Soucieuse des enjeux énergétiques et environnementaux liés à la diversification du mix énergétique et la volonté des grandes économies de la planète pour réduire davantage le recours aux énergies fossiles, l’Algérie s’est engagée à la veille de ses 50 ans d’indépendance dans un ambitieux programme de développement des énergies renouvelables.
Au delà d’une donne économique et politique, et parallèlement aux prémices d’une réorientation du modèle universel de consommation énergétique vers l’émergence de nouvelles réponses alternatives aux besoins de la planète, le programme algérien de développement des énergies renouvelables apparaît aussi comme une solution pour exploiter un interminable gisement solaire et éolien afin de contribuer à satisfaire la demande interne en électricité et exporter une partie de cette énergie vers des pays européens.
Il s’agit également dans la même optique de rallonger encore de quelques années de plus les réserves nationales en hydrocarbures pour les préserver aux générations futures dans un contexte international marqué par un déclin très proche, voire éminent de l’offre mondiale en pétrole brut et en gaz naturel.
120 milliards de dollars pour développer à terme les énergies renouvelables...
Officiellement adopté en février 2011 par le Conseil des ministres, le Programme national de développement des énergies renouvelables (PNR) prévoit ainsi une production de 22.000 MW d’électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 MW supplémentaires à exporter pour les 20 prochaines années. Ceci correspond à 40% de la production globale d’électricité d’ici 2030 et le double de la capacité actuelle du parc national de production d’électricité.
Des investissements de l’ordre de 120 milliards de dollars, dont la moitié provenant du secteur public, sont nécessaires pour la même échéance afin d’atteindre cet objectif. Les investisseurs privés et étrangers devraient être, de leur côté, associés dans la mise en oeuvre de ce programme.
Avec l’adoption de cet important programme, l’Algérie vient ainsi d’amorcer un ambitieux processus de transition vers des énergies alternatives et propres.
Cette volonté avait été explicitement exprimée par, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, qui insiste sur l’importance à accorder à la diversification des sources d’approvisionnement énergétique du pays par la mise en £uvre d’un programme national des énergies renouvelables.
Outre la satisfaction des besoins en énergie, ce programme constituera aussi un vecteur de développement d’une industrie nationale des énergies renouvelables qui s’appuiera sur les compétences algériennes existantes et en mettant en valeur l’effort de recherche et de développement dans les différents domaines liés à cette industrie.
La nouvelle politique énergétique sera également accompagnée par des efforts consentis par l’Etat afin de soutenir le développement d’une industrie locale de sous-traitance, devant ainsi permettre de créer pas moins de 100.000 emplois.
67 projets pour faire basculer l’Algérie dans l’ère de l’énergie propre...
Au total, 67 projets de centrales solaires photovoltaïques, solaires thermiques et éoliennes hybridées avec du gaz naturel ou du diesel, réparties sur une vingtaine de wilayas du Sud, des Hauts plateaux et même du Nord du pays et sont ainsi appelées à relever le défi de faire basculer l’Algérie dans l’ère de l’énergie propre. La capacité installée globale de ces projets sera de 2.357 MW à l’horizon 2020. Un bon nombre de ces projets ont déjà vu leurs appels d’offres lancés durant les huit derniers mois.
Aujourd’hui, les besoins énergétiques du pays sont exclusivement satisfaits par les hydrocarbures, particulièrement le gaz naturel qui demeure la principale source d’énergie utilisée, alors que le recours aux autres sources ne se fait que lorsque le gaz ne peut pas être mis à contribution.
L’orientation actuelle du modèle énergétique algérien a été confortée par les avantages comparatifs du gaz naturel notamment son coût pour le consommateur final. Sur le long terme, la reconversion du modèle de consommation énergétique actuel rendra problématique l’équilibre offre/demandepour cette source d’énergie qui ne cesse d’être sollicitée par la demande interne et le marché international.
Selon des données officielles, les niveaux des besoins du pays en gaz naturel devraient atteindre 45 milliards de m3 en 2020 avant de s’établir à 55 milliards dix ans plus tard, soit en 2030.
L’évolution spectaculaire de la demande interne sera certainement combinée par des hausses substantielles des volumes à exporter et dont les revenus seront nécessaires pour faire tourner l’économie nationale et contribuer à l’amélioration des conditions de vie des Algériens.
De même, la consommation d’électricité devrait fortement progresser sur la même échéance pour se situer entre 75 à 80 TWh (Terrawatts/heure) en 2020 et entre 130 et 150 TWh en 2030.
D’autre part, le potentiel national en énergies renouvelables est largement dominé par le solaire, les potentialités en éolien, en biomasse et en géothermie étant beaucoup moins importantes, alors que celui de l’hydroélectrique demeure très faible.
Côté investissement, les filières d’énergies renouvelables, bien qu’elles soient coûteuses pour l’instant par rapport à la filière classique (en dehors de celle de l’éolien qui est déjà compétitive), ce coût devrait sensiblement chuter au cours des 20 prochaines années à la faveur des avancées technologiques et humaines réalisées par la compétence nationale industrielle et universitaire.
Ainsi, la part du programme d’énergies renouvelables devant être dédiée à l’exportation sera mise en £uvre dans le cadre d’un partenariat international conditionné par l’ouverture des marchés extérieurs, notamment européens, à l’électricité fournie par l’Algérie et produite à partir d’énergies renouvelables.
Quant au marché national, la concrétisation de l’objectif de produire 12.000 MW à l’horizon 2030 permettra à l’électricité d’origine renouvelable de représenter 40% de la production nationale d’électricité.
La mise en £uvre de ce programme exige un apport financier de l’Etat pour la compensation des surcoûts induits par l’introduction des énergies renouvelables. Ces surcoûts, dépendent des niveaux de prix du gaz naturel à considérer pour le marché national.
Par ailleurs, l’exécution de cet ambitieux programme n’exclut pas la mise en place de coopérations pragmatiques entre l’Algérie et des partenaires régionaux et internationaux dans un objectif d’optimiser les capacités techniques et industrielles du pays dans ce domaine.
L’initiative européenne Desertec, à laquelle l’Algérie a adhéré à la faveur d’un mémorandum d’entente à la faveur d’un mémorandum d’entente conclu en décembre 2011 par les deux parties, fait partie de ce type de partenariat.
Signé à Bruxelles par Sonelgaz, chargée de piloter le PNR, et la société allemande Desertec DII, ce mémorandum porte sur le renforcement de échanges d’expertises techniques, l’examen des voies et moyens pour l’accès aux marchés extérieurs et la promotion commune du développement des énergies renouvelables en Algérie et à l’international.
L’Algérie est parvenue à ce partenariat après avoir posé ses conditions relatives à l’intégration nationale dans le projet, au transfert de technologies, au partage des financements et à l’ouverture du marché européen à l’énergie issue du renouvelable.
APS
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