vendredi 4 mai 2012

Ouverture des journées nationales de chorégraphie Boléro, regada et flamenco

Même en Alaska, on connaît le boléro. C’est une œuvre très populaire», nous confiait le chorégraphe bulgare, Iliev Konstantin, lundi soir, dans les coulisses du palais de la Culture Moufdi Zakaria à Alger.


Lors de la cérémonie d’ouverture des Journées nationales de chorégraphie qui se poursuivront jusqu’à aujourd’hui, 3 mai. Iliev Konstantin a conçu, à la demande du Ballet national algérien, une danse à partir de l’œuvre majeure du compositeur français, Maurice Ravel. Les danseurs du ballet se sont adaptés à cette chorégraphie néo-classique, eux qui sont habitués à des expressions moins élaborées. Le Ballet national reste figé dans les danses folkloriques, une forme artistique parmi tant d’autres. La reprise ennuyeuse à la fin de la cérémonie de Farha oua zahoua, pour accompagner une danse algéroise, est une autre illustration de cet inquiétant manque d’ouverture au niveau de cette institution culturelle.

Le hawzi ou le chaâbi algérois sont-ils à ce point dépourvus de musiques rythmées ?
La danse algéroise est réduite à celle de la mariée drapée d’un voile blanc qui tourne et qui tourne... Iliev Konstantin s’est débrouillé, comme il a pu, pour amener des danseurs à suivre les articulations cassées et les variations de la danse exécutée sous le rythme invariable du boléro (à l’origine, cette musique à la mélodie circulaire a été créée pour un ballet). Sur scène, la lenteur du geste de certains danseurs était presque visible. Au regard, cela agace, mais, on s’y habitue. Le souci existentiel d’Iliev Konstantin est celui d’opposer la force à la faiblesse, l’oppression à la liberté, la domination à l’émancipation,  la douceur à la brutalité…

«J’ai présenté, ce soir, une nouvelle conception à partir du boléro. La vie et les sentiments internes y sont. Vous y trouvez aussi différents styles et lexiques. Pour les danseurs algériens, c’est une nouvelle manière de danser. Ils sont contents d’y avoir participé», a expliqué Iliev Konstantin, tout en reconnaissant certaines difficultés au début. Iliev Konstantin a ajouté à sa pièce chorégraphique deux morceaux dont un extrait du célèbre Flamma, flamma  du compositeur contemporain belge, Nicolas Lens. Le Ballet national algérien a laissé place ensuite à des compagnies venues du Maroc, de Syrie, de Côte d’Ivoire, de Cuba, de Bulgarie et d’Espagne. La troupe ivoirienne, Djiguiya, qui existe depuis 2000 et qui vient en Algérie pour la première fois, a présenté un spectacle concentré de danses traditionnelles La terre d’espérance. «C’est un spectacle qui évoque les 60 ethnies qui cohabitent en Côte d’Ivoire et qui parlent un seul langage. Le brassage est important. L’Algérie est un bon partenaire.

Cette initiative est excellente. Elle permet de réunir les artistes africains sur la même scène», nous a déclaré Mosso Théodore, directeur artistique de la compagnie, qui est également chorégraphe au Ballet national ivoirien. La troupe Ugarit de Syrie, menée par le jeune Okba Ouakil, a présenté une pièce de danse théâtrale. En tenue traditionnelle, certains danseurs, la mine joyeuse, évoluaient avec un  nay  à la main. «Ce spectacle évoque le vécu à l’époque de l’ancien Cham dans les années 1920. Epoque durant laquelle le vivre-ensemble était une réalité. On célébrait les mariages ensemble, on se réunissait pour préparer des plats. Al Zaman al jamil !», a souligné Okba Ouakil.

La Compagnie marocaine des arts populaires, Noudjoum, dirigée par Kamel Zebdi, a présenté un spectacle en deux petits tableaux, l’un inspiré de la tradition de la région des Chaouis de l’ouest du royaume et l’autre le célèbre reggada (l’Orchestre national de Barbès s’en est inspiré pour faire le célèbre tube alaoui). «Les Algériens adorent le chant et la danse reggada, d’où notre choix. Nous avons voulu exprimer le bonheur qu’ont les paysans lors des saisons de moissons», a expliqué Mohamed Adnani, danseur. Sur scène, les danseurs de Noudjoum portaient un chapeau de paille, vêtus de seroual et munis de faucilles. Pour rappel, la danse alaouie, de l’Ouest algérien, ressemble aux rythmes qui accompagnent le reggada marocain. Le jeune Hector Sanchez, de la compagnie espagnole Murciana, était fier de nous parler de sa troupe.

«C’est l’une des compagnies les plus connues d’Espagne. Nous faisons dans le flamenco, chant et danse», a-t-il dit. Le public nombreux du palais de la culture a réservé un accueil particulier à la troupe espagnole. Il en a été de même pour la compagnie Imawaden Tuffa (Les jeunes de demain, en targui) de Tamanrasset qui a présenté la danse d’allégresse, Tahighet. L’association Essaâda de M’sila, le groupe de danse alaouie de Tlemcen et la troupe de danse moderne de Idami Nouara ont été également invités à présenter des spectacles à la faveur des journées portes ouvertes sur l’art chorégraphique. Une tournée est prévue au niveau national. Une quinzaine de wilayas seront visitées.


 

Fayçal Métaoui

 
 

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