mardi 15 mai 2012

Perspectives des relations économiques algéro-françaises Hollande va-t-il améliorer les relations algéro-françaiseS ?

Fraîchement élu dans un pays en pleine crise, le nouveau président François Hollande devra, selon les observateurs, prioritairement s’atteler à redresser la situation sur le plan interne avant de plancher sur d’autres dossiers, notamment ceux relevant de la politique étrangère, parmi lesquels les relations tendues avec l’Algérie.


Accueillie favorablement par l’Algérie, l’élection de M. Hollande est considérée comme porteuse d’espoir, à même d’apaiser des relations empoisonnées par le lourd passif colonial tout au long du mandat de Nicolas Sarkozy.
Arslane Chikhaoui, spécialiste des questions internationales et membre du conseil d’expert du forum de Davos, tempère cependant la réaction algérienne. «Quel que soit le président élu en France, de gauche ou de droite, l’Algérie a toujours travaillé de façon à avoir avec ce pays des relations d’Etat à Etat au-delà des personnalités qui sont élues», déclare-t-il.

Pendant le quinquennat de Sarkozy, où les questions de colonisation et de repentance ont souvent été mises sur le tapis, les relations entre les deux pays «étaient gelées», fait remarquer M. Chikhaoui, et d’ajouter : «Elles ont commencé à être dégelées depuis deux ans, mais cela ne veut pas dire que c’est lié uniquement à la personnalité de Sarkozy, mais aussi à la démarche d’une équipe gouvernementale, car les relations bilatérales reposent sur un tout, sur un passif et sur un actif». Partant de là, il estime que «François Hollande va un peu changer la donne sur le plan des relations bilatérales».

Sur le plan économique, en revanche, peu d’observateurs s’attendent à un changement significatif. Du temps du président Sarkozy, son représentant Jean Pierre Raffarin avait effectué plusieurs visites à Alger au cours desquelles un certain nombre de dossiers d’investissements avaient été abordés et certains ont «bien avancé», selon les termes employés par les officiels des deux pays. Avancé, mais pas équitablement, semble-t-il. En effet, selon l’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi, qui s’est exprimé dans la presse nationale, «l’Algérie n’a rien obtenu de la France, en revanche Sarkozy a réussi à garantir pour son pays un contrat d’approvisionnement en gaz à long terme, des investissements stratégiques pour Total et conforté la position des concessionnaires automobiles de son pays» sur le marché algérien. Qu’en sera-t-il du président Hollande ?


Intérêt et réalité du marché


La politique extérieur d’un pays comme la France est pour beaucoup conditionnée par deux éléments : «Le commerce et la sécurité», dixit l’ancien diplomate. Et sur le plan des relations économiques, celles-ci «ont comme soubassement les relations politiques», souligne M.  Chikhaoui pour qui «il est indéniable que rien ne peut se faire si la base de contentieux, de passif ou d’actif politique, n’est pas réglée». Or, «dans son style de gouvernance, Sarkozy a beaucoup privilégié l’économique sur le politique. Dans le style de gouvernance de Hollande, par tradition, la gauche a tendance à mettre en avant plutôt le politique que l’économique». Mais sur ce dernier plan, «le terrain a été déblayé par l’équipe Sarkozy».

Conséquences, l’économiste Bachir Messaitfa pense que sur le plan des relations économiques et commerciales, la situation «ne risque pas de connaître un grand changement à court terme, notamment en ce qui concerne les dossiers en suspens (Renault)». De son point de vue et de par le monde, les relations économiques et commerciales entre les pays «sont peu influencées par l’aspect idéologique, c’est-à-dire par l’orientation du parti au pouvoir. Elles sont davantage liées aux intérêts d’un côté, et aux réalités des marchés, d’un autre».

En ce qui concerne l’Algérie et la France, «la proximité de la gauche française peut donner à l’Algérie la possibilité de négocier dans le cadre du projet de François Hollande», indique l’économiste qui envisage même un scénario dans lequel la France minée par le déficit budgétaire pourrait «profiter de la proximité entre la gauche et le FLN pour demander des financements à long terme à l’Algérie» dans le cadre de ce qu’elle revendique comme «système monétaire multilatéral».

Sur le moyen terme, M. Messaitfa s’attend à ce que le nouveau gouvernement socialiste mette sur la table un nouveau projet régional qui consacrerait les relations économiques et commerciales entre la France et les pays francophones, notamment l’Algérie.

Safia Berkouk

Elwatan

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