dimanche 10 avril 2011

Ahmed Madi. Editeur et initiateur du café littéraire Dar El Hikma

«Un lieu ouvert à tous les intellectuels sans exclusion ni idéologie…»



L’ouverture d’un espace culturel est toujours une bonne nouvelle et de bon augure. Ahmed Madi, DG des éditions Dar El Hikma, vient d’inaugurer un café littéraire éponyme. Et en plus, il a beaucoup de projets…
-Vous venez d’inaugurer un nouvel espace culturel, le café littéraire Dar El Hikma, alors que d’autres ferment. Une passion, un défi ?
Il existe un problème en Algérie à propos de la dénomination du café littéraire. Certains le baptisent «club culturel», «forum», cercle littéraire… J’ai choisi l’appellation El Makha El Adabi (café littéraire).
-Un nouvel espace ouvert à la littérature, la culture algérienne et universelle...
Ce café littéraire, c’est toujours beau et bon. Avant toute chose, il ne faut pas «mépriser» cette grande Algérie. Historiquement ou culturellement.
-Comment cette idée a-t-elle germé ?
Pour vous dire, Dar El Hikma a été fondée  il y a 27 ans dans un quartier populaire, Belouizdad (Belcourt). A cette époque, mon vœu était cette vision (un lieu dédié à la littérature). Ayant des options, Dar El Hikma ne serait pas uniquement une maison d’édition.  Quand j’avais 18 ou 19 ans, il existait un café à Belcourt, appelé Abdelhalim Hafez (le grand chanteur égyptien). Quêtait un café fréquenté que par des artistes et les amateurs d’arts. Aussi, je me suis dit pourquoi ne pas en faire un jour un café littéraire fréquenté par des intellectuels, des auteurs. Une émulation… Pourquoi nos intellectuels n’auraient-ils pas un lieu respectable pour s’exprimer.
-Un lieu d’expression libre…
Oui, absolument ! C’est mon vœu. Un lieu où se rencontrent des intellectuels, auteurs, éditeurs, journalistes, créateurs, artistes algériens et étrangers.
-Sans distinction aucune ?
Cet endroit, le café littéraire Dar El Hikma est ouvert à tous les intellectuels sans exclusion ou marginalisation. Sans idéologie. Il n’y a pas de distinction entre un auteur arabophone ou francophone. Au contraire ! Les intellectuels algériens sont chez eux et bienvenue aux intellectuels étrangers. Il ne faut pas oublier que tout le mérite revient à l’Union des écrivains algériens. Le café littéraire Dar El Hikma est situé (location) au siège de l’Union des écrivains algériens, sis dans une rue portant le nom d’un grand martyr, Didouche Mourad. Ainsi, chaque quinze jours, une rencontre littéraire ou culturelle est organisée avec un invité ; auteur, journaliste, dramaturge, poète, plasticien, éditeur, créateur et créatif… Et l’invitation est ouverte. Bienvenue à tous !
-Vous vous êtes lancé un autre défi, une «librairie ambulante» ...
Ce projet de la «librairie ambulante», j’aimerais bien le laisser comme surprise, la fin du mois d’avril 2011.
Vous êtes aussi l’initiateur du Salon national du livre, en tant que président du Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL)…
En ce qui concerne le Salon national du livre, cela fait un an et demi que je suis le président du Syndicat national des éditeurs du livre. Pour vous dire, il existait déjà un Salon du livre national et qui avait atteint sa 7e édition. C’était un salon réussi. Cependant, avec toute sincérité, quand un président change, il y a le remplaçant qui continue les chantiers du précédent et il y a celui qui efface tout travail antérieur. Mais avec abnégation, nous avons rouvert le Salon national du livre en 2010, à l’occasion du 16 avril (Youm El Ilm, Journée du savoir) et ce, après deux ans d’absence et où ont participé 76 éditeurs algériens. Un salon éclectique et réussi. Avec le soutien précieux de la Safex (Palais des expositions) et de son directeur Rachid Gacemi, nous ayant facilité la tâche. Là, on se prépare pour l’organisation d’un autre Salon national du livre.
-Vous avez aussi une autre casquette, celle du secrétaire général de l’Union maghrébin des éditeurs… Un projet maghrébin à l’arrêt ?
Oui, il y a un Salon maghrébin du livre, mais il est à l’arrêt depuis des années. On va le relancer grâce à nos amis marocains, tunisiens, libyens, mauritaniens. En 2009, on avait organisé un Salon maghrébin du livre en Mauritanie. Là, on réfléchit à tenir un salon maghrébin du livre en Algérie. J’espère que les décideurs concernés nous assisterons dans notre initiative.
-La maison d’édition Dar El Hikma fait de la traduction, une ambition affichée…
Le premier livré édité chez Dar El Hikma, il y a 23 ou 24 ans, était l’ouvrage portant sur Si Mohand U’mhand. Un ouvrage de haute tenue entre la voix arabe et le mouvement  berbère. Un livre signé par le Dr Abderrahmane Bouzida. A un moment où aucune maison d’édition n’a eu le courage de publier un tel sujet (le mouvement berbère). Le premier ouvrage signé par un journaliste et auteur est celui de H’mida Layachi. Un livre intitulé Islamiyoun bin solta ou rassas (Les islamistes entre le pouvoir et les balles). Le premier ouvrage censuré par le pouvoir d’alors. Un livre édité par Dar El Hikma. La grande spécificité de Dar El Hikma est la traduction. Du français à l’arabe à tamazight, à l’image d’une série de livres pour enfants, du russe à l’arabe, de l’allemand à l’arabe…
-L’opération de traduction (droits d’auteurs) et d’édition de tels ouvrages sont onéreuses ?
Tout le monde le sait. L’édition d’ouvrages traduits revient chère. Un livre traduit vaut trois livres imprimés. Là, actuellement, j’ai des romans publiés en arabe qui son en cours de traduction en français. Et ce, avec mes propres fonds et sans le soutien du ministère de la Culture. Mais la traduction œuvre pour l’auteur et l’étudiant algérien. Il le faut !
-Vous participez à l’événement culturel Tlemcen, capitale islamique ?
Il y a eu soutien au livre en 2007, lors de «Alger, capitale arabe de la culture ».  Actuellement, à Tlemcen (capitale islamique). Mais Dar El Hikma n’a reçu aucun soutien à l’occasion de cet événement culturel. Est-il normal que Dar El Hikma se voit notée par un «zéro pointé sur dix» ? Aucun projet dans cette manifestation culturelle. Pourtant, nous avons déposé un projet. Mais aucune réponse. Malgré cela, on continuera à œuvrer pour l’intellectuel et l’auteur algériens même sans soutien. Depuis 2009, le syndicat national des éditeurs du livre n’est plus un partenaire du Salon international du livre d’Alger. On a même ostracisé le Syndicat national des salons à l’étranger. A cet effet, j’ai adressé des lettres au Premier ministre et à la ministre de la Culture. Pas de réponse.               

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