mardi 19 mars 2013

Trois questions à Abdelmalek Sellal : “Le problème de l’emploi des jeunes est réel”



Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé hier, dans un entretien à l’APS, que le problème de l’emploi des jeunes est réel, soulignant que le gouvernement s’est attelé à le régler en prenant en compte les spécificités de nos régions, notamment du Sud.
Le mouvement revendicatif de jeunes chômeurs dans certaines wilayas du sud du pays a ouvert la voie à des spéculations de toutes sortes. Des observateurs font état de manipulations allant jusqu’à la déformation de vos propres propos, Monsieur le Premier ministre. Avez-vous un commentaire ?
«Les tentatives de manipulations existent et existeront toujours. Il appartient aux acteurs de la vie politique et des médias d’en faire l’analyse, de les commenter ou, le cas échéant, de les dénoncer. Le gouvernement, pour sa part, n’entend pas se défausser sur ces malveillances pour fuir ses responsabilités. Il a pour mission, au contraire, de régler les situations qui peuvent servir de terreau à la polémique en apportant les réponses adéquates aux dysfonctionnements et aux inégalités dont souffre le citoyen algérien quelques soit sa condition sociale ou son lieu de résidence. Vous savez, j’ai personnellement une grande sensibilité aux questions intéressant le sud de mon pays qui est un immense réservoir de clairvoyance et de bonté. En effet, je m’honore d’avoir débuté ma carrière dans les wilayas du Sud où l’immensité du territoire et la sagesse des habitants m’ont appris l’humilité et le recul. Ma détermination et celle des membres de l’exécutif est totale quant à la mise en œuvre du programme de son excellence Monsieur le Président de la République, qui place le développement des wilayas du Sud et des Hauts plateaux au rang de priorité nationale. Choisir Ouargla pour la première visite de terrain depuis la nomination du gouvernement, se voulait un signal fort dans cette direction. Nous nous sommes attelés à régler le problème de l’emploi des jeunes en prenant en compte les spécificités de nos régions sud, car il est réel».

Justement, Monsieur le Premier ministre, les spécificités que vous évoquez freinent le développement socio-économique des wilayas du Sud et retardent la réalisation de grands projets structurant. Que comptez-vous faire face aux problèmes de l’emploi, de l’énergie et de la mobilité auxquels se rajoutent les fléaux du terrorisme et de la contrebande et croyez-vous que les mesures énoncées dans votre instruction sont suffisantes pour améliorer la situation?
«Je me dois, en premier, d’apporter une précision. Les activités illicites et le terrorisme ne sont pas du tout conscrits aux régions sud du pays. Le laisser penser serait grave et dangereux. La lutte contre toutes les formes de criminalité, dont le terrorisme est l’expression la plus abjecte, doit être menée sans relâche et nécessite l’adhésion et la mobilisation de tous à travers tout le pays. Cela étant dit, l’Algérie est le plus grand pays d’Afrique. La formulation de sa politique de développement doit impérativement prendre en compte des paramètres objectifs propres à chacune de ses régions.
Les données géographiques, démographiques et économiques sont variables et se caractérisent dans les dix wilayas du Sud par l’immensité des territoires qui rend problématiques la réalisation et l’accès aux infrastructures de base ainsi qu’un marché du travail où la sous-traitance occupe une part importante nécessitant un meilleur contrôle, une régulation efficace et une qualification spécifique de la main-d’œuvre notamment, les primo-demandeurs d’emploi. Il est aussi important de rappeler que la prise en charge du dossier du développement des wilayas du Sud ne date pas d’aujourd’hui. En complément des plans quinquennaux nationaux de relance économique, des programmes complémentaires sont menées pour la réalisation d’équipements publics et d’infrastructures. Ces opérations, qui ont nécessité la mobilisation d’importantes enveloppes budgétaires, devront améliorer sensiblement les indicateurs de plusieurs secteurs tels que le logement, l’éducation, la santé, l’eau et l’énergie. Elles permettent, également, d’absorber, une masse appréciable de la main-d’œuvre locale. Des avantages fiscaux, bancaires et tarifaires sont aussi accordés pour promouvoir la création d’entreprises et soutenir les activités agricoles et de services, et c’est là, la véritable richesse. En ce qui concerne l’instruction du 11 mars, c’est un instrument supplémentaire de contrôle, de régulation et d’amélioration du dispositif actuel de gestion de l’emploi dans les wilayas du Sud.
Elle ne réglera pas tout, mais elle contribuera rapidement à améliorer la situation car le problème dans certaines régions du Sud, n’est pas toujours l’emploi mais la disparité dans les salaires. Beaucoup de choses sont en train de se réaliser. De nouveaux projets se mettent en place comme les nouvelles cimenteries de Béchar et In Salah et les facultés de médecine de Béchar, Ouargla et Laghouat pour régler l’éternel problématique de l’encadrement médical dans les wilayas du Sud et des Hauts plateaux».

Dans vos différents déplacements dans les wilayas du Sud, vous avez rencontré les représentants de la société civile et les notables de la région et vous avez évoqué la place importante qui leur incombe dans le développement local. Quelle est votre conception du rôle qu’ils peuvent jouer ?
«Ce sont nos partenaires. Les associations et les élus nous accompagnent dans la réalisation des différents programmes de développement et nous alertent en cas de dysfonctionnement ou de blocage. Ils sont les porte-voix des citoyens et des citoyennes auprès de l’administration locale et de l’Etat. Il nous faut aider le mouvement associatif dans son organisation et dans la réalisation de ses différents programmes. Il est également vital d’améliorer notre écoute et l’efficacité de nos moyens et canaux de communication avec la société civile et les notables. Nous sommes à l’écoute de tous, sans exclusion, et je suis convaincu que nous améliorerons la situation du Sud, car il y a la volonté politique affirmée du Président de la République que met en œuvre le gouvernement. J’insiste auprès de mes collègues membres du gouvernement sur l’importance d’aller à leur rencontre et d’échanger avec eux lors de leurs déplacements à travers le territoire national. C’est d’ailleurs une règle que je m’applique à moi aussi.
Il est important de s’imprégner des réalités du terrain dont les élus et les associations, notamment, celles qui encadrent des jeunes, sont le meilleur vecteur et, personnellement, je serais fier d’y avoir contribué, car j’aime mes compatriotes qui vivent dans ces contrées.

La pleine disponibilité de l’Etat
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, au cours de sa visite de travail à Bechar, rassuré la population du Sud, notamment les jeunes de cette région du pays quant à la disponibilité de l’Etat à prendre en charge sérieusement leurs doléances, tout en délivrant des messages sur l’unité et la stabilité du pays. M. Sellal a appelé, ainsi samedi à Béchar, la jeunesse algérienne à garder sa confiance en son pays, affirmant que l’Etat algérien ne ménagera aucun effort pour être à la hauteur de cette confiance. «Gardez confiance en votre pays», a-t-il dit, ajoutant que l’Etat a confiance en son peuple et en sa jeunesse et que le moment était venu pour que les Algériens se réconcilient entre eux. «Nous veillons à fournir tous les efforts pour être à la hauteur de la confiance de la jeunesse algérienne envers l’Etat», a déclaré le Premier ministre aux étudiants de l’Université de Bechar. Il a aussi affirmé la «solidarité» du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ainsi que du gouvernement avec «tous les Algériens», quelles que soient leurs origines ou les régions où ils vivent, en soulignant que l’objectif de l’Algérie est de «maintenir la paix et de la répandre dans toute la société algérienne». «L’unité de l’Algérie se bâtie à travers l’ensemble du territoire national. Le gouvernement algérien ne prend aucune décision sans le principe de la concertation entre toutes les parties susceptibles d’apporter un avis ou une suggestion», a-t-il soutenu. M. Sellal est revenu aussi sur les mesures prises par le gouvernement pour encourager les jeunes à travailler la terre, notamment par la création prochaine de lycées agricoles et l’encouragement des investissements agricoles. La formation dans les métiers de l’agriculture est «la seule solution» pour relancer le secteur et créer de l’emploi notamment au Sud, relevant qu’«il n’est pas question d’importer la main d’œuvre agricole». «Les ressources financières sont disponibles, et il faudrait encourager les jeunes à travailler la terre et tous les métiers agricoles tels que le forage et les travaux de mise en valeur», a lancé M. Sellal à l’adresse d’un groupe d’exploitants agricoles du périmètre irrigué de Abadla. Le Premier ministre a indiqué, dans le même cadre, que le développement économique représentait l’«unique solution» pour mener à bien les réformes en Algérie. M. Sellal a mis l’accent, à ce propos, sur la nécessité d’une coopération entre la société civile et les autorités publiques. Il a, à cet égard, appelé la société civile algérienne, dont celle de Bechar, à encourager le secteur privé à investir dans les domaines agricoles, industriels et autres dans la perspective d’exploiter les richesses naturelles de la région et de créer des postes d’emploi qui contribueraient à faire face au problème du chômage. «Pour assurer la réforme de l’Algérie, il est nécessaire de développer son économie. Béchar est impliqué dans ce développement», a-t-il dit, en soulignant que le rôle qui sied actuellement à la société civile était de faciliter l’investissement du secteur privé dans les domaines de l’agriculture et de l’industrie. Il a précisé que la priorité était donnée aux plans de développement économique, à la poursuite du processus de relance économique et à la réhabilitation de l’assise industrielle de l’Algérie. M. Sellal a ajouté que le principal objectif du gouvernement était de déployer tous les efforts possibles pour assurer le développement socioéconomique de l’Algérie. Pour lui, le «secret» du développement socioéconomique consiste en la «stabilité», la «foi» en la société algérienne et la «confiance» en l’Etat, affirmant la volonté du gouvernement d’offrir davantage d’opportunités aux régions du Sud pour contribuer à ce développement.
    EL MOUDJAHID

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