«Même si je n'ai pas de match en perspective et que je n'ai même pas repris de licence, j'ai besoin de m'entraîner sinon, ça ne va plus, j'ai mal partout et je deviens désagréable», confie-t-elle.Mais si la multichampionne a raccroché les gants depuis sa défaite au championnat qualificatif (pour les JO de Londres) en Chine du mois de mai, sa rage de vaincre ne l'a pas quittée. Elle a tout de même été huit fois championne de France, une fois du monde en 2008, 4 fois d'Europe, dont une fois vice-championne en 2011.
«On boxe avec la tête»
Une rage tout en finesse. Elle a une petite voix et des gestes d'une grande douceur, elle se déplace du ring vers l'extérieur de la salle par cercle concentrique. Et ça marche!Elle a finalement réussi à intégrer la très select commission de boxe féminine qui fait la pluie et le beau temps des compétitrices en gérant tous les championnats, du département à l'international.
«C'est vrai que j'ai un peu poussé pour que ça marche, avant d'aller voir le président, je suis allée discuter avec le DTN (directeur technique national) adjoint pour avoir un peu de soutien et miraculeusement, j'ai été accepté...»L'inscription artistiquement taguée derrière le ring continue à infuser dans la salle, où une vingtaine d'enfants s'entraînent maintenant. Le soutien à la jeunesse, l'autre grand défi de Sarah prend aujourd'hui une tournure particulière.
«Par le poing naît l'espoir. Par l'espoir naît l'histoire.»
Caméra au poing ou la difficile insertion des sportifs
Depuis 2008, elle est responsable de projets avec les jeunes du Boxing Beats, mais cette année elle veut aller plus loin et leur faire aussi découvrir le monde du travail.
«Ce projet s'appelle Caméra au poing et il consiste à aller filmer des salariés sur leur lieu de travail pour comprendre leur réalité et leur parcours. L'année dernière, nous avons organisé des débats et le championnat de France, ça varie d'une année sur l'autre.»La question de l'insertion sociale des sportifs —surtout en boxe féminine qui ne bénéficie d'aucun soutien à l'heure actuelle— étant une question centrale.
Changer, se renouveler, lancer de nouveaux défis, c'est dans cette énergie que cette Franco-Algérienne (son père est de Tizi-Ouzou et sa mère d'Oran) a toujours progressé.
«Je suis arrivée à la boxe un peu par hasard, à vrai dire c'est surtout la compétition qui m'attirait, le stress avant le match... Encore aujourd'hui, j'ai du mal à faire quelque chose s'il n'y a pas un objectif clair et un défi à relever.»Une pêche qu'elle a aussi dans la vie de tous les jours.
«Il paraît que c'est un peu pesant pour les autres qui sont un peu plus cool, alors que moi j'aime la compétition, participer à des concours...»
Vers la création d'une ferme pédagogique
Trouver des nouveaux partenaires ou encore des fonds pour le championnat handisport lui tient à cœur depuis plusieurs années.Ce tourbillon suit également un master de marketing à Sciences-po et une formation d'entraîneur physique à l'INSEP (Institut national du sport de l'expertise et de la performance). Elle pense toutefois au jour où elle se posera un peu.
«Je veux créer une ferme pédagogique pour les jeunes, mais pas tout de suite, je veux mener des projets autour du sport avant.»Rapidité, force, respect, Sarah prouve que ces valeurs fondamentales de la boxe, peints sur les murs de la salle, donnent les bases d'une bonne éducation.
Sabrina Kassa
StateAfrique
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