Parfois brocardé comme le "ministre des usines qui ferment", Arnaud Montebourg, de plus en plus soutenu dans son camp, parviendra à justifier son poste au Redressement productif s'il fait plier ArcelorMittal et sauve Florange. En revanche, une défaite serait désastreuse.
Après avoir écumé les champs de bataille sociale et s'être attaqué successivement à PSA, Rio Tinto, Sanofi, Doux, Alcatel ou SFR avec plus ou moins de succès, l'ancien candidat à la primaire socialiste mène aujourd'hui la mère de toutes ses batailles.
"Je ne peux pas nier que c'est un dossier très important pour lui", explique le député de l'Essonne Malek Boutih, l'un de ses proches. "S'il perd la bataille de Florange, il va être réduit au ministre qui va jeter quelques bouées de secours", poursuit-il, tout en estimant qu'"au-delà, c'est l'exécutif, qui joue gros".
Depuis deux mois, et plus encore ces derniers jours, il affronte le géant de l'acier ArcelorMittal, qui veut fermer les hauts-fourneaux de Florange, avec une stratégie extrême: si l'homme d'affaires indien n'accepte pas de vendre tout le site, le gouvernement menace d'en prendre le contrôle temporairement, avant de le céder dans le périmètre qu'il souhaite.
Le ministre va jusqu'à déclarer qu'il "ne veut plus de Mittal en France", avant de nuancer son propos.
Considéré un temps comme isolé au sein du gouvernement, certains n'aimant pas forcément son activisme médiatique, d'autres dirigeants socialistes raillant "le ministre des usines qui ferment", Arnaud Montebourg a engrangé un nombre important de soutiens - pour certains inattendus - à sa stratégie face à Lakshmi Mittal.
Notamment ceux de l'ancien ministre de l'Economie de Jacques Chirac Thierry Breton, du député et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy Henri Guaino ou encore du président de l'UDI Jean-Louis Borloo.
"Il est soutenu, plutôt très soutenu" dans la majorité, ajoute le député Thierry Mandon, en particulier "dans les groupes parlementaires", poursuit M. Boutih.
Et difficile de ne pas lire un appui au plus haut sommet de l'Etat. L'Elysée, qui a pris les rênes du dossier, n'a pas désavoué la proposition de nationalisation temporaire. Mardi, a eu lieu une "discussion franche et ferme" entre M. Hollande, qui juge qu'une nationalisation "fait partie de la discussion", et Lakshmi Mittal, le PDG du groupe.
De son côté, Matignon joue la discrétion, laissant le ministre du redressement productif en pointe, multipliant les déclarations, parfois les provocations.
Même le patronat s'est montré discret au départ, permettant à Arnaud Montebourg de mettre en avant une "unité nationale (qui) se construit" autour du projet de nationalisation. Depuis la présidente du Medef a jugé la proposition "scandaleuse".
Si Arnaud Montebourg parvient à faire plier Mittal, il fera définitivement taire ses détracteurs. Dans le cas contraire, ceux qui, à l'instar de l'ancien Premier ministre François Fillon, dénonçaient son "arrogance", pourront s'en donner à coeur joie.
AFP
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