jeudi 17 mai 2012

IL S'APPUIERA SUR L'ÉCONOMIE, LA DIPLOMATIE ET L'HISTOIRE Hollande fera tout pour séduire Alger


Le nouveau président sera-t-il capable de remettre les relations algéro-françaises dans le sens qu'elles auraient dû prendre et garder?
Le nouveau président sera-t-il capable de remettre les relations 
algéro-françaises dans le sens qu'elles auraient dû prendre et garder?

A cause ou en dépit de la crise qui secoue l'Europe, Hollande est dans l'obligation de se tourner vers ses voisins du Sud.
Tout de suite après son message à François Hollande pour le féliciter de son accession à la présidence française, le Président Abdelaziz Bouteflika avait plaidé, le 8 mai dernier, en faveur d'une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. Un premier pas dans ce sens est-il franchi hier, avec la prise de fonction de Hollande. Ce dernier avait affiché sa disponibilité à envisager l'histoire sereinement lorsqu'il a rendu hommage aux victimes des massacres d'Octobre 1961 en France.
A Alger, on n'est pas loin de penser que seule une lecture objective de l'Histoire permettra à la France et à l'Algérie de transcender les stigmates d'un passé douloureux. Ce sont les termes utilisés par Bouteflika à Sétif pour prononcer son discours deux jours après l'élection en France du socialiste François Hollande à la présidence de la République.
François Hollande sera-t-il le président français capable de remettre les relations algéro-françaises dans le sens qu'elles auraient dû prendre et garder?
Un nouveau président français, à quelques mois de la célébration du 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, ne laisse pas indifférent, et c'est l'une des raisons qui plaident en faveur de l'adoption de gestes de réconciliation.
A Alger, on ne cache pas les bonnes relations qu'on entretient avec Hollande que ce soit au sein de l'Etat ou des partis. Dès le début du mois, le ton est donné par le patron du FLN, Belkhadem, lequel a estimé qu'il y aura un changement dans les relations franco-algériennes si le candidat socialiste François Hollande était élu président.
Désormais, le doute est dissipé. Il faudrait alors s'attendre à ce que les relations entre Alger et Paris soient plus apaisées et plus denses. D'ailleurs, Hollande s'est préparé à cette éventualité. Il était venu à la fin 2010 à Alger à l'invitation du FLN avec lequel il entretient de bonnes relations. Hollande a laissé entendre que la France officielle reconnaîtra les crimes de la colonisation. Une fois cet obstacle levé, il n'y a pas de raison pour que les relations ne connaissent pas une embellie, dit-on à Alger.
François Hollande est le parfait président qui agira dans ce sens, nous l'espérons. Il est d'accord pour donner à la mémoire une place dans les relations entre les deux pays. En plus de l'Histoire, les deux pays auront à renforcer leur coopération dans le domaine diplomatique car ils sont des voisins et la Méditerranée ne doit pas être perçue en tant que digue qui sépare les peuples voisins, mais plutôt un bassin de paix qui les réunit.
Un avant-goût de cette volonté est donné par la députée et ancienne ministre, Elisabeth Guigou, qui s'était rendue à Alger pour y rencontrer les électeurs français avant le scrutin en France. Mme Guigou a été reçue par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. L'entretien avait porté sur les relations franco-algériennes qu'elle souhaite redéfinir et renforcer. La rencontre n'était pas seulement d'ordre diplomatique. La ministre a condamné la colonisation et fait référence à l'amendement voté en 2005 par l'Assemblée nationale française et auquel le PS s'était opposé. Pour l'ancienne ministre de la Justice, la France s'inspire de ce qu'a fait l'Allemagne avec les pays de l'Est dans la coopération économique, c'est-à-dire concevoir un codéveloppement à une échelle plus large que ses propres frontières.
Mme Guigou a aussi insisté sur la richesse pour la France de ses binationaux. «Nous ne profitons pas assez de cette richesse extraordinaire que sont ces Français qui ont leurs racines ici, par exemple», a-t-elle affirmé. La députée socialiste plaide en faveur d'un développement commun aussi bien culturel qu'économique et social.
Pour ce qui est des mouvements migratoires, la responsable socialiste pense que «ce n'est pas en créant des lignes Maginot en Europe, une forteresse, que nous résoudrons le problème. Pour y arriver, il faut un codéveloppement pour permettre aux personnes de trouver du travail chez elles en Algérie et plus généralement chez elles en Afrique». En fait, elle ne fait que tracer une feuille de route à suivre par Hollande lorsqu'il s'agira
d'améliorer ses relations avec l'Algérie.
Ahmed MESBAH 
L'expression

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