jeudi 9 février 2012

industrie-automobile-en-algerie-2012

Les critères de la compétitivité de l'industrie automobile - La relance et le développement de l'industrie automobile en Algérie est une décision stratégique. Elle est l'activité structurante de l'économie, par excellence. Partout, elle a permis la création de très nombreuses PME et des dizaines de milliers d'emplois. Aux états- unis, à l'heure du «capitalisme financier», c'est par le biais de ce secteur industriel que se dessine, aujourd'hui, la sortie de la crise.

Cette industrie permet le développement de la technologie dans les filières de la mécanique, la transformation des métaux, la plasturgie, les textiles à usages techniques, l'électronique, les câblages, le verre, et enfin elle impose la veille technologique et l'innovation. C'est dire si l'enjeu est de taille pour notre pays.

Sa production ne concerne pas seulement les voitures particulières, les poids lourds et les autobus, mais elle englobe la production de véhicules spéciaux (pour les collectivités,..) , blindés, de secours, les motocycles, et les véhicules de loisirs (caravanes et camping cars). Ceci, en plus des passerelles qui existent avec les industries navale et aéronautique.

L'Algérie qui a vu son expérience freinée pendant près de trois décennies, garde de nombreux atouts à faire valoir, pour relancer son industrie, mais elle doit pallier rapidement aux insuffisances structurelles qui la caractérisent, et pour ce faire, elle doit :

- placer la petite entreprise au coeur de son dispositif stratégique et concentrer ses efforts sur son développement.

- combler les maillons manquants de sa chaîene de production.

- planifier son positionnement à l'international, et sa compétitivité externe par des politiques commerciales audacieuses.

Nous consacrerons cette contribution à la description du rôle que jouent les différents intervenants de la chaîene de production et nous insisterons sur l'impact de l'organisation industrielle sur la compétitivité.

Développer l'industrie de l'automobile en Algérie n'est pas une tâche facile. Elle doit intégrer un marché très concurrentiel, qui connaîet une accélération des évolutions de la demande vers des véhicules de plus faible coût et à moindre impact écologique.

La tâche n'est pas simple, mais elle n'est pas impossible non plus, l'exemple de la Turquie est sans doute intéressant à méditer. Situé en Méditerranée, ce pays a développé son industrie automobile, assez récemment.

Les constructeurs y ont installé des unités d'assemblage, les emplois créés y ont dépassé les 600 000. Et en quelques années, cette industrie a réussi le passage d'une production orientée vers la satisfaction des besoins nationaux, pour devenir un centre de production à vocation mondiale.

Le gouvernement algérien a engagé des négociations avec de grands constructeurs européens (Renault, Volkswagen, ..), pour les amener à installer des usines d'assemblage en Algérie.

Le processus avance à un bon rythme, selon la communication officielle, et l'aboutissement sera une bonne nouvelle en soi, mais le chemin qui restera à parcourir est long et semé d'embûches. L'objectif reste la création massive d'emplois, l'acquisition d'une capacité technologique, et de «savoir faire».

L'installation des grands constructeurs ne suffira pas, c'est l'arrivée des équipementiers, c'est-à-dire les sous- traitants de premier rang (exemple Valéo, Bosch, Faurecia, etc...), qui apportera ce «plus» recherché.

Ce sont eux qui fabriquent les différents systèmes qui composent un véhicule. Ils assemblent les pièces fournies par les sous-traitants de rangs inférieurs. Ce sont les équipementiers qui réalisent l'investissement en R&D. Ils constituent, en fait, le maillon essentiel de la chaîene de sous-traitance.

Les constructeurs, quant à eux, se limitent à la conception (design), l'assemblage d'éléments complets du véhicule, le contrôle de la qualité et la distribution. Ils incluent, dans certains cas, la production directe de composants qu'ils estiment stratégiques tels que les moteurs.

Or, ces équipementiers sont courtisés par tous les pays émergents : C'est la course à qui proposera les meilleures conditions d'attractivité. La question qui se pose est la suivante : Allons- nous arriver à convaincre suffisamment d'équipementiers à venir s'installer en Algérie ?

Est- ce que nos dispositifs sont assez attractifs ? Car non seulement il faut qu'ils viennent, mais il faut qu'ils soient suffisamment nombreux dans chaque filière pour que les règles de la concurrence puissent jouer. La partie n'est pas gagnée, les expériences de nos voisins du Maghreb sont assez instructives pour que l'on s'y intéresse.

Ce sont les réponses que nous apporterons à ces questions qui détermineront l'avenir de l'industrie automobile en Algérie.

Mis à part cet aspect qui relève de la stratégie globale des pouvoirs publics, intéressons- nous aux autres aspects qui conditionnent l'émergence d'une véritable industrie automobile.

La littérature disponible sur ce sujet indique que toutes les expériences ne sont pas identiques, mais qu'elles se rejoignent sur les éléments suivants :

- La place centrale de la PME (privée).

- La sous-traitance industrielle.

- L'agglomération des entreprises industrielles.

- L'organisation des PME en réseaux.

- L'innovation.

I - La place centrale de la PME.

On a souvent tendance à sous- estimer le potentiel de nos PME et TPE (toutes petites entreprises), ceci procède pour certains, plus du mépris de soi que de la réalité.

Quand on observe de près ces entités, et particulièrement le profil de " l'entrepreneur ", c'est-à-dire la personne qui en constitue le moteur, nous nous apercevons qu'il présente les mêmes caractéristiques que ses homologues des autres pays :

- Esprit entrepreneurial.

- Volonté de se dépasser.

- Implication totale dans l'entreprise.

- Etc.

Après la seconde guerre mondiale, les Japonais ont longtemps considéré qu'ils avaient un réel problème avec les PME. Elles ressemblaient plus à des ateliers artisanaux qu'à des usines.

Elles avaient un équipement basique, parfois obsolète. Mais une fois qu'elles ont été encadrées par les grands groupes industriels, et intégrées dans leurs stratégies, elles sont devenues, en quelques années, de véritables moteurs de croissance.

Et même, les liens paternalistes entre employeurs et employés, caractéristiques des sociétés archaïques, sont devenus des facteurs de mobilisation des énergies.

En Algérie, Les dispositifs ANSEJ et CNAC, sont à même de favoriser la création d'entreprises par de jeunes technologues, sortis des universités et des centres de formation professionnelle.

Les cadres des entreprises, qui n'ont pu développer des innovations parce que le cadre qui leur a été offert là où ils travaillent s'est avéré étroit, peuvent être intéressés par une expérience personnelle.

L'encouragement et le soutien aux investisseurs nationaux désireux de développer des partenariats gagnant- gagnant, avec des équipementiers de 1er rang.

Ce sont ces entités nouvelles, ajoutées à celles qui existent déjà, agissant en cohérence, qui feront la relance de l'industrie automobile en Algérie, et son intégration dans les chaines de valeurs mondialisées.

II- La sous-traitance industrielle.

Alors que les gains de production de cette industrie reposaient, jusque dans les années 70, sur l'accroissement permanent de la production de véhicules (avec un système d'organisation de la production connu sous le nom de "Fordisme"), la saturation des marchés a engendré un bouleversement des stratégies commerciales.

Le nouvel environnement concurrentiel a imposé la sous-traitance comme une composante centrale de la réorganisation de production.

Elle se base sur la redéfinition des opérations considérées comme le «coeur de métier», les activités «susceptibles d'être sous-traitées» et l'apport des fournisseurs extérieurs. Ce bouleversement a entraîené deux événements fondamentaux:

a- La «mondialisation» de l'industrie: Une planification mondialisée, les délocalisations et la spécialisation de la production à grande échelle.

b-- L'avènement de nouveaux facteurs concurrentiels : la qualité et la diversification de la production.

Comment s'organise la sous-traitance dans le secteur de l'automobile ?

La sous-traitance dans le secteur de l'automobile s'organise selon une forme pyramidale. C'est une structure hiérarchique à quatre étages :

1- Les constructeurs /donneurs d'ordres: Ils assument la responsabilité de la conception (design), l'assemblage d'éléments complets du véhicule, le contrôle de la qualité et la distribution.

2- Les équipementiers de rang 1 : Ils réalisent intégralement des systèmes. Ils assemblent les pièces fournies par les sous-traitants de rangs inférieurs. Il leur revient le soin de réaliser l'investissement en R&D.

3- Les sous- traitants de rang 2 : regroupent des entreprises de taille et de positionnement très variés, à savoir des équipementiers, des fournisseurs de sous-ensembles, des sous-traitants de spécialité et de capacité dans des secteurs d'activité de dynamiques différentes.

4- Les sous- traitants de rang 3 : Ce sont des sous-traitants de sous-traitants de spécialité ou d'intégrateurs de sous-ensembles. Ils fournissent des composants intégrant des sous-ensembles montés par des rangs 2. Ces entreprises sont positionnées sur des activités à faible valeur ajoutée.

Par Hassan Rachedi

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