Il est de coutume que chaque fois où l'on croit qu'il va y avoir un
changement, de nouvelles aspirations se développent et se construisent sur ce
qui n'a pas été réalisé, achevé ou abordé. Il y a par exemple comme aspiration
celle de créer les conditions d'une augmentation du pouvoir d'achat des
populations et que cette augmentation serve à relancer l'économie nationale, et
non pas l'économie des pays qui sont nos fournisseurs. Certainement que
l'atteinte de tels objectifs est programmée mais ne sera pas pour demain, car la
mise en place d'industries susceptibles de produire en substitution aux
importations est encore au niveau des projets et des discours. Depuis l'essor
de la politique des " containers ", l'esprit de nos hommes d'affaires est
entièrement orienté vers les importations. Le gain facile. Un gigantesque plan
anti-pénurie, à la hauteur de nos ressources en provenance de la vente des
hydrocarbures. Une autre aspiration développée par Belkhadem quand il était
chef de gouvernement (ou simplement coordinateur, comme il lui arrivait de se
qualifier), était de créer une classe moyenne la plus élargie possible, car il
est connu que celle-ci peut porter à maturité les démarches étatiques, qu'elles
soient d'ordre politique ou économique. Mais la différence énorme en matière de
rémunérations entre les députés et les cadres de la haute administration pouvait
mettre en péril ce projet de création de la classe moyenne, et creuser même un
fossé entre la classe politique et tout le reste de la société, brisant ainsi la
cohésion dans l'espace de la mobilisation autour des politiques de l'Etat. La
classe moyenne est aussi constituée par ceux qui participent au développement du
pays et à la liberté de la presse. C'est la classe moyenne qui sert de zone
tampon entre les riches et les pauvres et qui absorbe les tensions selon son
étendue. L'écart important entre cadres supérieurs de l'Etat et parlementaires
en termes de rémunération pourrait être un des facteurs majeurs de
l'inaboutissement ou du freinage de tout processus destiné à relancer l'économie
et même à lutter contre la corruption.
Le Maghreb
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