié que jamais la misère et la détresse qui l'accompagne n'y auront été aussi fortes qu'aujourd'hui, d'autant que la crise économique a encore aggravé la vie de ces familles. »

L'école, la réussite impossible

Une habitante de la Grande Borne :

« Ma fille avait 15,5 de moyenne générale à Jean-Vilar. Quand elle est allée au lycée Corot, à Savigny-sur-Orge, elle avait 4 de moyenne. Elle était perdue. Prendre des notes, travailler seule, avoir une culture scolaire, ça ne se fait pas facilement ici. On est dans des écoles sans moyens pour faire du vrai boulot. »

Une mère de famille :

« Une fois, un directeur m'a dit : “Madame, si vous ne tenez pas votre fils, il va finir à Fleury-Mérogis.” Je l'ai poursuivi à l'Inspection académique. Il a dû présenter ses excuses. Mon fils a fait des études depuis cette histoire. On n'a pas le droit de parler comme cela à des parents. C'est pour cela que des parents ont du mal à entrer dans l'école. Les enseignants ne sont pas tous des pédagogues, ils ne se rendent pas compte de l'impact de leurs paroles sur les parents et eux en ont assez d'être jugés. Mais les choses changent un peu, heureusement. »

Un parent d'élève :

« C'est une école neuve et pourtant c'est déjà pourri. Elle a été construite à la va-vite. J'ai assisté à toutes les réunions de chantier mais elles n'ont servi à rien. On leur a dit par exemple que la cour en hauteur, c'est dangereux. Il n'y a pas de barrières de sécurité. Ça n'a rien changé. L'architecte nous avait dit : vu d'en haut, ce bâtiment ressemble à un papillon. Qu'est-ce que c'est drôle ! Il y a des fuites partout, regardez ça. L'école précédente était moins belle mais elle était mieux. Ils auraient dû la réhabiliter. »

Hacène Belmessous :

« Etabli tant par nombre d'enseignant(e)s et d'instituteurs (trices) que par des familles désabusées, le constat est entendu depuis longtemps : les enfants de ces quartiers partent de trop loin et d'a priori trop défavorables pour se réaliser à l'école. Ce qui ne signifie heureusement pas qu'on n'y recense pas de réussites notoires.

Malgré cela, on constate que l'environnement social dans lequel ces enfants grandissent nourrit chez certains un tel pessimisme qu'il règne entre eux et l'école une tension telle que les violences qui y ont parfois cours paraissent en être directement le produit.

Dans cette atmosphère de désillusion radicale, l'école des quartiers populaires est au final en situation d'infériorité collective, marginalisée sur la carte scolaire, et sombrant souvent dans un misérabilisme contraint, faute de reconnaissance sociale et de moyens compensatoires. »

L'égalité des chances, cette « fumisterie »

Un professeur de collège à Grigny :

« Un préfet pour l'égalité des chances... Ça fait joli mais ce ne sont que des mots qui ne soulagent pas des maux. On ne décrète pas l'égalité des chances. Le problème, c'est qu'ici les gens naissent inégaux. Le problème, ce n'est pas la chance, c'est l'inégalité qui empêche de se projeter vers l'avant. La chance pour nos gamins, ce serait gagner au Loto ou devenir footballeur professionnel, ce que je ne peux que contester en tant qu'enseignant. »

Un élu de la ville de Grigny :

« L'égalité des chances est la plus grande fumisterie linguistique que les politiques ont inventée. Le principe de l'égalité ne repose pas sur la chance. Cette terminologie va bien avec l'idéologie dominante : t'as de la chance ou pas. C'est horrible. »

Une employée d'un bailleur social à Grigny :

« Il n'y a pas d'égalité des chances quand on habite à la Grande Borne. Il y a cette étiquette qui est là, bien ancrée. Hier, un locataire m'a demandé pourquoi il n'a pas le droit d'habiter à Evry. Je lui ai dit que ça n'est pas vrai, qu'il a le droit d'habiter où il veut même si je sais que ça n'est pas vrai. Evry ne veut pas de locataires de la Grande Borne, Juvisy non plus. Ces gens ne sont pas dupes. Bien sûr, je ne peux pas laisser passer ça mais je me sens frustrée. Je peux dire que je mens par omission. On ne peut pas leur dire que le maire de telle ville ne veut pas loger les gens de la Grande Borne, c'est compliqué. Résultat, j'ai plusieurs personnes qui donnent l'adresse d'un membre de leur famille qui n'habite pas Grigny pour chercher du travail. Ça me tue parce que c'est démoralisant. »

Hacène Belmessous :

« Première des politiques publiques décrétées par l'Etat au lendemain des révoltes de l'automne 2005, la notion d'égalité des chances est rejetée par la quasi totalité des participants à notre recherche. Ce qui revient dans les discours, c'est qu'au fond, cette notion affirme la fin d'un idéal de condition.

En soumettant en effet les habitants de ces quartiers à l'épreuve du hasard, l'Etat a condamné de façon irréversible leur droit d'avoir des droits. En introduisant une conception inédite de l'universalisme français, il signifie que la condition d'égalité entre tous les individus s'incarne désormais dans ces quartiers dans une notion qui échappe aux droits fondamentaux qui forment la République.

L'Etat n'est plus le garant des droits que la Constitution accorde à chaque citoyen. Son pouvoir est d'atténuer les effets de l'arbitraire de la chance d'être bien né ou pas. »

Ma ville, cette « ville poubelle »

Un jeune adulte, membre d'une association socioculturelle du quartier de la Grande Borne :

« Je suis inquiet pour l'avenir de Grigny. On a besoin d'un homme de cœur, quelqu'un qui dise “j'ai pitié de ces gens”. Aujourd'hui, Grigny est une ville poubelle. Les classes moyennes se barrent. Elles logent tous les pauvres venus d'ailleurs, ces laissés-pour-compte dont aucune ville ne veut. »

Hacène Belmessous :

« Depuis 2005, et particulièrement depuis 2007, le pouvoir a instauré une idéologie du désordre qui produit de la résignation et de la réclusion dans ces quartiers.

A les maintenir, en effet, dans une situation stagnante, marinant dans le pathos de la négativité qui leur est renvoyé, il a créé les conditions d'un scénario de l'inacceptable.

L'offensive sécuritaire de l'Etat, conjuguée à la dégradation des politiques publiques dans ces quartiers et à l'inégalité de traitements dont souffrent leurs habitants, nous rapprochent de la guerre urbaine.

De sorte que ce que ce point de vue nous met finalement en demeure de penser, c'est un changement radical dans la représentation que notre société démocratique se fait de ces territoires et de leurs habitants. »


ZINEB DRYEF