jeudi 11 octobre 2012

Après une longue absence : Oran renoue avec la fête du taureau


La tradition ou la wâada de Sidi Blel, un quartier mythique de M’dina J’dida qui a vu la naissance de plusieurs figures de la Révolution algérienne, revient solennellement cette année après sa disparition en 1949.

“Notre objectif sera de faire de cette fête ancestrale une activité de grande envergure qui verra dans les prochaines années la participation de 48 wilayas pour célébrer annuellement cette tradition ancrée dans la mémoire collective des Oranais”, a déclaré, récemment, le président de l’APC d’Oran. Les convives ont, pendant deux jours consécutifs (jeudi et vendredi), pris part aux joutes de cette fête particulière ou “diwan”, dont le cortège s’est ébranlé à partir de la place de l'Indépendance (ex-Tahtaha). “Nous comptons à travers cette fête faire revivre une tradition portant des dimensions aussi bien spirituelles que thérapeutiques”, a affirmé un maître ou cheikh de cérémonie. C’est toute une succession de coutumes qui précède le diwan. La tradition veut qu’elle s’étrenne par le sacrifice d’un taureau noir. Le sacrifice est aussitôt accompagné par les passants, les visiteurs et les invités. La tradition ou la “wâada” de Sidi Blel, un quartier mythique de M’dina J’dida qui a vu la naissance de plusieurs héros de la Révolution algérienne, revient cette année après sa disparition en 1949. “C’est sur la base de l’offensive réformatrice opérée par l’association des Oulémas musulmans interdisant toutes voies ou “tariqa” que la “wâada” refait surface”, indique un vieux visiteur. Ainsi, des centaines de passionnés des jeux et autres activités liées à cette fête ont afflué vers la Tahtaha, le point de chute et de départ des différentes activités du festival. Les jeunes sont venus découvrir les chants et la musique diwan exécutés avec brio par les troupes venues de plusieurs wilayas de l’Ouest. Les plus âgés, quant à eux, se sont massés pour assister au sacrifice du taureau et le défilé des troupes de diwan qui ont sillonné les artères de la ville. La confrérie de Sidi Blel, fidèle à sa tradition, fêtait annuellement le taureau, “un sacrifice ayant un lien étroit avec le début des travaux agricoles” dans le passé, rapporte un connaisseur qui ajoute que “la fête du sacrifice doit avoir lieu à la pleine lune ou au troisième quartier”. Ainsi, l’association qui débute ces préparatifs entame la fête au mausolée de Sidi Blel, dans le “village nègre” ou M’dina J’dida. Dans le milieu du 19e siècle, la confrérie organisait la procession-quête avec le taureau paré qui était conduit par le maître du diwan. Le taureau est promené en ville pendant deux jours. La procession s’arrête, de temps à autre, pour brûler de l’encens et taper la nouba. La fête du taureau débute par la “selka”, le jeudi grand diwan avec les troupes conviées de tous les coins d’Algérie pour s’achever avec un couscous géant servi le vendredi. Le qarqabou, des castagnettes en fer où deux cupules à bord plat sur une tige en fer, réunies deux à deux par des lanières en cuir, se heurtent, et le goumbri (ou guitare), un instrument à cordes propre à la confrérie, animeront la veillée où les danses, les “abraj”, tiendront éveillés aussi bien les fidèles de la confrérie que la population habituée au rituel de Sidi Blel.

K. R-I
Liberté

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