Moins connu que Franck Ribéry au Brésil avant le Mondial, Karim Benzema est en train de s’imposer comme la vedette de l’équipe de France, qui joue vendredi 20 juin son deuxième match contre la Suisse (21 heures sur TF1 et BeIN Sports).
Bien avant ses deux buts contre le Honduras, les jeunes de Ribeirao Preto, où les Bleus sont installés, l’avaient déjà adopté.
Son excellente saison et son début de Mondial fracassant gomment les seize mois de creux (entre 2012 et 2013) au cours desquels la pointe des Bleus avait perdu toute confiance.
« Maintenant la vedette, c’est Benzema », déclare le garçon. « Depuis qu’il a marqué dimanche contre le Honduras, on ne parle que de lui ici », souligne le chroniqueur sportif Stephan Rozenbaum qui suit les Bleus pour le compte d’une grande chaîne nationale brésilienne. Un buteur efficace et donc populaire… L’affaire n’a rien de bien extraordinaire au pays de Neymar, Ronaldo et Pelé. L’étonnant dans le cas de Karim Benzema est que l’engouement a commencé dès qu’il a posé les crampons à Ribeirao Preto, donc avant de marquer le moindre but.
Un gone au Brésil
Lors du premier entraînement ouvert au public, la semaine dernière, il partageait le haut de l’affiche avec son coéquipier Paul Pogba. Mais le geste qu’il a eu alors – lancer son maillot trempé de sueur à des gosses qui avaient peint son nom sur leur torse nu – l’a fait grimper d’un cran au hit-parade. « Franchement je n’ai rien calculé, ces gamins m’avaient acclamé, je leur ai donné mon maillot, c’est tout », dit-il avec le sourire du gone de Bron, la banlieue lyonnaise où il a grandi et rêvé de Ronaldo, la star brésilienne de l’époque.Le joueur revient de loin. Entre juin 2012 et octobre 2013, soit seize longs mois, il est resté muet devant le but : 1 222 minutes de disette, soit 13 matchs, une éternité pour un attaquant. Il a retrouvé la joie de vivre au Parc des Princes lors du match contre l’Australie le 12 octobre 2013.
Entré en cours de jeu – Didier Deschamps avait alors tendance à lui préférer Olivier Giroud comme titulaire –, il a fini par trouver le chemin des filets, déclenchant les acclamations moqueuses (« Il a marqué, il a marqué ! ») du public, auxquelles il a eu l’intelligence de répondre avec humour, pouce levé et rire bon enfant. « Ce moment a été important, le public le chatouillait un petit peu et sa réaction a changé beaucoup de choses. Il n’avait plus le visage de quelqu’un de fermé », commente son entraîneur Didier Deschamps.
« Benzegoal est bien là ! »
Depuis, la machine à marquer Benzema est repartie à plein régime. Elle a inscrit sept buts lors des six derniers matchs des Bleus, dont deux lors du France-Honduras de dimanche 15 juin, inspirant ce commentaire à son collègue en équipe de France et au Real Madrid Raphaël Varane : « Benzegoal est bien là ! »Leader technique plébiscité par ses collègues, le joueur refuse de se lancer dans un rôle plus complet au sein du groupe, malgré son expérience de joueur le plus capé en bleu – 67 sélections.
« Je donne des conseils à mes coéquipiers, je peux parler foot pendant des heures, mais en dehors je ne sais pas trop quoi dire », explique ce jeune papa de 26 ans, qui refuse de commenter en conférence de presse ce nouveau statut familial, préférant rester sur un terrain strictement professionnel. À quatorze ans de distance, cette discrétion personnelle contrastant avec une omniprésence sur le terrain fait penser à un certain Zinedine Zidane, son entraîneur adjoint au Real Madrid, qu’il a adoubé comme « son grand frère ».
Karim Benzema serait-il le joueur providentiel dont l’équipe de France a toujours eu besoin pour bien figurer en Coupe du monde ? Est-il en train de devenir le Just Fontaine de 1958, le Michel Platini des années 1980 ou le Zizou de 1998-2006 ? La comparaison fait bondir le sélectionneur Didier Deschamps : « Ces joueurs nous ont fait gagner des titres, nous, on n’en est pas là, Karim pas plus que les autres ! »
La croix
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