lundi 26 mars 2012

Conçue et réalisée entièrement par des étrangers une œuvre sans aucun cachet national

Les responsables du projet de la Grande mosquée d’Alger y voient une triple dimension «religieuse, culturelle et scientifique» et «un témoignage spirituel révélant la culture et les réalisations architecturales de la nation».


Or, force est de constater que cette culture et ces réalisations seront entièrement l’œuvre de compétences étrangères. Abderrahmane Zidane, architecte, trouve ainsi «dommage l’absence d’un team d’architectes algériens qui puisse donner une touche originale au projet». Pour rappel, un bureau d’étude allemand a été choisi pour la phase de la conception, une société chinoise en phase de réalisation, et une canadienne pour l’assistance à la gestion. Dans chacune de ces étapes, «on aurait pu intégrer des partenaires algériens pour qu’on puisse au moins se prévaloir du fait que des Algériens aient participé au projet et lui aient donné un cachet «d’algérianité» dans la conception et la réalisation», estime-t-il. Pour ce qui est du choix du site, on peut s’interroger sur la localisation d’un tel projet «à quelques centaines de mètres de Oued El Harrach», relève l’architecte.

Par ailleurs, plusieurs analyses ont prouvé que le sol sur lequel le projet est bâti «est d’une très mauvaise qualité», mais «des solutions techniques ont pu être trouvées» grâce à des technologies importées, ce qui se répercute forcément sur le coût des études et de la réalisation». Globalement, l’ensemble des honoraires entre étude et suivi se situe autour «de 6% à 8% du coût global du projet» estimé à 1 milliard d’euros. Un chiffre qui paraît «acceptable», selon M. Zidane, compte tenu de la surface utilisée et de l’immensité du projet.

Quant à savoir si cette dépense est justifiée ou pas, l’architecte estime que «si on avait construit ce même projet dans une moindre envergure pour la moitié du montant et utilisé l’autre moitié pour la rénovation par exemple du cœur de La Casbah, ça aurait fait un très beau cadeau pour le 50e anniversaire de l’indépendance». Maintenant, s’il s’agit de «marquer l’islamité» du pays, ce n’était pas nécessaire. Il aurait été plus judicieux de doter les localités «d’antennes de la Protection civile qui puissent intervenir rapidement en cas de catastrophe naturelle», conclut-il.                           

 

Safia Berkouk

 

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