samedi 26 mars 2011


Les neufs axes stratégiques du redressement national : réformes et démocratie


Il existe une tendance à l’unanimité de l’ensemble de la sphère politique, sociale et économique, qu’il existe un divorce croissant entre l’Etat et les citoyens, entre les importances potentialités de l’Algérie, et elles sont énormes, les importantes dépenses monétaires et les résultats économiques et sociaux rendant urgent, car il y va de la sécurité nationale, des états généraux de l’économie pour préparer l’après hydrocarbures, rencontre qui devra tourner autour de neuf axes stratégiques pouvant être regroupés en plusieurs ateliers.
1- Premier axe, la gouvernance et l’efficacité des institutions impliquant d’analyser les dysfonctionnements des structures de l’Etat
tant au niveau central que local, la problématique de la décentralisation responsabilisant les acteurs locaux à ne pas confondre avec la déconcentration. Les dernières actions de lutte contre la corruption qui prend des proportions alarmantes en Algérie doivent relever d’une volonté profonde de moralisation de la société devant passer par un contrôle pas seulement technique mais démocratique. En mettant sur le marché des sommes faramineuses sans prévoir des institutions et des instruments de régulations et de contrôle, ne fallait-il pas s’attendre à certaines dérives ? Lié
à cet aspect ayant un impact tant sur le fonctionnement des institutions , poser correctement la question de la la place de la sphère informelle fonctionnant dans un espace de non droit , produit de la bureaucratie drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation et comment l’intégrer par des mécanismes transparents loin des mesures administratives ?
2-Deuxième axe, quel est l’impact des accords liant l’Algérie à l’Europe applicable depuis le 01 septembre 2005, quelles perspectives de l adhésion future à l’organisation mondiale du commerce OMC et quelle est la place du secteur privé national et international pour
instaurer une économie de marché concurrentielle dans l’économie nationale et donc quel est le futur rôle de l’Etat dans le développement économique et social face aux nouvelles mutations mondiales. Et dans quels créneaux investir en termes d’avantages comparatifs ( part entre infrastructures et entreprises dont agriculture, PMI/PME, tourisme, services) au sein des espaces socio-économiques naturels de l’Algérie à savoir l’espace maghrébin, posant l’urgence de l’intégration économique maghrébine, euro-méditerranéen et arabo-africain.
3- Troisième axe ,quelle est la politique de régulation sociale liée à une véritable politique salariale, à mettre en œuvre évitant la
distribution passive de la rente, une société fortement inégalitaire étant vouée à la décadence, les politiques de revalorisation de la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources d’ hydrocarbures fondement du management stratégique, de l’éducation, de la santé, de l’emploi liant l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale et quels sont les liens entre le mode d’accumulation, la répartition du revenu et du modèle de consommation par couches sociales supposant une analyse de l’inflation liée au mode de régulation c’est-à-dire les mécanismes de
production et de distribution de la rente des hydrocarbures ?
4-Quatrième axe , quel est le bilan du plan de soutien à la relance économique entre 2004/2009 de plus de 200 milliards de dollar, et les impacts attendus des 286 milliards de dollars prévus entre 2010/2014 dont 130 milliards de dollars de restes à réaliser montrant
un gaspillage des ressources financières du pays , en comparaison de pays similaires ayant peu de ressources, son impact sur le taux de croissance réel et non nominal , sur le taux de chômage réel (emplois productifs et non emplois rentes) et sur le pouvoir d’achat des citoyens tenant compte du taux d’inflation réel devant se méfier des réalisations physiques sans analyser les coûts, la qualité et les impacts économiques et sociaux réels et surtout de savoir si ces dépenses ont préparé l’après hydrocarbures ? N’aurions pas un taux de croissance faible déflaté par l’injection de la rente des hydrocarbures, l’actuel taux tant de croissance que du taux de chômage ne sont-ils pas des taux artificiel ?
5- Cinquième axe , quel est le niveau réel des réserves d’hydrocarbures, les couts d’extraction ( gaz/pétrole) tenant compte
de la rentabilité financière , quelle est la stratégie énergétique, du modèle de consommation énergétique de l’Algérie entre 2011/2020 et la promotion des énergies renouvelables tenant compte du défi écologique et d’un espace équilibré et solidaire au moyen d’une nouvelle politique d’aménagement du territoire ?
6- Sixième axe, quel est la future politique budgétaire et financière du pays, de la réforme bancaire lieu de distribution de
la rente, de la gestion des réserves de change et leurs placements: où, comment et combien a-t-on placé à l’étranger et quel est leur rendement tenant compte du taux d’inflation et des taux d’intérêts directeurs ?
7- Septième axe, l’impact des dernières mesures de suppression des crédits à la consommation et du passage du Remdoc au Crédoc , la traçabilité existant déjà au niveau du Remdoc, notamment sur les PMI/PME constituant la majorité du tissu économique productif sur la
valeur, et non le volume des importations, en référence à l’évaluation de la dépense publique en comparaison aux normes de gestion internationales pour calculer les surcoûts.
8- Huitième axe, l’impact des nouvelles dispositions 70% minimum national 30% pour le commerce et pour les autres secteurs 51% national minimum et 49% pour les étrangers ? Pourquoi cette généralisation à travers des lois. L’intelligence ne suppose t- elle pas des actions ciblées, la notion de secteur stratégique ou pas étant historiquement datée, les expériences montrant que ce qui est stratégique aujourd’hui peut ne pas l’être demain, ce qui est non stratégique peut le devenir, au vu des mutations tant internes que mondiales ?
9- Neuvième axe, se poser la question centrale du blocage actuel qui est d’ordre systémique, donc politique avec la faiblesse d’un État de droit et de véritables contrepoids politiques, les partis actuels suscitant une méfiance généralisée de la population algérienne incapables mobiliser et surtout de susciter une adhésion qui influent négativement sur l’économie, favorisant une corruption socialisée.
Cela pose la problématique de l’approfondissement de la réforme globale renvoyant à la refonte de l’Etat sur des bases démocratiques devant faire jouer à l’Etat régulateur le rôle stratégique qui est le sien au sein d’une économie de plus en plus globalisée, pour le passage d’une économie fondamentalement rentière à une économie productive.
Aussi, face à cette situation, il est urgent des actions politiques concrètes loin du replâtrage comme l’ouverte des médias lourds, allant vers des réformes politiques en profondeur et de convoquer des Etats majors de l’économie pour tracer la future politique économique et sociale de l’Algérie 2010/2020 et préparer l’après hydrocarbures, 16/25 ans étant demain. Seul le dialogue permanent, la concertation, des débats contradictoires utiles loin de toute autosatisfaction ou de dénigrements gratuits, permettront d’aborder avec un planning opérationnel de réalisation datée réaliste, lucidement et sans passion, les problèmes stratégiques déterminants qui engagent l’avenir du pays.
Pr Abderrahmane MEBTOUL, économiste

Article publié tel qu’il nous a été envoyé par son auteur

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