mercredi 8 février 2012

Certificat de complaisance ?

Y aura-t-il réellement un printemps algérien le jour des élections législatives de mai prochain ? La question retient l’attention des nationaux, mais aussi de tous les observateurs politiques, notamment les superpuissances qui ont tenu à faire savoir publiquement leur vif intérêt à la conduite des réformes politiques promises par le pouvoir en place à l’effet de permettre au pays de se mettre au diapason des changements démocratiques dans la région. Ainsi, Alger devient mutatis mutandis cette autre capitale des pays d’Afrique du Nord à être mis en demeure de souscrire aux changements des régimes induits par les révoltes du Monde arabe.

Mais selon toute vraisemblance, l’exercice semble n’être pas aussi facile qu’il l’a été durant toutes ces dernières années où les pouvoirs successifs n’ont jamais été inquiétés, depuis la parenthèse démocratique des années 1990, d’avoir fomenté des coups de force électoraux à chaque consultation populaire. Il y a lieu de dire que jusqu’à présent, les autorités algériennes accusent un déficit criant en termes de crédibilité eu égard à la manière irrespectueuse des usages démocratiques, dont elles ont fait preuve depuis la promesse du 15 avril de conduire à bon port, tel un bateau ivre, des réformes politiques des plus incertaines. Et les observateurs internationaux devront avoir du mal normalement à délivrer cette fois-ci des certificats de complaisance. Bref, plus près de nous : comment interpréter l’action d’un pouvoir qui, tout en cherchant à crédibiliser sa démarche, ne consent pourtant pas à associer les partis politiques divers en tant que partenaires, parce qu’artisans des changements démocratiques exigés par la nouvelle donne régionale ?

On le sait, l’Exécutif reste obnubilé par ce que pourraient en penser les capitales occidentales. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a dû déployer une énergie qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors à l’effet de convaincre ses partenaires européens et américains sur l’exception algérienne. La délégation de l’Union européenne, qui est actuellement à Alger pour s’enquérir des conditions de préparation du scrutin du mois de mai, sera-t-elle en mesure de plaider la transparence du prochain scrutin ? La question reste entièrement posée du fait simplement que les expériences passées en Algérie comme ailleurs, en Tunisie par exemple, ont montré à quel point les constats émis sur la situation politique étaient loin de la réalité. Un exemple s’il en est : l’Algérie vient enfin de concéder un accord sur la Politique européenne de voisinage (PEV) comme pour faire preuve de sa bonne volonté d’œuvrer pour la démocratisation du régime. Une PEV que le dictateur déchu Ben Ali s’était d’ailleurs empressé lui-même de mettre en œuvre. Simple rappel.

Ali Benyahia

 

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