Michel Sapin et la direction de Pôle Emploi avaient prévenu : les chiffres du chômage pour le mois de septembre ne seraient pas brillants. «Comme vous le savez, au mois d’août, il y a eu un incident statistique avec un "bug SFR", rappelait mercredi le ministre du Travail. Cet incident a augmenté la baisse du mois d’août, il va augmenter la hausse au mois de septembre.» Confirmation ce jeudi : avec une hausse de 1,9% du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, la courbe du chômage est brusquement repartie à la hausse. Et si celle-ci doit être relativisée, les dernières prévisions économiques ne sont pas optimistes quant au retournement durable promis par le gouvernement.

Avec 60 000 inscrits supplémentaires, les effectifs de la catégorie A sont désormais de 3,3 millions (+8,1% sur un an). En intégrant les catégories B et C (temps partiels), la hausse mensuelle est de 1,1%. Les jeunes payent le plus lourd tribut : le nombre de moins de 25 ans en catégorie A augmente de 3%. Les flux d’entrées et de sorties des listes se caractérisent par une forte volatilité, avec une envolée des fins de CDD et des licenciements économiques, tandis que les désinscriptions pour défaut d’actualisation retrouvent leur niveau habituel après le bug du mois dernier. «Comme d’habitude, il faut prendre ces chiffres mensuels avec précaution, tempère Eric Heyer, économiste à l’OFCE. C’est encore plus vrai ce mois-ci après le fameux bug SFR.»
Petit rappel : en août, de nombreux demandeurs d’emploi n’avaient pas reçu le SMS les invitant à actualiser leur situation en ligne. Un oubli valant désinscription, le nombre de sorties des listes de Pôle Emploi avait bondi. Depuis, nombre d’entre eux se sont réinscrits à Pôle Emploi. Selon l’institution, l’impact à la hausse sur les chiffres du mois se situerait entre 16 000 et 18 000 en catégories A, B et C. Un rattrapage qui ne suffit pas à expliquer l’ensemble de la hausse : celle-ci reste considérable même en retranchant cet effet rattrapage.
Compte tenu de l’incertitude, le ministère du Travail invite cependant à apprécier l’évolution du chômage sur deux mois, entre fin juillet et fin septembre. Sur cette période, les effectifs de la catégorie A ont augmenté de 10 000 unités, soit 0,3% ; ceux des catégories A, B et C ont diminué de 0,2%. Une amélioration certaine par rapport au début d’année. Mais pas encore, loin s’en faut, le retournement promis par le gouvernement.

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