mercredi 6 novembre 2013

Un enseignant en sciences politiques l’a déclaré : “L’Algérie porte un héritage diplomatique précieux”

Le prochain et premier voyage du secrétaire d'État américain, John Kerry, au Maghreb, à Alger, puis au Maroc, devrait déboucher sur la création de “mécanismes locaux qui confortent les mécanismes internationaux” pour mettre fin aux “menaces” auxquelles est confrontée la région. Ce point de vue a été développé, hier, par Salah Saoud, professeur en sciences politiques, en marge de la conférence sur “la stratégie de défense des États-Unis et son redéploiement géostratégique”, organisée par l’École nationale supérieure des sciences politiques (Enssp) de Ben Aknoun (Alger). Pour M. Saoud, les menaces sont connues et englobent, outre l’immigration clandestine et le problème de la drogue, le phénomène du terrorisme et de la criminalité organisée. “Ces menaces interpellent non seulement l’Algérie, mais aussi les autres États, y compris les USA qui ont des intérêts dans la région”, a assuré l’enseignant à Liberté. Ce dernier a, en outre, insisté sur le choix de l’Algérie “pour relever les défis et réussir à endiguer ces fléaux”, en raison, dira-t-il, “de sa place géopolitique, de son poids politique et de son héritage diplomatique précieux, notamment dans la résolution des conflits”.
Le Pr Saoud est aussi revenu sur le climat de tension et d’escalade, suscité récemment par le voisin marocain, estimant que cet épisode “ne nécessite pas l’intervention américaine”. Pourtant, expliquera-t-il, “John Kerry va profiter de cette première tournée au Maghreb pour appeler à l’apaisement les deux amis des États-Unis, l’Algérie et le Maroc, et pour les consulter sur différentes questions, dont l’affaire du Sahara Occidental”. Selon Salah Saoud, le représentant US viendra “avant tout dans le cadre des intérêts de son pays” et discutera avec les autorités algériennes sur, entre autres, le pétrole, les investissements, la question sécuritaire et même sur les sociétés américaines exerçant dans le Sud. Concernant le dossier de décolonisation du Sahara Occidental, notre interlocuteur a déploré qu’il échappe aux pays de la région, alors qu’il suscite l’implication de pays occidentaux, à l’exemple de la France et de l’Espagne qui, elles, “l’utilisent pour défendre leurs intérêts et exploiter les crises en leur faveur”. De son côté, un autre enseignant, sous le sceau de l’anonymat, nous a confié que la réaction algérienne vis-à-vis du déchaînement marocain “est sage et honorable, mais elle reste insuffisante, surtout après l’acte honteux commis contre le drapeau algérien, qui est survenu le jour même de la commémoration du 59e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale”. Cet épisode a également été commenté par quelques étudiants et étudiantes, qui n’ont pas caché leur “indignation” face au comportement du royaume chérifien.
Pour ce qui est de la conférence de l’Enssp, elle s’est intéressée au parcours de la puissance américaine, la décrivant comme une       “hyperpuissance aux multiples facettes”, ainsi qu’à la “Look East Policy”, un recentrage de sa politique qui intègre l’Asie-Pacifique comme      “une frontière stratégique”. Paraphrasant le diplomate US John Hay, l’animateur a affirmé que “l’histoire occidentale a commencé par une ère méditerranéenne, est passée par une ère atlantique et entre maintenant dans l’ère du Pacifique”. La rencontre de l’Enssp, par ailleurs, a été l’occasion pour rendre hommage à “la Révolution du 1er Novembre 1954”, à travers la remise de cadeaux symboliques à 3 combattants de la guerre de Libération, à savoir : Zoulikha Amirat, Salah Benkhoubi et Ammar Boukhouche.
 
Liberté

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