Après les élections législatives, le président de la République dans son discours du 08 mai 2012 à Sétif a promis de mener des réformes de structures dont la première étape sera la révision constitutionnelle. Cependant, pour son efficacité, le texte fondamental doit se projeter sur l’avenir dont je ne tracerai que huit axes directeurs mais stratégiques , devant dépasser l’ancienne culture de l’unique dépense monétaire, grâce à la rente des hydrocarbures, pour améliorer la gestion et éviter ses impacts mitigés et ces surcoûts exorbitants. Nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le décalage qui existe entre les potentialités que recèle l’Algérie, et elles sont énormes, et le niveau de développement loin des attentes que le pays a atteint après plusieurs décennies d’indépendance : 98% d’exportation d’hydrocarbures et important 70/75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées. Étant différées, les réformes seront douloureuses d’où l’urgence d‘une austérité partagée et d’une moralité sans faille de ceux qui auront à diriger la Cité.
1- L’Algérie doit engager de véritables réformes structurelles et notamment les véritables réformes du système politique, centre névralgique de la résistance au changement et à l’ouverture, en choisissant clairement entre un régime parlementaire ou présidentiel afin de responsabiliser les acteurs politiques.
2- De réaliser la réforme de la justice par l’application et l’adaptation du Droit, par la lutte contre la corruption qui se socialise devenant un danger pour la sécurité nationale.
3- Les réformes du système éducatif, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et de l’idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays misant sur le nombre au détriment de la qualité et perpétuant un système socio-éducatif non adapté.
4-De procéder aux réformes du secteur des hydrocarbures, source de rente et objet de toutes les convoitises et de l’agriculture par une nouvelle politique foncière et une politique de gestion de l’eau.
5- Facteur de cohésion sociale il s’agira d’avoir une nouvelle gestion des stratégies sociales, impliquant une réforme de la gestion des caisses de retraite et de la sécurité sociale.
6-De s’attaquer à la réforme du système financier qui est un préalable essentiel à la relance de l’investissement national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente, étant considérée, à juste titre, comme l’indice le plus probant de la volonté politique de l’Etat algérien d’ouvrir ou non l’économie nationale à la libre entreprise.
7-D’ intégrer la sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première nécessité.
8- Et enfin d’adapter l’Algérie aux nouvelles mutations mondiales dont les impacts de l’Accord d’association avec l’Europe applicable depuis le 1er septembre 2005 et son éventuel adhésion à l’organisation mondiale du commerce (OMC), dans le Maghreb, qui est le pont entre l’Europe et l’Afrique, son espace social naturel.
En résumé, il s ‘agira de préparer l’après hydrocarbures avec cet épuisement inéluctable des réserves du pétrole dans 14/15 ans, du gaz conventionnel dans 20/25 ans au moment où la population algérienne dépassera 40 millions sans hydrocarbures. Cela relève de la sécurité nationale.
En effet, du fait des importants bouleversements géostratégiques mondiaux qui s’annoncent entre 2015/2020, l’Algérie qui traverse une phase cruciale de son histoire a besoin qu’un regard critique et juste soit posé sur sa situation, sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu’il s’agit d’accomplir encore au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de réunir tous ses enfants autour d’une même ambition et d’une même espérance : un développement harmonieux, conciliant, avec une efficacité économique et une vraie justice sociale.
Dr Abderrahmane MEBTOUL
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