mercredi 3 avril 2013

Il a inventé une nouvelle technologie médicale Abdenour Abbas, un chercheur algérien, dans le Top 10 des innovateurs de moins de 35 ans en France


L’élite algérienne à l’étranger continue de se distinguer. L’Algérien Abdennour Abbas, 33 ans, chercheur à l’université de Washington à Saint Louis, figure dans le Top 10 des lauréats de la première édition française du concours conduit par la Technology review, pour l’Institut américain de technologie de Massachusetts (MIT). Ce concours, dont les résultats ont été publiés le 21 mars dernier, permet de distinguer chaque année de jeunes talents de moins de 35 ans, dans les nouvelles technologies. Il est à l’origine de la célébrité de plusieurs génies comme : Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, Serguei Brin, co‑fondateur de Google, Max Levchin, co‑fondateur de Paypal, Linus Torvalds, développeur de Linux, Jack Dorsey, co‑fondateur de Twitter.
Une invention révolutionnaire au service des malades
 
Originaire de Makouda dans la wilaya de Tizi Ouzou, Abdebour Abbas est l’inventeur de biocapteurs ultrasensibles à base d’anticorps artificiels pour le diagnostic médical. Sa technologie déjà brevetée consiste à faire des tests à domicile pour diagnostiquer des maladies comme la grippe, le cancer, le sida… en utilisant de la sueur, de l’urine ou du sang. Les malades n’auront plus besoin de se déplacer dans des cabinets médicaux et les hôpitaux pour diagnostiquer ce genre de maladies.
 
« L’étape suivante est la création d’une start-up qui va mettre le produit sur le marché dans les prochaines années. L’objectif est de permettre aux individus de faire leur propre diagnostic médical à domicile en utilisant un test sur papier, d’une manière aussi simple qu’un test de grossesse », explique M. Abbas. Les tests en question seront sur le marché dans les très prochaines années, ajoute le chercheur qui imagine que « dans 10 ans, on aura moins besoin de médecins pour le diagnostic, mais on aura toujours besoin de leur suivi quand c’est nécessaire. Ces tests vont également permettre aux individus de connaître les risques qu’ils ont pour certaines maladies afin de se pendre en charge avant même que la maladie ne se déclenche. », a‑t‑il ajouté.
 
Les Américains misent sur les talents
 
Abdenour Abbas explique à TSA le principe de ce concours qui donne toute l’importance aux jeunes talents : « contrairement à une certaine philosophie qui veut qu’on récompense les carrières et l’expérience, et donc l’âge, le MIT préfère récompenser le potentiel, c’est-à-dire des jeunes personnes qui commencent à faire des choses intéressantes et qui ont le potentiel d’avoir un grand impact sur la société ». En misant sur les jeunes talents, les Américains cherchent à asseoir leur domination sur le monde. « C’est une démarche orientée vers l’avenir. Les Américains savent que celui qui détient ces jeunes talents détient les futures multinationales ».
 
Un étudiant algérien passionné par la recherche
 
Abdennour Abbas est un produit de l’université de Tizi Ouzou, où il a obtenu un DES en biochimie en 2003. Passionné par la recherche, il décide d’aller continuer ses études en France, où il obtient un master puis un doctorat dans le domaine des nanotechnologies appliquées à la médecine à l’université de Lille 1 en 2009. Après le doctorat, Abdennour Abbas décide de quitter la France pour rejoindre l’Université de Californie aux USA puis l’Université de Washington comme chercheur associé.
 
Pourquoi il a quitté l’Algérie
 
M. Abbas explique les raisons qui l’ont poussé à quitter l’Algérie : « si on quitte un endroit c’est parce qu’on n’est plus satisfait ni de l’environnement ni de notre propre rendement. C’est aussi pour une question de moyens ». Dans un premier temps, la France a offert à ce chercheur les moyens nécessaires pour faire ses recherches mais le manque de liberté en matière de recherche a poussé le jeune à aller aux États-Unis. « C’est une question de modèle et de philosophie du travail. D’ailleurs, il a fallu que le MIT américain vienne en France pour sélectionner les 10 meilleurs innovateurs de l’année. En France, on a un bon environnement de recherche, mais on aime bien tout encadrer, ce qui fait qu’il y a moins de liberté et moins de prise de risques, deux choses que j’aime beaucoup », ajoute M. Abbas.  
 
Au restaurant de l’université de Tizi Ouzou, la cuillère dans la poche
 
Content de figurer parmi les 10 meilleurs jeunes talents du MIT, Abdennour Abbas rend hommage à sa famille. « J’ai pensé à mes parents, à ma famille qui a financé mon premier voyage en France. J’avoue que je me suis aussi fait repasser quelques bons souvenirs, comme la longue…très longue file d’attente que je faisais au restaurant universitaire de Hasnaoua à Tizi Ouzou, avec une cuillère dans la poche, il y a à peine 10 ans. J’ai un frère qui me dit que c’est toujours le cas aujourd’hui », raconte-t-il.
 
Contre le retour des élites algériennes au pays
 
M. Abbas ne prévoit pas de revenir travailler en Algérie. « On entend beaucoup parler du retour des élites algériennes établies à l’étranger. Je crois qu’on pose les mauvaises questions. La meilleure façon de bénéficier de ces compétences algériennes, ce n’est pas de leur demander de revenir, mais de favoriser et de financer des collaborations et des échanges entre ces chercheurs et les laboratoires dans les universités algériennes. Un transfert efficace et continu du savoir nécessite que ces gens-là restent à leur place, c’est à dire à la pointe des technologies. Il faut commencer à regarder les compétences algériennes à l’étranger comme une richesse à utiliser et non pas à rapatrier. »
 
Abbas écœuré par le sort réservé aux génies en Algérie
 
Dans un univers où la technologie avance de jour en jour, Abdennour Abbas pense que les jeunes de moins de 25 ans sont le seul espoir dans cette course folle aux nouvelles technologies. « Les jeunes de moins de 25 ans sont les seuls à pouvoir tenir dans cette course folle des nouvelles technologies. Je vous dis ça et j’ai 33 ans. Et puis, il n’y a pas plus triste qu’un talent gâché », dit-t-il. « Quand j’ai su que l’Algérie avait créé un lycée spécialisé pour les petits génies en mathématiques, je me suis dit qu’il y a des gens qui ont compris les vrais enjeux et qui essayent de tirer le pays vers le haut. Mais, quand je lis plus tard que ces petits génies se plaignent des conditions d’études, ça me fait vraiment mal au cœur », regrette‑t‑il.
 

TSA

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