mardi 16 octobre 2012

Just Like A Woman aux Journées Cinématographiques d’Alger : l’école des femmes, une condition…sine qua non


 
 Sienna Miller (à droite) et Golshifteh Farahani : deux femmes, un destin.
Le dernier film de Rachid Boucahreb Just Like A Woman se défausse complètement du «fait d’armes»  et de la trame historique, martiale
et belliqueuse des œuvres comme Indigènes ou encore Hors-La-Loi.

Il revient à des réalisations dramatiques dans la même veine que Little Sénégal et London River. Une approche filmique universelle, contemporaine, actuelle et récurrente. Un film poignant, d’une actualité brûlante. Et d’une dimension  et voire d’ambition internationale. Il a été tourné aux Etats-Unis. Et il inaugure une trilogie américaine, annoncée par Bouchareb himself.  Le pitch ? Mona et Marylin habitent la même banlieue de Chicago.Tandis que Mona est quotidiennement opprimée par sa belle-mère (Chafia Boudraâ) et trime dans l’épicerie familiale, Marylin découvre que son mari la trompe et se fait licencier du jour au lendemain. Elle décide alors de tout plaquer pour réaliser son rêve : participer au fameux concours de bellydancing (danse du ventre) à Las Vegas.  
Sa route va rapidement croiser celle de Mona, elle aussi bien décidée à fuir sa belle-famille. Les deux jeunes femmes vont sillonner l’Amérique, insouciantes, au rythme des répétitions et des représentations, jusqu’au jour où Marylin découvre que Mona est recherchée pour le meurtre de sa belle-mère...
Just Like A Woman est en fait un road-movie aux référents du celluloïd de films cultes dans le désordre comme Paris Texas de Wim Wenders, Thelma And Louise de Ridley Scott, La balade sauvage de Terence Malik, Sailor And Lula de David Lynch, ou encore Easy Rider de Dennis Hopper…
Avec, en prime, des clins d’œil allusifs à des films tels que Satin rouge de Raja Amari, La Graine et le mulet de Abdellatif Kechiche, ou encore Whatever Lola Wants de Nabi Ayouch… Une quête, une requête et autre «enquête» (il s’agit aussi d’une investigation policière) initiatique à travers  les Etats-Unis ! Le film proprement dit de Rachid Bouchareb est une ode, un hymne à la condition féminine. Il montre et démontre que la femme est une victime de par le monde, et notamment aux USA. Une victime expiatoire ! Victime tout indiquée de l’extrémisme, l’intolérance, le machisme, le conservatisme, le harcèlement sexuel, la misogynie inquisitrice, le racisme, la xénophobie et voire le délit de faciès la réduisant à un infra-humain. Le film traite aussi de l’islamophobie, des clichés, stéréotypes et idées préconçues. L’itinéraire, le destin et la route croisée par deux femmes, Mona et Marylin. Se cherchant et recherchant, Mona et Marylin découvrent qu’elles ont été usées et abusées par un «système» les traitant comme une minorité. Mona est maghrebine et Marylin est américaine. Mais quand  on leur demande d’où elles viennent, elles répondent : «Chicago !».
Lacrymal jeu de rôles
C’est dire de leur patrie : leur condition, leurs rêves, leurs peines, leurs joies, leurs passions. Leur raison de vivre (dans le film) : c’est tout juste procréer, avoir un enfant, prouver qu’elles sont femmes, matrices, mères ! Just Like A Woman, malgré  quelques langueurs et longueurs de trop émaillant la trame d’un téléfilm, est un opus intéressant, touchant car empli par une charge émotionnelle. L’actrice britannico-américaine Sienna Miller ( G.I. Joe, Alfie…) campant le rôle de Marylin, et l’Iranienne Golshifteh Farahani (A propos d’Elly) celui de Mona, crèvent l’écran par leur fraîcheur, justesse de jeu (lacrymal) et leur générosité.
Emotion ! Et puis, la bande originale du film distille de la musique nostalgique de Ya Rayah de Dahmane El Harrachi, reprise «rauque» de Rachid  Taha - où Sienna Miller et Golshifteh Farahani donnent le tournis à la gent masculine dans une danse du ventre lascive (Hips Don’t lie, les hanches ne mentent pas, comme dirait Shakira) et Wala Ala Balo de Amr Diab.
 
K. Smail
EL WATAN
 

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