dimanche 9 mars 2014

Programme des candidats à l’élection présidentielle 2014 : Peu d’engagements en faveur des femmes

Les passages de programmes consacrés à la femme se résument souvent à des déclarations d’intentions généreuses, mais stéréotypées, en totale contradiction avec l’ambition de la femme algérienne d’accéder au statut de pleine citoyenneté.
Le moyen le plus efficace de voir les revendications des femmes satisfaites est d’être prises en charge dans les programmes des candidats à la présidentielle. Ces derniers, à travers leurs engagements électoraux, ont beaucoup plus de chances d’améliorer la situation de la femme en Algérie, une fois à la tête de l’État.
Que prévoient donc les candidats à l’élection présidentielle du 17 avril dans le volet inhérent à cette catégorie sociale ? Peu de choses en fait, lorsqu’on examine leur littérature par rapport à cette question. Mais le plus étonnant est que la partie dédiée à la femme dans les programmes des candidats se résume en tout et pour tout à des déclarations d’intentions. Aucun engagement ferme, peu de décisions prises pour faire avancer la situation des femmes dans notre pays.
Si dans ce cadre le programme du candidat Bouteflika et celui de Louisa Hanoune ne sont pas disponibles pour l’heure, ceux concernant trois autres postulants à la présidentielle sont parlants à ce sujet. C’est ainsi que dans le programme du candidat Ali Benflis, il est expliqué que “le projet accorde toute sa place à la femme algérienne, une femme de son temps, mais imprégnée de ses valeurs ancestrales”. Aux yeux de l’ancien chef de gouvernement, la femme “doit s’armer de savoir pour mieux appréhender les défis qui se posent à notre pays”. “Mais comment cela devrait-il se traduire sur le terrain ?” Aucune précision à ce propos. Le candidat parle de “la généralisation de l’enseignement du préscolaire à tous les enfants d’Algérie et de l’obligation de leur servir un repas chaud  au sein de leur établissement scolaire”. Ces deux mesures, est-il précisé dans ce cadre, “sont de nature à permettre aux femmes de disposer de plus de temps libre pour s’épanouir”. 

La question des violences à l’égard des femmes est évoquée dans le programme du candidat.
Des mesures concrètes de protection et de défense de ses intérêts moral et matériel sont, dans ce cadre, annoncées en direction de “la femme victime de toutes les formes de violences, vulnérable, en détresse et celle qui subit des pratiques discriminatoires”. Dans les faits, il est fait état de l’institution d’un fonds public de garantie de versement des pensions alimentaires aux femmes divorcées “soundouk al nafaka” en cas de défaillance du conjoint contre lequel l’État se retournera pour récupérer son dû.
Cette question de violence est aussi abordée par Belaïd Abdelaziz, le président du parti El-Moustaqbel (l’avenir). “La femme sera prémunie contre toutes les formes d’injustice au sein de la famille et en dehors, quand elle sait que son positionnement dans l’échelle des responsabilités est un droit arraché grâce à ses compétences.”
Le candidat fait état tout autant de sa volonté de “poursuivre l’amélioration et l’adaptation de la législation” en faveur de la femme. Mais dans quel domaine et dans quelles circonstances ? “À chaque fois que c’est nécessaire”, est-il précisé dans le programme de Belaïd.
Ce dernier met en avant, en outre, son intention de “donner à la femme sa place dans les différentes institutions de la République, et des responsabilités lui seront données conformément à ses compétences, aux exigences du poste ou à sa fonction, sans distinction entre les deux sexes”. Là aussi le postulant aux plus hautes fonctions de l’État ne  donne pas de précisions sur les institutions dans lesquelles il souhaite une participation plus accrue de femmes.
De son côté, le candidat Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), aborde la femme dans son programme de campagne, mais en l’intégrant dans le chapitre lié à la famille. “La prise en charge de la famille, la promotion sociale des femmes au foyer et l’encouragement de la femme travailleuse”, lit-on dans son programme, qui ne dit pas à travers quels mécanismes il compte mettre en œuvre ses intentions. Aussi et tout en prônant la généralisation de “l’adoption” et de “l’enseignement préscolaire”, Moussa Touati préconise “l’encouragement des activités économiques de la famille”. C’est en tout et pour tout la partie du programme du candidat dédié à la femme. Ça promet.

Liberté

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