Certains reprochent aux organismes étrangers qui jouent les intermédiaires d’encourager la fuite des cerveaux puisqu’en général, ce sont les meilleurs étudiants qui sont triés et ne reviennent plus au pays. “Fausse approche !” rétorquent ces organismes.
La première édition du Salon de l’étudiant algérien qui s’est déroulé à l’USTHB a pris fin hier après deux journées riches en offres de formation et de prospection. La manifestation qui a drainé foule aura permis aux différents participants nationaux et étrangers en premier lieu de se faire connaître et de vulgariser leurs différentes propositions.
Des propositions ou des offres de formations supérieures qui, en général, sont destinées à des postulants triés sur le volet. Entre les critères de sélection et le nombre réduit de places disponibles, seuls les meilleurs étudiants finissent par accéder aux universités et aux grandes écoles étrangères. Et au bout du cursus, nombreux sont les étudiants qui finissent, carrément, par s’installer définitivement au pays où ils ont été attirés pour une formation de qualité. Les étudiants auront été au final formés, de leur propre poche, non pas pour apporter une valeur ajoutée à l’Algérie mais pour renvoyer l’ascenseur au pays d’accueil. Il est tout à fait vrai que face aux opportunités offertes par le pays, la tentation est assez souvent très forte. Le choix de rester l’emporte haut la main et la réussite qui s’en suit enracine à jamais les étudiants à fort potentiel. Une grosse perte pour un pays censé tout faire pour détourner ses meilleurs étudiants de cette tentation et ne pas les pousser sous d’autres cieux et se lamenter par la suite sur la fuite des cerveaux. Et c’est cette question de fuite qui fâche les organismes présents au Salon de l’étudiant algérien. Ne pensez-vous pas que les offres de formations supérieures sont une porte ouverte à la fuite des cerveaux ? À cette question d’une consœur, le chargé des relations publiques de l’agence organisatrice de l’événement, The Graduate, ne trouve pas de réponse. “Je ne saurais répondre à cette question qui risque de créer un incident…” Mais des représentants d’organismes participants s’empressent de rétorquer : “ça me désole de lire sur la presse : ‘Fuite des cerveaux !’ Moi j’étais là, mais il n’y avait rien et on ne me voyait pas. Mais depuis que je suis parti à Montréal, comme par hasard, on me voit”, nous dit le docteur Chaïb du collège Herzing. Et d’ajouter : “En Amérique du Nord, on ne parle pas de diplôme ou de major de promo, on parle de compétence. Être major de promo mais pas compétent sur le marché, cela ne veut rien dire. Arrêtons avec cette mentalité héritée de la France. Nous sommes de mauvais élèves des modèles universels, il faut s’en inspirer. L’Inde et la Chine se sont développées grâce à leur diaspora aux États-Unis.” Un autre représentant réfute la fuite des brillants étudiants : “Non, c’est faux ! Cette approche est fausse. Arrêtons de dire que ces pays nous prennent les meilleurs et que les Algériens ne reviennent pas. Nous, nous sommes revenus avec des projets.” Entre autres le projet de la formation au Canada. “Pourquoi garder le potentiel sans le former ? C’est une ouverture sur le monde. La formation de qualité fait que l’étudiant est opérationnel contrairement à un étudiant qui a un mastère ou un doctorat en Algérie et qui n’est pas opérationnel. J’ai été formé en Algérie et j’ai dû me former et me formater pour m’adapter au modèle canadien.” Pour une représentante d’un organisme français : “Nos universités les forment et ne décident pas à leur place de leur retour ou de leur installation.” Une chose est sûre, tant que les opportunités sont plus attrayantes à l’étranger, le retour sera relégué aux calendes grecques.
LIBERTÉ
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