mercredi 16 octobre 2013

Le Futur de Marseille peut-être d'origine algérienne?

Samia Ghali
Il y a 30 ans jour pour jour était lancée la marche des Beurs. Trois décennies plus tard, la diversité n’a pas beaucoup progressé en politique.

Dans la primaire socialiste marseillaise, il y a une chose dont on peut se féliciter, en laissant de côté les bisbilles qui ont émaillé le scrutin. C’est la présence à ce niveau d’une femme de la diversité. Samia Ghali, d’origine algérienne et issue d’un milieu défavorisé, a réussi à gravir les échelons pour se hisser au Sénat et, qui sait, peut-être à la mairie de Marseille.

Mais combien de parcours empêchés, gâchés pour une Samia Ghali qui arrive sur le podium ? La mise en lumière de cette dynamique quadragénaire vient éclairer une part d’ombre de notre système politique qui fait toujours peu de place à ce qu’on appelle pudiquement « les minorités visibles ». Rendez-vous compte : aux dernières législatives de 2012, on se félicitait de l’arrivée de seulement 8 nouveaux députés d’origine étrangère sur les bancs du Palais-Bourbon.

Est-ce la responsabilité des partis politiques ? Oui, pour partie. Au lieu de prendre appui sur la marche des Beurs au début des années 80 pour porter une nouvelle génération issue de l’immigration, la gauche a instrumentalisé le mouvement.

Avec, notamment, la création de SOS Racisme qui n’a profité qu’à une poignée d’hommes, comme Harlem Desir. Quant à la droite, elle a complètement délaissé une partie de la population. A l’UMP beaucoup sont aujourd’hui conscients qu’il n’est pas possible d’envisager une alternance sans la reconquête des minorités. Un chiffre a mis en alerte le parti de Jean-François Copé : 86% des Musulmans de France ont voté Hollande en 2012.

Une réconciliation avec cette partie non négligeable de l’électorat passe par la diversification des profils des candidats aux prochaines élections. A Marseille, Jean-Claude Gaudin en est encore à miser, et ce n’est pas flatteur, sur le fait qu’une « beurette » ne puisse pas être élue dans la capitale phocéenne.

Dans un sondage datant de 2011, 64% des Français se disaient prêts à voter pour un candidat de la diversité. Un chiffre a priori rassurant, sauf que trois ans plus tôt, en 2008, dans une enquête similaire, la proportion était de 85%… Soit une perte de 20 points en trois ans !

C’est dire que la tendance n’est pas favorable à l’intégration politique des communautés minoritaires. Cette notion est dorénavant attachée à l’idée de communautarisme, qui effraie. Le Front national en fait d’ailleurs litière. Mais plus la diversité sera présente, plus cette crainte perdra sa raison d’être.

Des solutions existent : le non-cumul des mandats – on y arrive- une dose substantielle de proportionnelle – là c’est pas gagné François Hollande hésiterait à passer le pas- pourraient favoriser une réelle représentativité.

Les primaires ouvertes, on le voit avec Samia Ghali, sont déjà un premier pas. Mais ne rêvons pas trop non plus : la discrimination du monde politique fait écho à une autre discrimination, économique, éducative et sociale.Pour réparer l’une, il faut agir sur l’autre.

Il est bien – et il faut reconnaître à Nicolas Sarkozy d’avoir su lancer ce mouvement -, que le gouvernement illustre la pluralité des origines. Mais la véritable légitimité vient du suffrage universel et il serait plus parlant de voir des élus locaux ou des parlementaires aux couleurs de la différence. Ce fut le cas avec le Guyanais Gaston Monerville lorsqu’il présidait le Sénat. C’était il y a un siècle ou presque, entre 1958 et 1968. Les choses ont depuis peu ou pas changé.

 

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