mercredi 13 août 2014

Ghaza : Les poissons aussi fuient la guerre

Après deux heures passées dans l’eau jusqu’à la taille, Samir Al Hissi considère le résultat de sa pêche désolant. Mais cette médiocre capture n’est pas le seul tribut payé à la guerre par les pêcheurs de Ghaza. Une fois revenu sur le sable, il relève son tee-shirt et découvre son torse couvert de marbrures rouge-brun, résultat des heures passées dans des flots maculés et malodorants.
Depuis que les Israéliens ont bombardé l’unique centrale électrique de la bande de Ghaza, les eaux usées des égouts se déversent directement dans la Méditerranée sans être traitées. «Les eaux usées répandues dans la mer ont un impact sur les gens et sur les poissons qu’ils mangent», dit à l’AFP ce quinquagénaire efflanqué, assis à l’ombre d’un parasol. «L’eau des égouts véhicule les maladies et fait fuir les poissons», poursuit Samir, en désignant un panier dans lequel se débattent 14 poissons maigrelets.
Avant le début de la guerre, le 8 juillet, il parcourait avec son bateau les trois miles nautiques auxquels il avait accès, conformément aux restrictions israéliennes imposées à l’enclave côtière sous blocus depuis 2006. Aujourd’hui, sa journée de travail se résume à deux heures passées à patauger pour tenter d’attraper dans son modeste filet de quoi nourrir sa famille.
Les prises sont de plus en plus minces, dit-il, parce que les poissons vont chercher le large. «Quand leur environnement devient dangereux, les poissons font comme les hommes, ils s’enfuient». Les enfants, eux, sont moins prudents. Certains d’entre eux sont tombés malades après un bain de mer, dit-il. Avant même la guerre, les Nations unies avaient mis en garde contre ce danger.
Environ «90 000 mètres cubes d’eau non traités ou partiellement traités (étaient) lâchés chaque jour» dans la Méditerranée en 2012, disait l’ONU, «causant pollution, risques de santé publique et problèmes pour l’industrie de la pêche». Le dirigeant du syndicat des pêcheurs convient que la préoccupation s’est aggravée depuis que les usines de traitement ont cessé de fonctionner. «Bien sûr que le problème de la pollution maritime est plus grave qu’avant la guerre, nous le savons», dit Nizar Ayish, «l’eau n’est plus traitée à cause de la guerre.»
EL WATAN

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