vendredi 8 mars 2013

Une nouvelle guerre des monnaies se profile et menace l’économie mondiale


Une nouvelle guerre des monnaies, engagée par le Japon, semble se profiler et pourrait avoir des conséquences assez funestes pour l’économie mondiale, estiment les experts.
Lors de la guerre des changes de 2010, les Etats-Unis accusaient le yuan, grandement sous-évalué, de tous leurs maux, alors qu’aujourd’hui, c’est au tour de Shinzo Abe, le nouvel homme fort du Japon, de manipuler les marchés monétaires, occasionnant ainsi les protestations unanimes du reste du monde.
La manipulation des monnaies a toujours existé, les Etats ont toujours recouru à la dévaluation en vue d’accroître leur compétitivité, une démarche pas toujours avantageuse qui met à mal les fragiles équilibres mondiaux.
En effet, réduire la valeur de sa monnaie relance automatiquement les exportations nationales, devenues moins chères et plus concurrentielles et peuvent par ailleurs engendrer un cercle vicieux si d’autres pays y ont recours, ce qui mènera à la longue à une instabilité internationale et à un contexte hyper inflationniste.
Les experts sont clairs, si une monnaie faible favorise les exportations, elle renchérit en revanche les importations, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. L’industrie nationale ne peut quant à elle qu’applaudir, puisque qu’elle bénéficie sans conteste de l’envolée des prix des produits achetés à l’étranger.
La dévaluation compétitive dope en effet les entreprises domestiques, encourageant tant la croissance que la consommation et l’emploi. Mieux : au final, ce sont les recettes publiques qui en tirent un avantage certain.
Par ailleurs, la dévalorisation monétaire relance par contre le débat sur le protectionnisme, âprement combattu par les organisations internationales, et notamment l’OMC.
Elle dégrade, dans un premier temps, la balance commerciale, puisque le prix des importations augmente subitement. Ensuite, les effets de volume se manifestent et la hausse des exportations vient corriger les déséquilibres, qui s’estompent progressivement, pour finalement renverser la vapeur.
Une technique de gestion monétaire non sans effet
En résumé, quand un pays pratique la dévaluation compétitive, il renforce donc son économie au détriment de l’emploi ailleurs dans le monde. Cette décision, unilatérale traduit ainsi d’un intérêt financier à courte vue et dans le cas où elle se multiplie, peut mener à de graves déséquilibres commerciaux.
Dans ce cas de figure, les quelques effets salutaires s’effacent pour laisser place à des contrecoups potentiellement destructeurs. Car la création monétaire nécessaire aux dévaluations successives entraîne inévitablement une hausse générale des prix, précipitant alors l’économie mondiale dans le gouffre inflationniste.
Cette position s’applique actuellement pour la Chine, même si son yuan a récemment fait l’objet d’une modeste réévaluation, à l’instar de Singapour, Hong Kong ou la Suisse interviennent également pour protéger leur économie. Mais c’est le Japon qui a récemment fait brutalement chuter son yen, déclenchant une nouvelle “guerre des monnaies” et exaspérant les fleurons internationaux.
La volonté du gouvernement nippon est de mettre fin à vingt années de stagnation économique, de croissance molle et de déflation destructrice de richesse. Les Etats-unis quant à eux prônent l’équilibre naturel des marchés, mais ne sont pourtant pas en reste quand il s’agit de manipuler leur monnaie, et pour préserver le dollar, les autorités se doivent de prendre régulièrement le pouls des marchés pour rester à jours.
Ainsi, la Réserve fédérale injecte des milliards de dollars dans l’économie (quantitative easing) et maintient des taux d’intérêts pratiquement nuls afin de soutenir l’investissement, la consommation et l’emploi.
L’inconvénient de cette pratique, c’est qu’elle provoque de bulles spéculatives et retarde toujours la question, des déficits publics et de la dette qui ne cesse de se creuser.
Pour l’Union européenne, la Banque centrale (BCE) veille à respecter scrupuleusement ses missions, à savoir le contrôle des déficits publics, de la dette et de l’inflation, ce qui maintient l’euro à un niveau élevé, notamment par rapport au dollar.
Les experts estiment enfin que cette course à la dévaluation pourrait encore aggraver la crise européenne, révélatrice de maux structurels, et reporter le redressement des principaux indicateurs économiques du continent.
APS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire