Pour le représentant du gouvernement, l’urgence est de mettre fin aux disparités salariales, tout en accordant la priorité à l’emploi aux jeunes originaires du sud du pays.
Ébranlé par le vent de colère des jeunes chômeurs du Sud, le gouvernement s’attelle depuis à jouer au pompier et, dans le cas échéant, émettre de nouvelles dispositions pouvant garantir, dans l’immédiat surtout, une stabilité et une paix sociale. Dès lors qu’une instruction du Premier ministre est mise en œuvre, tous les départements ministériels sont appelés à la rescousse qui pour appliquer, qui pour faire respecter les clauses. Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, n’a pas laissé passer la rencontre avec les inspecteurs régionaux du travail, qu’il a reçus, hier, au siège de son département, pour expliciter les dernières mesures prises par le Premier ministre et mettre ainsi en branle les services de son département pour assurer un contrôle régulier des opérations de recrutement, avec en prime, le respect des clauses de formation, de recrutement au niveau local… Ainsi, il a, dans un long discours prononcé devant les cadres dépendant de son ministère, réaffirmé l’engagement de l’État algérien à respecter la dimension sociale du travail.
“Les facilitations d’accès au monde du travail ont des répercussions sur la paix et la stabilité sociale”, a indiqué le ministre, qui a mis l’accent, lors de son intervention sur l’aspect social du travail. Sur ce point, il a sommé les intervenants dans tout le circuit, notamment les instances de contrôle et les inspections, à prendre en charge cette dimension qui assurera, a-t-il indiqué, “la stabilité et la paix sociale”.
“Le monopole de certaines activités charrie des dépassements et crée une menace sur la paix sociale”, a encore souligné le ministre, évoquant les disparités salariales et surtout les agences de prestation de services et les entreprises cocontractantes, lesquelles, selon ses dires, “constituent une vraie menace sur la paix sociale”. “L’économique a ses règles. Il faut créer une convergence entre l’économique et le social”, a-t-il encore argumenté pour appuyer ses dires.
Les agences de prestation de services mises à l’index
Tayeb Louh n’y est pas allé par quatre chemins pour désigner le coupable dans le sentiment d’injustice qu’expriment les jeunes chômeurs, du Sud notamment. Pour lui, ces agences de prestation de services et les entreprises cocontractantes “participent beaucoup à ce sentiment d’injustice”, rappelant que tout recrutement doit être signalé à une agence habilitée, et ce, conformément aux articles 18 et 19 de la loi n°04-19 du 25 décembre 2004, relative au placement des travailleurs et au contrôle de l’emploi. Cette loi stipule que “les employeurs sont tenus de notifier à l’agence habilitée, ou à la commune tout emploi vacant dans leurs entreprises et de transmettre à l’agence habilitée les informations relatives aux besoins en main-d’œuvre et aux recrutements effectués”. Le ministre a souligné que, hormis les instances de contrôle et les inspections, les collectivités locales, les services de l’Anem et les services dépendant des autres départements sont appelés à exercer un contrôle régulier sur l’opération de recrutement. Il a évoqué aussi les infractions enregistrées durant l’année 2012, comme la non-déclaration à la Sécurité sociale des travailleurs, le non-respect du droit du travail… Par ailleurs, il a précisé que les dernières mesures pratiques concernant l’instruction du Premier ministre relative à l’emploi dans les wilayas du Sud relèvent que “le système de rémunération appliqué par les sociétés de prestation de services est nettement inférieur à celui en vigueur au niveau des entreprises contractantes pour les mêmes postes de travail”. Pour remédier à cette situation, les mêmes mesures préconisent aux entreprises “une rémunération qui ne saurait être inférieure à 80% de la rémunération servie par le donneur d’ordre pour des postes de travail similaires”. Le ministre a précisé que cette instruction du Premier ministre concerne toutes les entreprises implantées dans le Sud, les ministères de l’Énergie, du Tourisme, de l’Industrie, des Travaux publics et de l’Habitat. L’inspection du Travail est chargée de veiller au respect de l’instruction.
“Il est inadmissible que sous le prétexte d’une liberté économique, des entreprises provoquent un sentiment d’injustice chez les jeunes.” Ce sentiment, a-t-il ajouté, “est l’expression d’un malaise qui pourrait déstabiliser la société”. D’autre part, il a souligné que l’instruction du Premier ministre comprend, en outre, les problématiques liées aux recrutements, des clauses de formation ; sur ce, elle oblige les entreprises donneuses d’ordre “d’inclure systématiquement” des cycles de formation sur site aux candidats présentant des qualifications insuffisantes. Toujours dans le même ordre d’idées, Tayeb Louh a appelé les instances de contrôle et les inspections du travail “à éradiquer ce phénomène et veiller au strict respect de la loi en vigueur”. La sortie médiatique du ministre du Travail se veut aussi un rappel que “l’Algérie s’est engagée sur la voie du respect de cette dimension du travail, et ce, malgré les pressions”. Quelles sont les pressions ? Le ministre n’en dira pas plus.
La priorité à la main-d’œuvre locale
Les opérations de recrutement au Sud telles qu’explicitées par le ministre doivent donner la priorité à la main-d’œuvre locale. “Le principe de recrutement parmi la main-d’œuvre locale est un principe universel”, a indiqué le ministre. “Ce n’est pas l’Algérie qui a inventé ce principe, mais c’est un procédé universellement connu”, a-t-il informé, avant de sommer les responsables locaux à réserver une partie des projets aux jeunes promoteurs.
“Même aux USA, les jeunes promoteurs bénéficient d’une aide, en forme de projets”, a-t-il dit, avant d’ajouter qu’“il faut aider les PME-PMI pour construire des entreprises d’avenir”. À une question de Liberté sur le risque de priver d’autres Algériens de postes de travail dans ces régions, le ministre a estimé que “c’est la loi qui indique cela”. Concernant “le retard” mis dans l’application des lois sur les sociétés de prestation de services et des sociétés cocontractantes, le ministre a indiqué que “la loi existe depuis plusieurs années et qu’il ne faut pas laisser traîner la violation”, d’où “l’urgence de mettre fin à cette forme de crime”.
Liberté
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