L'Insee rapporte cinq trimestres consécutifs de croissance nulle, et un chômage qui s'envole.
La France semble s’installer durablement dans une période de stagnation économique, avec un enchaînement inédit de cinq trimestres consécutifs de croissance zéro et un chômage qui continue de s’envoler, selon l’Insee qui a révisé jeudi à la baisse sa prévision pour 2012.
L’Institut national de la statistique et des études économiques table désormais sur une croissance de 0,2% sur l’ensemble de l’année, contre 0,4% dans ses précédentes prévisions publiées fin juin. C’est moins bien que les 0,3% escomptés par le gouvernement pour ramener le déficit public de la France à 4,5% du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’année.
L'économie française est «à l’arrêt», a résumé le chef du département de la conjoncture de l’Insee, Cédric Audenis. Cela signifie, a-t-il précisé à la presse, que «ce n’est pas "en avant" comme aux Etats-Unis, mais ce n’est pas non plus "en arrière" comme l’ensemble de la zone euro», entrée en récession.
Dans le détail en effet, la France continuerait d'échapper à la récession. Le PIB continuerait de stagner aux troisième et quatrième trimestres (contre +0,1% puis +0,2% prévus en juin), ce qui porterait à cinq le nombre de trimestres consécutifs de croissance zéro, une situation totalement inédite depuis l’après-guerre.
Si ce scénario se confirme, l'économie française commencerait l’année suivante sans aucun élan. «Il faudrait par exemple 0,3% de croissance trimestrielle pendant toute l’année 2013 pour arriver à une croissance annuelle de 0,8%» comme l’espère le gouvernement, a calculé Cédric Audenis.
En attendant, en 2012, l'économie va continuer de détruire des emplois: 67.000 emplois marchands non agricoles en moins au second semestre. C’est beaucoup, même si «l’emploi privé se comporte mieux que ce qu’on pourrait prévoir compte tenu de la situation économique», assure Cédric Audenis.
Le chômage passerait le cap des 10%
Le taux de chômage va donc franchir le cap symbolique des 10% de la population active en France métropolitaine pour la première fois depuis mi-1999. Il passera de 9,7% au deuxième trimestre à 10% au troisième puis 10,2% en fin d’année (de 10,2% à 10,4% puis 10,6% en intégrant l’Outre-Mer).
La dégradation sur le front de l’emploi, conjuguée à la flambée des prix energétiques et aux hausses d’impôts décidées pour cette année par l’ancienne et l’actuelle majorité vont amputer le pouvoir d’achat des ménages.
Calculé par unités de consommation, c’est-à-dire au plus près du ressenti des Français, le pouvoir d’achat va fléchir de 1,1% en 2012, après une légère baisse de 0,1% en 2011. Et ce, malgré le coup de pouce au Smic et l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire.
Toutefois, les ménages devraient compenser cette baisse du pouvoir d’achat en réduisant leur taux d'épargne, de 16,4% au deuxième trimestre à 15,1% en fin d’année. Cela devrait permettre à la consommation de résister tant bien que mal.
De son côté, l’investissement des entreprises devrait diminuer de 0,4% au troisième trimestre puis de 0,7% au quatrième, «du fait principalement de la faiblesse des débouchés», explique l’Insee. Le taux de marge des entreprises devrait, lui, retomber à 27,9% à la fin de l’année, un des niveaux les plus bas au cours des trente dernières années.
Enfin, «les exportations caleraient» d’ici la fin 2012, dans un contexte international «peu porteur», avec une contraction des échanges mondiaux.
Dans ce contexte plombé, le salut pourrait venir d’une solution à la crise de la zone euro: un apaisement «durable» des tensions sur les dettes espagnole et italienne «serait de nature à permettre un redémarrage de l’activité, notamment de l’investissement», a estimé Jean-François Ouvrard, chef de la division synthèse conjoncturelle de l’Insee.
(AFP)
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