mercredi 31 octobre 2012

M. Laksaci incite les banques à soutenir une croissance hors hydrocarbures à deux chiffres


Le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA) a appelé mardi à Alger les banques commerciales exerçant en Algérie à accompagner le pays dans sa démarche vers une croissance hors hydrocarbures durable qu’il estime réalisable à deux chiffres.
"Une croissance hors hydrocarbures à deux chiffres est possible en Algérie et sans recours aux financements extérieurs. Il faut puiser dans l’épargne nationale mais il faut aussi que les banques commerciales jouent efficacement leur rôle en tant qu’intermédiaires financières", a-t-il préconisé lors de sa réponse aux questions des députés concernant le rapport sur les indicateurs monétaires et financiers de 2011.
Les banques activant en Algérie devraient ainsi "s’impliquer dans le financement de l’investissement et du logement surtout que l’épargne des ménages est très élevée", a-t-il recommandé. Il a annoncé que la BA venait de lancer une étude pour définir le taux de croissance hors hydrocarbures potentiel en Algérie.
Le gouverneur n’a pas manqué de rappeler que "l’Etat algérien a été le premier agent économique à donner l’exemple en matière d’absorption de l’épargne à travers l’investissement et le paiement anticipé de la dette extérieure".
Cette démarche a "fortement contribué à la stabilité macro-économique du pays et a permis une croissance hors hydrocarbures à plus de 9%" en 2010, s’est-il réjoui.
Sur la gestion des réserves de change, évoquée lors des débats, M. Laksaci a expliqué que la diversification des natures de placements de ces réserves, suggérée par certains députés, "est possible à long terme mais pas dans la conjoncture financière internationale actuelle".
Le non recours par l’Algérie aux placements commerciaux à l’international, pourtant très rentables, est "justifié par le souci de réduire les risques sur ses réserves", a-t-il argué.
Environ 64% des placements des réserves de change de l’Algérie, actuellement à plus de 190 milliards de dollars, sont investis en bons souverains, 14,9% en bons gouvernementaux et 8% dans une institution financière internationale, a-t-il détaillé.
Evoquant le système de flottement dirigé du taux de change du dinar, critiqué par certains députés, il a souligné que l’équilibre du taux de change effectif réel du dinar était un élément fondamental de la programmation financière et monétaire chapotée par la BA et un facteur de confiance pour les investisseurs étranger, car il leur facilite l’analyse des prix.
En outre, la crise internationale a montré que l’intervention des banques centrales au niveau du marché interbancaire de change était nécessaire, a-t-il ajouté.
Quant à la question du marché parallèle des devises, soulevée avec récurrence par les membres de l’APN, M. Laksaci a insisté sur l’aspect illégal et frauduleux du marché parallèle des changes en annonçant des incitations futures au profit des bureaux de change exerçant en Algérie.
Condamnant les "transactions illicites qui se font au niveau du marché parallèle des devises et qui encouragent la fuite des capitaux et l’évasion fiscale", M. Laksaci a annoncé des "mesures incitatives" au profit des bureaux de change et aux ménages pour les inciter à recourir au marché légal des devises.
Les ménages profiteront, à titre d’exemple, d’incitations relatives à la "convertibilité courante du dinar", donc au droit de change, a-t-il dit sans donner plus de détails.
Quant aux bureaux de changes dont l’activité est régie par deux directives de la BA (08-96 et 13-79), ils doivent bénéficier prochainement d’un "relèvement de la marge de rémunération (sur les commissions) estimée actuellement à 1%", selon le gouverneur.
Par ailleurs, le taux d’inflation, un autre indicateur financier qui a fortement préoccupé les députés, ne devrait pas être réduit à la mesure de l’indice des prix à la consommation car ce sont deux choses distinctes, selon le gouverneur.
"L’inflation calculée par l’ONS n’est pas l’inflation qui est surtout due à l’évolution de la masse monétaire. Durant le premier semestre 2012 nous avons assisté à une hausse de l’indice des prix à la consommation mais à une contraction de la masse monétaire", a-t-il fait remarquer.
Cette baisse est "un indicateur positif qui réduit l’inflation monétaire", a-t-il soutenu en précisant que l’évolution de la masse monétaire contribuait à hauteur de 61% au taux d’inflation.
Outre les prix à la consommation et le dysfonctionnement du marché, la hausse des réserves de change et des crédits à l’économie alimente donc l’inflation en Algérie, a-t-il souligné.
Evoquant le système de paiement bancaire moderne, introduit en Algérie depuis 2006, M. Laksaci a fait un franc constat d’échec.
"Depuis l’introduction du nouveau système de paiement, la demande sur le cash s’est emballée, c’est contradictoire et nous ne nous attendions pas à cela (à.) c’est peut être un phénomène socioculturel", a-t-il reconnu.
M. Laksaci a annoncé au passage que les billets vétustes de 200 DA, émis depuis 1983, seront entièrement absorbés de la circulation par banque d’Algérie avant la fin de l’année.
Prenant la parole à son tour, le président de l’APN Mohamed Larbi Ould Khelifa s’est réjoui des indicateurs macroéconomiques contenus dans le rapport de conjoncture de la BA, présenté lundi aux députés ainsi que des performances du secteur bancaire.
Il a également salué la politique de désendettement menée par l’Algérie depuis une dizaine d’année parallèlement avec une politique prudentielle de gestion des réserves de change.
APS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire