L’établissement Arts et Culture a initié, sous la houlette d’une équipe dynamique de jeunes et ce dans le cadre de son programme hebdomadaire de rencontres littéraires
L’établissement Arts et Culture a initié, sous la houlette d’une équipe dynamique de jeunes et ce dans le cadre de son programme hebdomadaire de rencontres littéraires, un ambitieux projet de lecture théâtrale avec le public algérois qui sera, une fois n’est pas coutume, convié à assister à travers toutes les communes que compte la ville d’Alger à la représentation d’une pièce adaptée en arabe dialectal avec l’introduction de courts passages du texte original d’un célèbre auteur turque du XXe siècle.
C’est le jeune Mohamed Walid Grine, qui n’est autre que le digne fils de l’écrivain —qui suit ainsi tout naturellement les traces de son père — qui est à l’origine de ce projet original de lecture littéraire avec l’intention fort louable de perpétuer la tradition de leurs ainés pour promouvoir chez le jeune public le goût de la littérature en allant sur le terrain se produire sur les scènes des centres culturels deux ou trois fois par mois. La pièce interprétée par six personnages, mardi dernier au centre culturel d’El Biar, ne prétendant pas faire une représentation théâtrale classique est une simple lecture d’une œuvre intitulée Nhar Qussit Chlaghmi de l’écrivain turc Omer Seyettin, un brin provocatrice et titillant les codes sociaux très tenaces dans les sociétés musulmanes. Adaptée d’un recueil de nouvelles, le court texte, dont le jeune Mohamed Walid Grine joue sur la scène le narrateur, à savoir celui qui raconte l’histoire pendant que le protagoniste principal interprète son double, interpelle le public sur un fait de société qui perdure encore par-delà les époques. En effet, le personnage principal décide pour imiter les occidentaux de se couper les moustaches, juste pour se distinguer de ses congénères stambouliotes parce que cela fait chic. L’auteur, qui était considéré dans son époque comme le Maupassant turc, situe son histoire dans le contexte d’une société aux mœurs conservatrices où le fait de se couper la moustache est le symbole de la perte de la virilité. La pièce montre comment, à travers les personnages des parents, de l’ami et de l’imam, tout l’entourage du narrateur réagit de manière différente en fonction de la mentalité des uns et des autres. Cette adaptation qui est écrite dans un arabe dialectal prenant et communicatif permet d’interagir avec le public, d’autant que le texte original que notre jeune auteur, titulaire d’un magister en traduction, a travaillé sur un style très simple tentant d’attirer l’attention du spectateur sur une réalité sociale qui ne devrait plus avoir cours. La morale de l’histoire étant que le fait de se couper la moustache ne signifie en aucune façon la perte de la virilité mais le geste qui pouvait apparaitre dans la société stambouliote comme scandaleux et catastrophique était pour un homme tout à fait anodin et banal. Le message que voudrait véhiculer cette troupe est celui de transmettre une parole de tolérance et de respect de la diversité des idées et de la différence. A remarquer que ce jeune auteur montre un intérêt certain pour tout ce qui a trait au domaine littéraire et à la traduction d’auteur comme Dino Buzzati, Edgar Allan Poe et surtout Maupassant. En faisant adaptant les dialogues en arabe algérien, il donne au texte initial plus de crédibilité et de réalisme surtout si l’on tient compte de l’itinéraire de cet auteur turque dont le texte des nouvelles a été découvert par ce jeune metteur en scène pendant ses vacances en Turquie. Le parcours d’un écrivain de talent qui s’était engagé dans l’armée pour se tourner vers l’écriture de textes au style fluide qui parlent des classes moyennes et du statut des femmes avec une littérature sans fards ni artifices dans une langue que tout au long de son existence — de 1884 à 1929 — il avait en véritable précurseur voulu moderniser.
Lynda Graba
Lynda Graba
EL MOUDJAHID
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