mardi 25 février 2014

53 milliards de dépenses dans les travaux publics d’ici 2019 : Les entreprises nationales auront leur part du gâteau

 
 près de 70% du secteur de la construction sont de très petites entreprises.
Longtemps sacrifiées au profit de l’expertise étrangère, les entreprises nationales auront désormais la priorité dans les projets de travaux publics à venir et pour lesquels il est prévu 53 milliards de dollars dans les cinq prochaines années.
C’est le ministre du secteur, Farouk Chiali, qui l’a affirmé récemment. Il en sera ainsi notamment pour la réalisation de l’autoroute des Hauts-Plateaux, un projet de 700 milliards de dinars qui porte sur plus de 1000 km et dont les travaux seront lancés à la fin du mois de juin prochain. «La priorité sera donnée aux entreprises nationales pour réaliser cet important projet, en les encourageant à soumissionner aux appels d’offres qui seront lancés prochainement», a déclaré le ministre. Encore faudrait-il que ces entreprises soient suffisantes en nombre et aient les moyens matériels, humains et financiers pour relever ce défi. Et là-dessus, les opérateurs du secteur sont plutôt divisés. Kamel Mehsas, président de la Fédération algérienne des travaux publics (FATP) estime que les entreprises nationales depuis les années 2000 «ont beaucoup évolué en accumulant de l’expérience et en se dotant d’un personnel hautement qualifié et de matériels performants adéquats».
Le dernier recensement économique de l’ONS fait état d’un peu plus de 9000 entreprises versées dans le secteur de la construction, soit à peine 1% des entités économiques existantes. Près de 70% de ces entités totalisent une dizaine d’années d’expérience et sont essentiellement privées. Par ailleurs, pour plus de 60% d’entre elles, leur chiffre d’affaires ne dépasse pas les 20 millions de dinars. On est loin des 50 milliards de dinars du groupe public Cosider.
Pour Djamel Mezine, chef d’entreprise et membre de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) «il n’y a pas d’entreprises de grande envergure qui puissent faire face aux programme du gouvernement». Hormis l’ETRHB et COSiDER, le reste «ce sont de petites entreprises qui ne disposent pas de suffisamment de savoir-faire, de compétences et d’expérience». Et d’ailleurs, leur part dans la commande publique est très «minime», remarque Mahfoud Megatli, membre de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA). Pourtant, pour lui, les entreprises nationales peuvent tout de même apporter leur pierre à l’édifice en s’unifiant. Au niveau de la CGEA, «on a créé un groupement de 40 entreprises qui peuvent émarger à la réalisation de certains projets dont des tronçons de la nouvelle autoroute des Hauts-Plateaux», explique-t-il.
Insuffisances
Mais, «réaliser une autoroute n’est pas une tâche à la portée de n’importe quelle entreprise du fait qu’elle nécessite des capacités managériales, financières et matérielles aussi importantes qu’efficaces», rappelle Kamel Mehsas. Les entreprises nationales «ont des insuffisances concernant surtout le volet management des grands projets, mais justement l’occasion offerte par les pouvoirs publics va les obliger à axer leurs efforts sur la qualité des travaux, le respect des coûts de réalisation à travers le respect des délais et l’adoption des techniques adéquates aux tâches spécifiques à réaliser».
Les entreprises du secteur de la construction emploient près de 1600 employés, mais près de 70% sont dans la catégorie des très petites entreprises avec moins de 10 salariés.  Le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée se dresse comme un obstacle quand il s’agit de réaliser des projets importants. Et d’ailleurs, selon l’enquête 2011 de l’ONS sur le chômage, 50% des effectifs de ce secteur sont constitué de travailleurs apprentis et des salariés non permanents.
Pour M. Mezine, la seule manière de s’en sortir pour les entreprises nationales serait donc de «travailler en collaboration», non seulement avec les gros groupes nationaux, mais aussi avec «les partenaires étrangers». Ces derniers répondraient «à la demande des opérateurs nationaux» et non pas le contraire, précise M. Megatli.
Dans l’une de ses déclarations, le ministre du secteur avait indiqué que le recours aux entreprises étrangères ne se ferait désormais que dans le cas de projets «complexes» pour lesquels les entreprises nationales n’auraient pas la technicité nécessaire.
De quoi faire plaisir à ces opérateurs nationaux, à l’image de Kamel Mehsas pour qui «ce sont les capitaines nationaux de construction et d’industrie qui participent au développement du pays et non pas les multinationales». De ce point de vue, la décision du ministère de privilégier l’outil de construction national pour l’autoroute des Hauts-Plateaux relève d’un choix «stratégique». Elle permettra, précise notre interlocuteur, «la création de milliers de postes d’emploi directs qui seront puisés dans la main-d’œuvre locale issue des régions traversées par le tracé». Elle permettra également «la participation des  petites entreprises qui auront la tâche de réaliser les travaux secondaires».
La concrétisation de la nouvelle promesse du gouvernement est très attendue par les opérateurs nationaux, d’autant que de nombreux projets sont annoncés dans le secteur. On parle notamment de «la réalisation de plus 40 projets de développement routier pour lesquels 76 milliards DA ont été alloués», «5 grands projets de sécurisation des frontières d’un montant de 20 milliards DA» et «16 projets d’ouvrages d’art et de tunnels, d’un coût de 24 milliards DA».

EL WATAN

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