dimanche 15 avril 2012

La 28e édition de Vues d’Afrique dévoile ses couleurs

Anne-Marie PIETTE

C’est mardi qu’avait lieu la conférence de presse dévoilant la programmation des 28e Vues d’Afrique 2012. Le Festival international de cinéma se tiendra du 27 avril au 06 mai, aux salles Radio-Canada et Opus-Montréal du cinéma Excentris; où les festivaliers pourront apprécier une centaine de films Africains, Créoles, et Internationaux. En tout, 39 pays y seront représentés, dont 26 pays de provenance africaine et créole.


Courts et longs métrages, fictions, documentaires; animations, le tout greffé dans des catégories aux noms révélateurs, tels Afrique connexion, Musicafrica ou encore Regards d’ici, qui expose une Afrique et ses diverses réalités du point de vu de réalisateurs et réalisatrices canadiens ou en coproduction.

Le coup d’envoi de cette 28e édition aura lieu au cinéma Impérial, le vendredi 27 avril prochain, sous les couleurs de la Martinique et de son carnaval de Fort-de-France; avec la mitigée comédie 30° Couleurs, de Lucien Jean-Baptiste (La première étoile) et Philippe Larue. Retraçant la vie de Patrick, antillais exilé en France à la brillante carrière d’historien; l’homme coupé de ses traditions, oubliant ses racines, partira d’urgence pour la Martinique, avec sa fille unique, et y débarquera en plein Carnaval, lorsque ce dernier apprendra que sa mère est mourante.

Les films coups de cœur de cette programmation incluent entre-autres MAJID, film marocain de Nassim Abassi. Majid est un enfant de dix ans dont les parents ont péri dans un incendie. Cherchant une photo de ces derniers, il partira en périple vers Casablanca. Prix du meilleur scénario au Festival de Tanger et Faucon d’argent au Festival du film arabe de Rotterdam 2011.

MATIÈRE GRISE (GREY MATTER) de Kivu Ruhorahoza, premier long-métrage tourné au Rwanda par un réalisateur rwandais, raconte l’histoire de Balthazar, jeune réalisateur sur le point de réaliser son premier projet «Le Cycle du Cafard». Fiction sur une jeune femme ayant été victime d’horreurs pendant la guerre, se trouvant internée dans le même hôpital qu’un homme devenu fou après avoir commis des meurtres durant cette même période. Images et propos percutants.

BRÛLEURS, court métrage Algérien de Farid Bentoumi. «Amine filme des souvenirs de sa ville et des images de ses proches. Ensemble, ils montent sur une barque pour traverser la Méditerranée.»

À surveiller également, MKHOBBI FI KOBBA (SOUBRESAUTS), court métrage de Leyla Bouzid, coproduction France-Tunisie. «Dans ces grandes maisons vides de la petite bourgeoisie tunisienne, quand un drame survient, on le cache.»

LAÏCITÉ INCH’ALLAH, documentaire France-Tunisie de Nadia El Fani (mention spéciale 2002 à Vues d’Afrique pour son film Bedwin Hacker). «Août 2010, en plein Ramadan, sous Ben Ali, la réalisatrice filme une Tunisie qui semble ouverte au principe de liberté de conscience et à son rapport à l’Islam. Trois mois plus tard, en pleine révolution Tunisienne, le pays est à nouveau un laboratoire quant à sa vision religieuse. Et si, pour une fois, par la volonté du peuple, un pays musulman optait pour une constitution laïque?»

POLY-AMOUR, documentaire camerounais de Ken Ervy Patoudem nous plongeant dans l’univers particulier d’une famille polygame d’Afrique comportant dix-sept enfants. Bien loin de la fiction que nous offrait la chaîne américaine HBO et son Big Love; ici, polygames, historiens, anthropologues, sociologues, hommes d’église, et autorités administratives; dressent un rapport de l’impact qu’a la polygamie sur le développement social et économique d’un pays.

TAZA, long métrage de fiction canadien, réalisé par Daniel Gervais. Un homme abandonne femme et enfant pour aller mourir dans une grotte des montagnes de Bab-Boudir, au Maroc. Après sept ans, et de toute évidence toujours en vie, il reviendra dans son village où il découvrira une ex-conjointe décédée et une enfant absente.

NORMAL!, film Algérien de Merzak Allouache sur la désillusion de la jeunesse algérienne, qui a reçu le prix du meilleur long métrage arabe au festival Doha-Tribeca 2011.

LA FRANCE QUI SE LÈVE TÔT, court métrage du français Hugo Chesnard aux allures d’opérette sociale, et tiré de faits réels survenus à Paris, à l’été 2006.

TAXI SISTER, court métrage documentaire Suède-Sénégal de Thérésa Traoré Dahlberg. «Sur quinze mille chauffeurs de taxi à Dakar, seulement quinze sont des femmes», dont Bourry, qui ne l’a pas toujours facile. Critiques quotidiennes du sexe opposé, la manière dont elle a choisi de gagner sa vie ne fait pas l’unanimité.

TOILE D’ARAIGNÉE, long métrage malien adapté du roman portant le même nom, écrit par Ibrahima Ly alors qu’il était en détention et que le Mali était dirigé par la junte militaire. Mariama, une adolescente de dix-sept ans, y refusera le vieux mari que veut lui imposer son père, tandis que Yoro, politicien idéaliste, s’opposera au pouvoir en place; tous deux goûteront au milieu carcéral et aux abus de pouvoir.

LES ÉTATS-UNIS D’AFRIQUE, film hors compétition du canadien Yanick Létourneau (Prix de la critique et de la Cinémathèque Québécoise aux RIDM 2011) sera quant à lui projeté gratuitement dans le cadre des Soirées Radio-Canada, le jeudi 03 mai prochain. Une épopée musicale et politique voyageant à travers une quarantaine de pays et collaborant avec des artistes hip-hop engagés tels que Smockey (Burkina Faso), M1 du groupe Dead Prez (États-Unis) et ZuluBoy (Afrique du Sud).

Soirée de clôture et remise des prix au cinéma Excentris le samedi 05 mai prochain, avec la projection du long métrage SUR LA PLANCHE, Maroc / France / Allemagne (Sélection Quinzaine des réalisateurs, Cannes 2011, Grand prix Festival national du film de Tanger 2012), en présence de la réalisatrice et documentariste Leila Kilani (Nos lieux interdits). À Tanger, quatre jeunes femmes de vingt ans travaillent pour survivre le jour et vivent la nuit. Elles sont ouvrières réparties en deux castes : les textiles et les crevettes. Leur obsession : bouger. «Elles sont les personnages d’un film noir sous les auspices conflictuels du rêve du mondialisme.»

La bande-annonce de cette 28e édition, réalisée par Charlotte Beaudoin Pelletier et produite par Benoit Rodrigue expose une carte du Québec se voyant mutée en continent africain, sur le rythme des tam-tams, le tout dans une jolie hybridation de formes et de couleurs.

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