dimanche 10 avril 2011

Think Tank «Défendre l'entreprise»

La compétitivité des entreprises du Sud au menu


Le journal Liberté a accordé mercredi dernier une tribune au think tank «Défendre l’Entreprise», plus précisément à son président, Taieb Hafsi, professeur émérite à HEC Montréal, pour une conférence-débat ayant pour thème «Les entreprises du Sud peuvent-elles être compétitives dans un monde ouvert ? Analyse stratégique et piste d’action».
Deux anciens chefs de gouvernement (Ahmed Benbitour et Mokdad Sifi), de nombreux chefs d’entreprise, des directeurs de journaux et des universitaires de renom étaient présents pour débattre de la question centrale de l’avenir de l’entreprise algérienne plus que jamais empêtrée dans d’inextricables contraintes environnementales, juridico-administratives et politiques qui entravent leur essor et hypothèquent leur avenir. S’appuyant sur des exemples de réussite entrepreneuriale à travers le monde, Taieb Hafsi s’est ingénié à synthétiser les prérequis auxquels ces entreprises avaient préalablement satisfait pour atteindre d’aussi hauts niveaux de compétitivité.
Il a notamment souligné que la compétitivité est déterminée par un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la nature de l’environnement compétitif et institutionnel dans lequel l’entreprise baigne et la qualité de ses dirigeants sont considérés comme les plus déterminants. Inséparable de la compétitivité de leur pays, les Etat ont tout intérêt à aider, par des mesures multiformes, les entreprises à accroître leur compétitivité. Taieb Hafsi a, à titre d’exemple, constaté que tout en laissant le champ libre au management des entreprises, les Etats des pays qui ont le mieux réussi en matière de compétitivité (USA, Chine, Canada, etc.) n’ont jamais manqué d’intervenir pour les aider à être plus créatives, réduire les obstacles de diverses natures, rendre l’aventure entrepreneuriale stimulante, notamment pour les jeunes et, évidemment, renforcer le leadership et la combativité des entrepreneurs.
Dans le Sud, l’aide éclairée de l’Etat paraît encore plus indispensable, il s’agit pour leurs entreprises de plus faibles envergures de mener un véritable combat contre les multinationales, un combat que le conférencier assimile volontiers à celui de David contre Goliath. Les entreprises chaque fois que nécessaire, aidées par leurs Etats, doivent pour ce faire construire des stratégies efficaces en basant leurs modèles d’affaires sur une compréhension subtile des clients et une organisation interne dynamique permettant à chacun de contribuer à l’essor de l’entreprise. Les débats riches et magnifiquement argumentés par des opérateurs présents sur le terrain de la confrontation économique et commerciale ont, malheureusement, montré qu’en Algérie on est bien loin de cette logique et que bien au contraire, de nombreuses forces parmi lesquelles, l’Etat et certaines de ses institutions travaillaient à la perte des entreprises.
C’est en substance ce qu’ont tenu à souligner, à l’occasion des débats, les hommes d’affaires Issad Rebrab, Réda Hamiani et Omar Ramdane qui ont évoqué, à juste titre, l’autisme de pratiquement tous les gouvernants qui se sont succédé à la tête de l’Etat, qui n’ont jamais voulu prendre en considération les doléances multiformes que les organisations patronales, à commencer par le Forum des chefs d’entreprises à diverses reprises. Bien au contraire, précise-t-il, c’est bien souvent des décisions contraires à celles qui lui sont suggérées que l’Etat a souvent prises comme pour accroître volontairement les ennuis des sociétés, notamment, privées. Autre remarque de taille, celle de Omar Belhouchet, directeur du quotidien El Watan, qui, à juste titre, constate qu’il n’est pas dans la nature de l’Etat algérien de favoriser la libre entreprise et que bien au contraire il est plus souvent travaillé à leur perte d’autonomie et à l’entrave de leur expansion. La résurrection de la libre entreprise passerait, selon lui, nécessairement par une démocratisation réelle du pays et une mise au placard du système de gouvernance actuel qui a apporté la preuve de son incapacité à accompagner les entreprises sur la voie de la performance et de la compétitivité.
Nordine Grim

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