mardi 12 novembre 2013

JOURNÉES D'ÉTUDES SUR LA MICROTOPONYMIE : Dis-moi comment s'appelle ton village...

Les participants aux journées d'études sur le «Patrimoine villageois amazigh», ouvertes samedi dernier à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, ont insisté hier, sur l'importance de préserver la microtoponymie villageoise, une des facettes du patrimoine immatériel aujourd'hui en déperdition. Mustapha Tidjet, enseignant à l'Institut de langue et culture amazighes de l'Université de Béjaïa, premier chercheur à s'être intéressé à la toponymie villageoise en tant que patrimoine immatériel, a indiqué que «la richesse onomastique est un patrimoine immatériel inestimable, dont l'intérêt aussi bien économique que social est indéniable.» Le conférencier a estimé que la microtoponymie, qui fait référence aux noms des lieux-dits, des champs, des placettes, entre autres, est «le maillon faible de cette richesse onomastique». «S'il est difficile de perdre le nom d'une localité d'une certaine importance physique, le nom d'une toute petite entité est, au contraire, très vulnérable et, aujourd'hui déjà, les jeunes générations de villageois ne connaissent pas les noms d'une grande partie de ces lieux», a-t-il expliqué. Selon M.Tidjet, plusieurs de ces noms peuvent pourtant constituer des indices importants sur le village, du point de vue, notamment, de son activité principale, sa composante humaine et matérielle, sa géographie, ses vestiges, et sur sa faune ou sa flore. Pour souligner l'importance de la persévération de noms des lieux, il a rappelé l'affaire de la coulée de boue de la commune d'Illilten, tout en précisant que «si des gens ont construit leurs maisons sur le lit de l'Oued Ichkar, c'est parce qu'ils n'ont pas pris en considération la toponymie de ce lieu.» La toponymie fait appel au génie populaire qui donne des noms à des endroits en fonction de leurs particularismes, a-t-on affirmé lors du colloque. C'est le cas par exemple de «Trig Chdjour», ou («la rue des arbres»), «Tiplakine», un lieudit, situé sur la route de Tala Athmane et qui fait référence à la présence de nombreuses plaques signalétiques au niveau de ce carrefour, ou plus récemment, la placette de «La Bougie» à l'entrée ouest de la ville de Tizi Ouzou, par référence au monument en forme de bougie, qui y est érigé, place qui est pourtant officiellement baptisée «Place des 20.000 martyrs de la Wilaya III historique». L'ouver-ture, ces deux dernières années, de nouvelles lignes de transport à Tizi Ouzou ou à Béjaïa a été l'occasion au génie populaire de s'exprimer de nouveau en donnant des appellations aux différents arrêts, tels que l'arrêt du «virage», «La piste» et «El qahwa» («le café»). «Ces appellations sont acceptées et adoptées par le citoyen et quand l'administration intervient pour les changer, la population n'y adhère pas», a-t-on observé. M.Tidjet qui a entamé la constitution d'une base de données toponymiques, a insisté sur l'importance de collecter ces appellations au niveau des villages, par le biais des associations qui pourront, dans un premier temps, placer des plaques pour indiquer les noms des lieux. Youcef Merahi, secrétaire général du Haut commissariat à l'Amazighité (HCA), a annoncé, pour sa part, l'organisation en décembre prochain, à Tizi Ouzou, d'un colloque sur la toponymie.

L'EXPRESSION

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