mercredi 9 mai 2012

L’impact de la violence virtuelle sur l’enfant Jeux vidéo : Les consoles supplantent la poupée et le ballon


L’Algérie représente un marché très prometteur pour les grandes firmes électroniques.
De notre temps, les consoles de jeux ont remplacé le ballon et la poupée. Les discussions entre enfants et adolescents ne tournent qu’autour de la dernière version de la Xbox 360, la PlayStation, la PSP ou encore la Nintendo et la DS. Il faut dire que les jeunes Algériens sont à la page concernant ces produits high-tech. Le marché s’est même accommodé de leur désir. Le client a l’embarras du choix, du produit contrefait au produit original. Il suffit juste de mettre le prix, car ces produits coûtent assez cher (entre 8.000 et 50.000 DA). Mais au-delà de la modernité, le respect des tranches d’âge n’existe pas dans la culture du consommateur algérien. Souvent, le client achète un jeu ne correspondant pas à son âge. C’est généralement le cas pour les enfants. Les parents, cédant aux caprices de leurs enfants, leur achètent des jeux non adaptés à leur jeune âge. Ce constat est, d’ailleurs, confirmé lors d’une petite visite dans les magasins spécialisés dans la vente de ces produits. « J’ai promis à mon fils de dix ans, de lui acheter une Xbox s’il obtenait de bons résultats à l’école. Donc, je dois tenir ma promesse », déclare un père de famille. 
Un autre père de famille accompagné par Wassim, son fils de 7 ans, est venu lui acheter une PlayStation. « Depuis qu’il a vu cette console chez son cousin, mon fils n’arrête pas de la réclamer. Au point où j’ai dû économiser plus de 40.000 DA pour la lui offrir », témoigne-t-il. Wassim renchérit de son côté : « Cette console est parfaite pour une partie de foot. Ah ! Je peux choisir n’importe quel joueur. Messi, Villa, Christiano… c’est moi qui vais les guider jusqu’aux buts ». Comme Wassim, ils sont nombreux à vouloir se procurer une PlayStation juste pour pouvoir « téléguider » les « dieux » du football. Les filles aussi ont troqué leurs poupées en chiffon contre la dernière version de la Nintendo ou la PSP. « Avant, j’avais beaucoup de poupées. Mais maintenant, je préfère jouer avec une console », atteste Sarah, une fillette de 12 ans. 
LE CONTRÔLE PARENTAL SOUVENT ABSENT
Parfois, ces enfants et adolescents optent pour des jeux plus violents. Délaissant Super Mario et ses champignons magiques, ils entrent dans le monde de la science fiction par la grande porte. Ils se transforment en « héros » dans des jeux comme Sid Meier’s Alpha Centauri (jeu de gestion et de stratégie en tour par tour. il repose sur une hypothétique colonisation humaine de la planète Chiron, située dans le système d’Alpha du Centaure), Half-Life (le joueur incarne le docteur Gordon Freeman, un théoricien récemment diplômé qui, après des expériences de téléportation qui ont mal tourné, doit se battre contre les créatures extraterrestres) et Civilisation (le joueur est le dirigeant d’une civilisation qu’il devra mener de l’âge de pierre à la conquête spatiale). « J’adore ces jeux. Ils sont magnifiques. C’est vrai qu’ils développent une culture de violence, mais, moi, je les aime bien », dira Abdallah, un adolescent de 15 ans. D’autres enfants, « moins chanceux », comme ils le disent, se contentent d’installer des jeux sur PC. Mais toujours aussi violents. « Depuis que je me suis lancé dans la vente de jeux électroniques, j’ai eu à croiser un nombre assez important de clients. Le plus souvent, il s’agit de parents accompagnés de leurs enfants. Mais ce qui a encore plus attiré mon attention c’est la passivité des parents. 
Ils achètent à leurs enfants des jeux qui ne leur sont pas destinés », soutient Fayçal, un vendeur de jeux vidéo. De leur côté, les parents reconnaissent ce fait. Ils se disent « dépassés par leur progéniture ». « Généralement, les parents sont débordés. Ils achètent à leurs enfants des consoles pour avoir la paix », atteste une mère de famille, rencontrée dans un magasin de jouets. Ahlem abonde dans le même sens. Elle explique qu’entre « le bureau et les responsabilités familiales, elle est souvent excédée. C’est pour cette raison que j’ai acheté la dernière version de la PlayStation pour mon fils. Il y joue avec sans faire de bruit. Ainsi, je peux m’occuper d’autre chose », affirme-t-elle. Hamid reconnaît que ces jeux peuvent avoir un impact négatif sur la personnalité de son gamin, mais il ne peut lui interdire ce que « les autres parents offrent en guise de récompense à leur progéniture ». « J’ai essayé de le dissuader à plusieurs reprises. Mais rien n’y fait. Il a usé de tous les moyens pour me faire céder. Je me suis dit : et puis, achetons-lui cette console. Un jour, il fera la différence entre le bien et le mal », a-t-il estimé.
Rym Boukhalfa

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