jeudi 21 juillet 2011

Festival d' Avignon (France)

La cour des grands...spectacles vivants



Avignon offre son plus beau visage du 6 au 31 juillet,  
réjouissant les milliers de visiteurs pour qui déambuler dans la ville hantée par le théâtre est un spectacle en soi.

Que faire en été lorsqu’on veut soulager son âme, et bâiller de paresse langoureuse sous l’ardeur revigorante du chaud soleil provençal ? Se promener dans les rues d’Avignon, sans d’autre but que d’humer l’air du temps, et attraper au vol les vibrations artistiques qui suintent de tous côtés. Le théâtre a pris ses aises au bord du Rhône, derrière les remparts de l’ancienne capitale des papes, une citadelle qui rappelle le passage des chefs de l’Eglise catholique, installés, là, entre 1309 et 1418,  pour des motifs historiques qu’il n’y a pas lieu d’exposer ici. Ils léguèrent surtout à la postérité le majestueux Palais des Papes, l’un des monuments français les plus visités. C’est dans la cour de cet édifice impressionnant qu’est né, après la Seconde Guerre mondiale, le festival théâtral, sous la houlette de Jean Vilar, une rencontre vouée à perdurer et à se développer. Dès 1966, quelques passionnés lancèrent le «off», pour dire que le théâtre appartient à tout le monde. Ils ne savaient pas si bien dire. Peu à peu, des comédiens, chanteurs, artistes de rue vinrent s’y greffer massivement.
D’année en année, l’organisation aidant, des salles se spécialisèrent, le temps d’un mois de juillet, dans l’accueil de ces troupes en marge d’un festival «in», qui avait tendance à s’embourgeoiser, selon ses détracteurs. Depuis, les deux festivals cohabitent et les plus insolites des lieux servent de lieu de création. Côtoyant la rencontre officielle bien lotie, tout est bon pour abriter les créations artistiques. Caves, magasins, chapelles, cours, jardins, et même péniches à deux pas du célèbre pont Saint Benezet, connu dans le monde entier sous le nom de «Pont d’Avignon», celui sur lequel «on y danse, on y danse…». Comme le Palais des Papes, cette moitié de pont sur le Rhône est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. A présent, dans le «off», avec 969 compagnies présentes, (876 françaises et 93 étrangères, dont la Chine, cette année, et pour la première fois), 1143 spectacles de toute nature se disputent les faveurs du public dans 103 théâtres installés ou improvisés. Tous les jours, les troupes arpentent les rues avec ardeur et imagination pour faire de la publicité à leur spectacle. Une étonnante parade en continu pour ce «plus grand théâtre du monde», comme aime à le dire Avignon Festival et compagnie, l’association organisatrice du «off».

La messe théâtrale est dite

Les deux «Festivals en un» fonctionnent cependant en symbiose, l’un apportant à l’autre des spectateurs et vice versa. De 70 à 85% des places disponibles trouvent, en tout cas, preneurs, ce qui pousse les jeunes artistes à tout faire pour être présents dans cette immense vitrine théâtrale, même au prix, pour certains, de s’endetter pour louer les salles, trouver où dormir, manger pendant trois semaines. C’est que le jeu peut valoir un avenir pour les comédiens. Selon le président, Greg Germain, «les spectacles achetés sur le ‘‘Off’’ représentent un peu plus de 20% de la programmation des structures de diffusion françaises».
Autant dire que ce Festival «peut et doit jouer un rôle majeur dans le diagnostic sur l’état de la création», explique-t-il, dans ce «grand rassemblement de toutes les esthétiques du spectacle vivant». Au pays des papes, la messe théâtrale est dite, et elle sera belle, avec de beaux textes, des interprétations qui sortent de l’ordinaire, des séquences émotion. Il suffit de se laisser glisser dans le grand tourbillon de la vie. Ce n’est pas difficile, tant l’ardeur qui saisit de plein fouet la ville contamine ceux qui s’en approchent. Parmi le millier de rendez-vous passionnants, nous avons pu en sélectionner quelques-uns dont nous vous rendrons compte dans les prochaines éditions d’Eté 2011. Cela en vaut la peine.


 
Walid Mebarek

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