dimanche 15 avril 2012

Scènes et estrades

Notre jeunesse recèle un formidable potentiel artistique. Assez régulièrement, parviennent, de ci, de là, et dans toutes les disciplines, des nouvelles nous le confirmant. On nous signale des talents. Nous en entendons parler. Nous en rencontrons. Ils se fraient des chemins difficiles. Bien sûr, l’art est toujours difficile. Dans notre pays, où la vie culturelle a connu une reprise marquée, ses «inputs» (pour emprunter ce terme d’économie) manquent encore, soit tout ce qui vient en amont ou en accompagnement de l’acte artistique : lieux de répétition et d’expression, aides à la création ou à la diffusion, etc.

Certes, les scènes accordent aux jeunes plus de place que par le passé. Mais ils doivent surtout compter sur leur détermination et des tonnes de débrouillardise pour s’accrocher aux vocations qui éclairent leurs vies. Dans les arts visuels, on en voit poindre, grattant aux portes des galeries, musées et autres lieux. On en compte aussi quelques-uns qui entament de belles aventures littéraires. Dans la musique, ils créent des groupes créatifs ou s’épanouissent dans les expressions anciennes. Le cinéma, quant à lui, a vu naître une nouvelle génération, porteuse de visions fraîches et étonnantes. Bref, ils sont là et tentent de faire voir, entendre ou lire ce que leurs douleurs, espoirs et pensées transmutent en créations.

Quand ils n’ont pas pris la «grosse tête», comme certains d’entre eux, hélas déjà inoculés par le virus de l’immodestie, ils reconnaissent volontiers leur besoin de se parfaire. Comme partout ailleurs, deux voies s’offrent à eux : la formation dite académique et l’apprentissage pratique. Dans la première, dispensée par les écoles d’art, il devient évident que l’on ne peut plus se passer d’un recrutement international d’appoint en professeurs (dont des Algériens travaillant à l’étranger), pour enseigner mais aussi assurer la formation de formateurs. C’est qu’il y a eu, entre-temps, cette terrible décennie qui a empêché une transmission «naturelle» entre générations. Et les professeurs qui sont restés sont eux-mêmes sollicités en tant qu’artistes. Quant à l’apprentissage, il demeure dépendant de l’intégration de stagiaires dans les productions et projets, particulièrement dans le cinéma et le théâtre.

On voit se multiplier les master-class à la faveur des manifestations artistiques. Mais cette excellente pratique semble prendre le chemin de l’alibi. Il faut imaginer des master-class ou des stages hors manifestations, comme le Festival de la BD d’Alger ou les Rencontres de Béjaïa en ont pris la piste, entre leurs éditions, pour en montrer le résultat durant les éditions.
Alger va être dotée d’un Opéra de 5000 places. A-t-on idée du nombre d’artistes et de techniciens qu’un tel mastodonte culturel doit mobiliser et de la diversité des métiers qu’il suppose ? Les Chinois nous l’ont offert mais, en principe, nous devrions le gérer. Avec qui ? Car ils construisent plus vite que nous formons !

Ameziane Farhani

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